Petite histoire des parcs nationaux du Canada

Chapitre 2
Expansion vers l'Ouest (1900 à 1981)

Introduction

L'esprit d'entreprise de la Compagnie de chemins de fer Canadien Pacifique a contribué dans une large mesure à faire connaître assez tôt le parc des Montagnes-Rocheuses et son principal centre de villégiature, Banff. Pendant les 25 premières années, le parc national qui sera connu plus tard sous le nom de Banff n'était accessible que par chemin de fer. Avec les revenus qu'elle a tirés de la vente des terres, la compagnie a érigé des hôtels à des endroits stratégiques le long de la ligne de chemin de fer traversant les montagnes Rocheuses et les monts Selkirk. Elle a aussi mené une campagne publicitaire par laquelle elle a fait valoir non seulement la somptuosité de ses hôtels, mais aussi la magnificence de leur cadre naturel. L'accroissement du nombre de visiteurs a eu vite fait de placer les Canadiens devant l'inéluctable: un parc de 673 km2 ne pouvait plus répondre aux besoins d'une population en plein essor. À mesure que cette réalité a été reconnue, on a créé un réseau de régions nationales qui, vers le milieu du siècle, s'étendait de l'Atlantique presque jusqu'au Pacifique, afin de donner aux Canadiens un plus grand nombre de parcs plus vastes.

Comme on l'a déjà signalé dans le premier chapitre, on avait créé des réserves forestières ou des parcs le long de la ligne de chemin de fer du Canadien Pacifique à l'ouest de Banff, au lac Louise, à Field et à Glacier; aux lacs Waterton dans la partie sud-ouest actuelle de l'Alberta d'aujourd'hui et à Jasper le long de la ligne de chemin de fer projetée par le Grand Tronc. Ces réserves et le parc des Montagnes-Rocheuses ont formé le noyau du réseau des parcs nationaux du Canada. En 1912, l'automobile sous ses différentes formes remplaçait le cheval comme moyen de transport local et les premiers automobilistes dont l'esprit d'aventure était assez poussé ont exercé une profonde influence sur le mouvement en faveur de l'extension des parcs au Canada. Dans les pages suivantes on donnera des précisions sur les faits qui ont présidé à l'agrandissement des anciennes réserves, à leur désignation comme parcs nationaux et à la fondation de nouveaux parcs mettant en valeur la faune variée et unique du Canada dans les régions les plus remarquables du pays.

Gare et hôtel Glacier House
Gare et hôtel Glacier House, Chemins de fer du Canadian


Le parc national de Banff

Avant la fin du XIXe siècle, on incitait le gouvernement fédéral à accroître la superficie du parc national. Au début de janvier 1899, A.E. Cross, de Calgary, membre de l'Assemblée législative pour les Territoires du Nord-Ouest, écrivait à l'honorable Clifford Sifton, ministre de l'Intérieur, et attirait son attention sur la disparition du gros gibier dans les Territoires. Il suggérait d'agrandir le parc des Montagnes-Rocheuses et d'y inclure les terres situées au nord du chemin de fer Canadien Pacifique et au sud du chemin de fer du col du Nid du corbeau et de l'étendre vers l'est du sommet jusqu'au pied des montagnes Rocheuses.1 Selon toute apparence, Cross s'était assuré qu'on appuierait sa proposition, car le 25 février, Arthur L. Sifton, de Calgary, écrivait au ministre et proposait à son tour de reculer les limites du parc. Il avait joint une description des terres qui, d'après lui, devaient être comprises dans cet agrandissement. Ces terres étaient situées au sud du canton 34 entre la limite ouest du rang 7 et la frontière de la Colombie-Britannique.2

Dans son rapport annuel de 1898, le directeur du parc, Howard Douglas avait recommandé qu'on augmente la superficie du parc. Il s'est joint aux défenseurs du projet d'expansion en écrivant une longue lettre au ministre, le 23 mars 1899. Il comparait la superficie insignifiante du parc des Montagnes-Rocheuses (673 km2) à celle du parc national Yellowstone aux États-Unis (7770 km2) et à celles du nouveau parc Algonquin (1893) et du parc des Laurentides (1895), parcs provinciaux de l'Ontario et du Québec mesurant plus de 4662 km2 chacun.3 Il signalait aussi que de 1895 à 1898 le nombre de visiteurs au parc des Montagnes-Rocheuses avait été beaucoup plus considérable qu'au parc Yellowstone.

De plus, Douglas avançait qu'il serait probablement plus difficile de réunir des terres pour créer un parc après la division des Territoires du Nord-Ouest en provinces. Il rappelait en dernier lieu qu'il faudrait que le parc soit assez vaste pour répondre aux besoins des visiteurs qui veulent aller à cheval dans des lieux sauvages non accessibles par voiture pour y admirer des lieux remarquables et les merveilles de la nature.

Le parc s'agrandit

La presse de l'Ouest canadien défendait aussi le projet. Les éditoriaux du « Free Press » de Winnipeg et du « World » de Vancouver insistaient sur la nécessité de prendre des mesures immédiates. Sous la plume du rédacteur du Free Press on pouvait lire :

Il faut absolument que le parc national de Banff soit agrandi comme le réclame le directeur dans son rapport annuel. Le parc ne mesure que 260 milles carrés, à peu près dix fois moins que le parc national des États-Unis à Yellowstone. En ce moment il existe un grand nombre de terres inoccupées dans la partie nord des Rocheuses et il faut agir maintenant, avant que des investissements ne rendent plus difficile l'agrandissement du plus beau terrain de jeu au monde.4

Clifford Sifton appuyait le projet d'agrandissement avancé par son frère Arthur et le directeur Douglas. Il a donc rédigé et fait imprimer un projet de loi visant à modifier la Loi sur le parc des Montagnes-Rocheuses. Ce n'est toutefois qu'en 1901 qu'on a étudié le projet. Lors de la session de 1902, le Parlement a approuvé le projet de loi qui a reçu la sanction royale britannique le 15 mai 1907.5 Le parc allait maintenant occuper une superficie de 11 396 km2 et englober la merveilleuse région du lac Louise constituée en réserve en 1892, les bassins des rivières Bow, Red Deer, Kananaskis et Spray et les lieux remarquables entourant les lacs Bow, Spray et Kananaskis.

Plus tard, la superficie du parc des Montagnes-Rocheuses subit d'autres modifications. En 1908, le directeur des Forêts est chargé de gérer le parc et un service de protection des forêts et du gibier est mis sur pied. Howard Sibbald, nommé garde-chasse en chef en 1909, propose au directeur Douglas de retrancher une partie du parc au pied des montagnes où des privilèges de coupe et d'élevage avaient été concédés. De l'avis de Sibbald, il fallait que, dans la mesure du possible, les limites soient plus précises que les frontières des cantons puisque la plupart de ceux-ci n'avaient pas été arpentés. Douglas convient de l'impossibilité de reconnaître au sol les limites existantes et du coût prohibitif d'un arpentage. Il propose également que toute perte de terrain soit compensée par l'inclusion d'un territoire au nord du parc jusqu'à la rivière Saskatchewan Nord. D'après Campbell, directeur de la Direction des forêts, l'inclusion de terres au nord réduirait l'étendue des terrains de chasse publics en dehors du parc, et, par conséquent, celle des terrains mis à la disposition des pourvoyeurs. Finalement, le sous-ministre donne des directives qui ont pour effet de différer ces mesures. En effet, il décide qu'il est préférable de prendre en considération tous les parcs le long du versant est des Rocheuses, pas seulement celui des montagnes Rocheuses, et d'adopter une ligne de conduite convenable pour chaque cas.

Nouvelle loi sur les parcs

Le 19 mai 1911, la Loi sur les parcs et les réserves forestières remplace la Loi sur le parc des Montagnes-Rocheuses. La réserve forestière des Montagnes-Rocheuses englobe maintenant toutes les terres qui constituaient auparavant le parc des Montagnes-Rocheuses.6 Cette nouvelle loi autorise la promulgation par arrêté en conseil des parcs fédéraux et leur création sur des terres comprenant des réserves forestières. Le 8 juin 1911, le parc des Montagnes-Rocheuses est reconstitué, mais il ne s'étend plus que sur 4662 km2, c'est-à-dire qu'il est environ deux fois plus petit qu'auparavant.7 Les dossiers disponibles renseignent très peu sur les raisons de cette diminution de 6734 km2, mais il est fort probable qu'on a voulu faciliter la tâche administrative du personnel préposé au parc. Il semble aussi que ni l'honorable Frank Oliver, ministre, ni le directeur Campbell de la Direction des forêts n'étaient en faveur de l'agrandissement des parcs. Cette hypothèse est corroborée par le motif invoqué à l'appui de la forte diminution de la superficie du parc des Lacs-Waterton qui sera étudié plus loin dans le chapitre.

Peu de temps après la mise en application de la nouvelle loi sur les parcs, la gestion des parcs nationaux passe de la Direction des forêts à la Direction des parcs fédéraux tout récemment organisée et dirigée par J.B. Harkin à titre de commissaire. Ce dernier reconnaît la nécessité de répartir plus équitablement les terres publiques destinées à devenir des réserves forestières et des parcs nationaux. À la suite de discussions entre les agents des directions rivales, les bassins nord des rivières Red Deer et Panther et une partie de la vallée de la rivière Kananaskis sont réintroduits dans le parc des Montagnes-Rocheuses en 1917. Cette mesure a accru la superficie du parc de 4662 à 7125 km2.8

Nouvelles modifications des limites

Quelques années plus tard, les limites du parc des Montagnes-Rocheuses subissent de nouvelles modifications. En 1927, le gouvernement fédéral doit voter des lois suivants lesquelles on confiera désormais les ressources naturelles des quatre provinces de l'Ouest aux gouvernements provinciaux. Puisque les terres contiguës aux limites du parc ne dépendraient plus du gouvernement qui assurait la gestion des parcs, il était indispensable d'établir longtemps à l'avance les futures limites des parcs.

Au début de 1927, le sous-ministre de l'Intérieur autorise une étude sur les limites des parcs nationaux de Banff et Jasper. À cette fin, R.W. Cautley, A.F., agent du ministère possédant une vaste expérience, est choisi pour fixer en collaboration avec le gouvernement provincial les limites permanentes appropriées des deux parcs.

L.C. Charlesworth, président du Conseil d'irrigation de l'Alberta (Irrigation Council of Alberta) est nommé représentant officiel de cette province. À la suite des nombreux voyages qu'il effectue pendant les étés de 1927 et 1928, Cautley rédige un rapport dans lequel il propose de retrancher certains secteurs qui ont une grande valeur commerciale pour l'Alberta et de conserver ceux qui possèdent les caractéristiques et le potentiel propres à un parc. Le représentant provincial ayant donné son entière approbation à toutes ces propositions, le 6 février 1929, on commence par transférer au parc des Montagnes-Rocheuses un secteur de 2528 km2 au sud du col Sunwapta qui avait déjà fait partie du parc national de Jasper. En même temps, on ajoute un secteur de 267 km2 entourant le mont Malloch. La superficie du parc passe ainsi à 9920 km2.9

C'est en vertu de la Loi sur les parcs nationaux de 1930 qu'on a retranché du parc national de Banff des terres qui ne satisfaisaient pas aux nouveaux critères.10 Ces terres comprenaient la vallée de la rivière Kananaskis qui avait été ravagée par un incendie, une partie du bassin des lacs Spray possédant un potentiel d'énergie électrique, un secteur du bassin de la rivière Ghost, une grande partie du bassin de la rivière Red Deer et un secteur de 199 km2 dans l'angle des rivières Cline et Siffleur inclus dans le transfert de Jasper à Banff en 1929. La loi de 1930 désigne le parc sous le nom de Banff et fixe sa superficie à 6695 km2.

Ce nom était utilisé depuis 1888 lors du déplacement de la gare, située alors sur la voie de garage 29, à son emplacement permanent adjacent à l'agglomération urbaine du parc. Depuis lors, l'agglomération porta le nom de la gare. Ce nom avait été proposé par Sir Donald Smith, qui devint Lord Strathcona. Smith, un des directeurs de la compagnie des chemins de fer du Canadien Pacifique, était né près de Banff, ville située dans le Nord-Est de l'Écosse.

Dernière modification à la superficie

En 1933, on modifie légèrement la limite est du parc, après que l'Alberta eut cédé au Canada 83 ha de terrain pour faciliter la construction d'un nouvel édifice à l'entrée du parc sur la route de Calgary à Banff. La dernière modification des limites du parc est effectuée en 1949 à proximité du réservoir des lacs Spray qui avait été aménagé par la Compagnie d'électricité de Calgary (Calgary Power Company).11 À la demande de l'Alberta, on retranche 54 km2 aux abords de la chaîne Goat par une modification à la loi sur les parcs nationaux, ce qui permet d'achever plus facilement la construction d'une centrale hydro-électrique sur un terrain provincial, mais réduit la superficie du parc national de Banff à 6641 km 2.

L'ère de l'automobile

Plus que tout autre facteur, l'automobile a contribué à l'accroissement du nombre de services offerts aux visiteurs à Banff et dans les parcs nationaux qui ont été créés par la suite. Même si un règlement interdisait son entrée dans le parc jusqu'en 1910, l'automobile fait maintenant partie intégrante de la vie des gens et contribue à l'élaboration d'un vaste réseau de routes reliant les parcs entre eux. En 1911, il existe une route partant de Calgary pour se rendre au parc des Montagnes-Rocheuses et, cette année-là, on entreprend de prolonger vers l'ouest de Banff une route pour les automobiles. En 1920, la jonction avec le lac Louise est établie et, en 1923, l'achèvement de la route de Banff à Windermere permet de se rendre à Banff à partir du sud-est de la Colombie-Britannique. En 1926, il est possible de se rendre en automobile au parc de Yoho grâce au prolongement de la route du lac Louise jusqu'à Field et, l'année suivante, on ouvre la route de la piste Kicking Horse jusqu'à Golden.

Une nouvelle route est tracée pendant la Dépression des années 30. En 1932, dans le cadre du projet d'aide aux chômeurs, on entreprend la construction de la route de Banff à Jasper. Achevée en 1939 et ouverte au début de 1940, la route permet aux automobilistes de voyager directement du lac Louise au lotissement urbain de Jasper tout en traversant une région d'une beauté incomparable rehaussée par la présence de cimes enneigées, de chutes, de champs de glace et de glaciers.

Le point culminant des améliorations successives apportées à la grand-route traversant les parcs de Banff et de Yoho est la construction de la route transcanadienne. Cette dernière, dont le tracé a été choisi après de nombreuses études, évite une grande partie de l'ancienne route. L'achèvement de la route traversant le parc de Banff en 1958 entraîne un accroissement considérable du nombre de visiteurs.

Upper Hot Springs
L'aménagement original des sources Upper Hot Springs, Banff, 1930.

Upper Hot Springs
Le nouvel aménagement des sources Upper Hot Springs, Banff, 1932.

Mise en valeur de Banff

L'augmentation du nombre des visiteurs dans le parc des Montagnes-Rocheuses a entraîné l'expansion de la ville de Banff et la création de nouveaux services et aménagements destinés aux visiteurs. Les cars et les taxis ont remplacé la pittoresque diligence et les voitures attelées. Plusieurs anciens hôtels ont été rénovés. Le premier hôtel Banff Springs et l'hôtel Château Lac Louise, qui avaient été détruits dans un incendie, ont été reconstruits selon une architecture plus moderne.

La construction de cabines en bois rond dans le parc a commencé en 1934, après l'attribution, par le directeur du parc, de sites destinés à recevoir ce genre d'aménagement pour les visiteurs. Situés dans les alentours de la ville de Banff et le long des routes, ces innovations ont été vivement appréciées. Par la suite, l'aménagement de chalets a été supplanté par la construction de motels, en particulier dans la ville de Banff. Au milieu des années 1960, des centres touristiques sont venus remplacer les précédentes formes d'aménagement destinées aux visiteurs.

L'aménagement du premier centre touristique à l'extérieur de la ville a eu lieu au Centre du lac Louise en 1964. Ce centre, qui réunit au même endroit un terrain de camping, un parc pour remorques, un terrain de pique-nique, et un aménagement moderne de motel, a mis un frein à la croissance sporadique de services touristiques le long des routes du parc.

Aménagement des sources supérieures

Les sources supérieures de Banff continuent d'attirer un public nombreux. Les premières piscines des sources thermales, dirigées par des entreprises privées, ont été complétées en 1904 lorsqu'une nouvelle piscine extérieure et des vestiaires ont été érigés par l'administration du parc. L'établissement thermal ne contenait pas seulement des cabines d'habillage pour hommes et femmes mais également des bains chauds, des salles de vapeur, des douches chaudes et froides, et des salles de bain modernes. Sa rapide popularité entraîne des constructions adjacentes pour ajouter d'autres vestiaires essentiels.

À la longue, cet aménagement public devient désuet et en dessous des critères requis par un parc national. En octobre 1931, l'ancien hôtel Grandview Villa, endommagé par un incendie au cours de la même année, est acquis de la famille Brett pour la somme de 6500 $. Cet endroit est choisi pour construire un nouvel établissement thermal en pierre et une nouvelle piscine extérieure. Achevé et inauguré en juin 1932, le nouveau bâtiment qui était ouvert toute l'année, comprenait un grand nombre d'aménagements souhaités tels que des bains intérieurs, des salles de vapeur, des vestiaires plus pratiques. Un programme de modernisation entrepris en 1961 ajouta une nouvelle piscine, des accès améliorés aux services intérieurs, des rafraîchissements et des salons de massage loués à des concessionnaires.

Sources thermales Cave et Basin

Au tournant du siècle, les piscines de Cave et Basin étaient devenues insuffisantes pour recevoir le nombre croissant de baigneurs. À la fin de 1902, le directeur du parc Douglas entreprend de faire construire une nouvelle piscine, achevée et inaugurée en 1904. Elle mesurait 15 m sur 30 et sa profondeur atteignait 2,74 m au plus profond. En 1905 des vestiaires supplémentaires sont ajoutés. À la longue, les services existants ne répondent plus aux besoins et en 1912, une fondation est commencée pour un nouvel établissement thermal plus grand, conçu par l'architecte Walter Painter, de Calgary. Des difficultés liées à la construction en retardent son ouverture jusqu'en 1914. La plus grande partie de la structure est érigée sur des piliers enfoncés dans le tuf poreux du sous-sol. Les murs du bâtiment et de la piscine sont en béton et les murs extérieurs sont recouverts de pierre à chaux (Rundle). Deux belvédères à l'extrémité est, recouverts de tuiles rouges, ajoutent un cachet particulier à l'ensemble. L'un donne accès à la grotte et les deux permettent de contempler la zone réservée aux bains. Le toit au-dessus des vestiaires situés le long de la partie sud de la piscine permet de se promener et de profiter de la vue. La nouvelle piscine mesurait 41 m sur 11 et était considérée comme la plus grande du Canada.

Reconstructions ultérieures

Une rénovation substantielle de l'établissement thermal de Cave et Basin a été réalisée en 1935. Les vestiaires construits en 1887 et 1903 furent démolis et remplacés par une nouvelle structure recouverte en pierre. La piscine de la source thermale Basin est améliorée, un bassin est aménagé et les accès aux vestiaires sont également améliorés. Le toit original des vestiaires qui était composé de panneaux en verre, présentait des fissures au niveau des joints. La lumière naturelle qu'il diffusait à l'intérieur disparut lorsque le toit reçu un recouvrement en bitume. Les eaux des sources thermales, fortement imprégnées de minéraux, ont posé d'importants problèmes de plomberie, particulièrement après l'introduction de chlore pour des raisons sanitaires. La couleur foncée de l'eau de la grande piscine empêcha les sauveteurs de venir en aide à un baigneur en détresse et fut la cause d'un accident tragique. En conséquence, en 1960, l'eau naturelle de la source fut remplacée dans la piscine par de l'eau chlorée provenant de la ville, chauffée artificiellement pour conserver une température confortable. En 1970, pour des raisons sanitaires, la piscine de la source thermale Basin et le bassin adjacent furent fermés. En 1980, les bains intérieurs furent également fermés.

Préparatifs pour le centenaire

Au milieu des années 1970, la planification de la célébration du centenaire des parcs nationaux en 1985, commençait. Les sources Cave et Basin, considérées comme le lieu d'origine de notre réseau des parcs, prennent une importance évidente dans la planification. Cependant, en 1976, la détérioration des édifices, des problèmes d'entretien sérieux et le coût d'opération, hâtent la fermeture de l'établissement thermal Cave et Basin. De précédentes propositions de planification favorisaient la fermeture permanente de tous les services de bains, et l'utilisation de l'établissement thermal comme centre d'interprétation. Les résidants de Banff et des alentours, cependant, se sont élevés contre cette proposition et un comité local fut constitué, pour veiller à la conservation de l'établissement thermal Cave et Basin en tant que centre actif récréatif. Ce comité est à l'origine de pétitions qui réunirent plusieurs milliers de signatures en faveur de la préservation de l'état original de Cave et Basin.

Décision de reconstruction

Les premières propositions de Parcs Canada en faveur d'une reconstruction, jointes à une consultation publique, entraînèrent la réception de différents concepts d'utilisation future de l'établissement historique. Finalement, une proposition réunissant une piscine extérieure avec un centre d'interprétation fut choisie. Le futur centre du centenaire Cave et Basin proposé devait offrir des activités toute l'année. Pendant les 80 jours de la saison estivale, les baigneurs revêtus de leurs propres maillots ou d'un maillot « 1900 » loué, pourraient utiliser la grande piscine extérieure remplie d'eau chlorée et filtrée provenant de la source thermale Cave. La modification des pièces du rez-de-chaussée du bâtiment principal de 1974, comprendrait des services pour les personnes handicapées. Enfin la piscine serait agrandie pour permettre aux très jeunes enfants et aux personnes en chaises roulantes de s'y baigner. Pour cela le niveau de profondeur remonterait jusqu'à affleurement.

La piscine Basin serait restaurée d'après son style original du XIXe siècle et une réplique de l'établissement thermal de 1887 serait érigée sur ses bords. Cependant, en raison des normes sanitaires et de sécurité actuelles, il ne serait pas possible de s'y baigner. La grotte « Cave » serait mise en vedette et le second étage de l'édifice principal présenterait une exposition retraçant l'histoire des parcs nationaux canadiens. L'établissement thermal comprendrait également une salle d'exposition de photos, un foyer « style 1900 » et une petite salle présentant des programmes audio-visuels retraçant les événements exceptionnels s'étant déroulés dans les parcs depuis cent ans.

La reconstruction de l'établissement thermal Cave et Basin débute en 1981 et s'achève au début de 1985. En plus de restaurer la piscine et les autres composants de la construction soulignés ci-dessus, le tunnel conduisant à la grotte est aménagé pour permettre aux chaises roulantes d'y accéder. Les services d'interprétation du centre du centenaire sont ouverts toute l'année, un grand terrain de stationnement est construit et deux sentiers d'interprétation ont été aménagés. Le sentier de la découverte permet d'apprécier l'histoire et la géologie des sources thermales, tandis que le sentier du marais est orienté sur la faune et la végétation particulières aux eaux chaudes sulphureuses.

L'honorable Suzanne Biais-Grenier, ministre de l'Environnement, inaugure le 15 juin 1985 le centre du centenaire Cave et Basin, en présence de plusieurs centaines d'invités et d'autres visiteurs rassemblés pour commémorer le centenaire des parcs nationaux du Canada.

Agrandissement des terrains de camping

L'aménagement de terrains de camping découle logiquement de l'ampleur prise par les voyages en automobile. Le premier grand terrain de camping du parc est établi en 1916 le long de la rivière Bow en aval du confluent des rivières Bow et Spray. À la suite de son annexion ultérieure au terrain de golf Banff Springs, on aménage en 1927 sur le mont Tunnel un nouveau terrain de camping qui est progressivement agrandi pour recevoir à la fois les remorques et les tentes. En 1967, on ouvre un terrain à l'est du terrain initial situé sur le mont Tunnel pour répondre à la demande continue d'emplacements de camping. En 1969, le terrain de camping ainsi agrandi devient le plus vaste du réseau des parcs nationaux et offre ce qu'il a de mieux en matière d'installations de camping y compris l'eau, l'électricité et des égouts. Deux autres terrains équipés et neuf terrains satellites offrent des emplacements supplémentaires aux campeurs.

Sports d'hiver

À la suite de la vogue des sports d'hiver, le parc national de Banff qui était auparavant un centre de villégiature estivale est transformé en station de villégiature ouverte toute l'année. Pendant plus de 50 ans, un carnaval annuel se déroule chaque hiver à Banff. Le curling est introduit en 1900 et, en 1922, un club local construit sa première patinoire couverte. En 1962, le club utilise les installations du centre récréatif de Banff récemment construit.

Introduit en 1900, le ski devient de plus en plus populaire chaque année. Les premières installations de ski apparaissent sur les pentes du mont Norquay dominant la ville de Banff. Un club de l'endroit érige un chalet et le directeur du parc aide à aménager un tremplin et des descentes. Le premier télésiège inauguré en 1948 sert à transporter des touristes durant l'été. En 1959, l'entreprise privée installe un télésiège sur les pentes inférieures du mont Whitehorn près du lac Louise, créant ainsi un centre de ski à cet endroit. Plusieurs autres télésièges, de nouvelles pistes de descente et un vaste parc de stationnement sont venus par la suite s'y ajouter. En 1936, on implante le noyau d'une autre station de ski célèbre au nord-ouest de Banff à Sunshine Valley. Les premiers remonte-pentes et télésièges sont perfectionnés en 1956 et l'entreprise privée procède en 1963 à un nouvel aménagement majeur de la région. Trois chalets pour l'hébergement des skieurs, un pavillon d'étape, des remonte-pentes et des télésièges contribuent à faire du village Sunshine une station de ski d'envergure.

Après la construction de l'École des beaux-arts de Banff, on assiste entre 1947 et 1968 à un accroissement des activités culturelles. Un immeuble imposant sur les pentes du mont Tunnel dominant Banff fut construit comme annexe de l'Université de Calgary, qui a également financé l'entreprise. Des cours variés y sont offerts dans le domaine des beaux-arts, de la musique, des langues et de la gestion des affaires. En construisant un immeuble moderne à Banff en 1968 pour conserver les archives du parc des Montagnes-Rocheuses, on a mis à la disposition des résidants et des visiteurs une bibliothèque moderne, une galerie d'art et un dépôt d'articles, de livres et de dossiers se rapportant aux montagnes Rocheuses.

Parce qu'il est le plus ancien, le plus célèbre et l'un des plus grands parcs nationaux du Canada, le parc de Banff a gardé sa popularité première. Ses paysages magnifiques, ses excellentes routes, ses curiosités naturelles uniques et ses installations ont attiré des milliers de visiteurs en nombre toujours croissant depuis sa fondation il y a 85 ans. Depuis 1967, plus de deux millions de visiteurs ont admiré chaque année des attraits uniques et variés, confirmant ainsi les prévisions de l'un de ses promoteurs, Sir John A. Macdonald, qui disait que le parc deviendrait « une importante station thermale ».12


Références

1. Dossier B.2, Vol. 1, Service des parcs nationaux, 21 janvier 1899.

2. Ibid., 25 février 1899.

3. Ibid.

4. Ibid.

5. Statuts du Canada, 2 Edouard VII, chapitre 31.

6. Statuts du Canada, 1 - 2 George V, chapitre 10.

7. Arrêté en conseil C.P. 1338, 8 juin 1911.

8. Arrêté en conseil C.P. 2594, 18 septembre 1917.

9. Arrêté en conseil C.P. 158, 6 février 1929.

10. Statuts du Canada, 20-21 George V, chapitre 33.

11. Statuts du Canada, 13 George VI, chapitre 5.

12. Hansard, 3 mai 1887.

Le mont Lefroy
Le mont Lefroy, parc national de Banff.

au sommet du mont Victoria
Le guide Rudolph Aemmer au sommet du mont Victoria, parc national de Banff, 1933.

Le col Sunshine Pass
Le col Sunshine Pass, parc national de Banff.


Le parc national de Yoho

La création de parcs nationaux a connu un nouvel essor en décembre 1901. À cette date, la réserve entourant le mont Stephen en Colombie-Britannique fut agrandie afin d'inclure un secteur de 2144,5 km2.1 Devenue réserve de Yoho, elle englobe la magnifique vallée Yoho, les lacs Emerald, O'Hara et McArthur et la majeure partie des bassins des rivières Beaverfoot, Ottertail et Amiskwi. Cet agrandissement qui vient à point résulte des explorations d'un Allemand, Jean Habel de Berlin. Celui-ci avait pour ambition d'explorer la région où s'élevait au milieu des glaciers surplombant la vallée Yoho un pic très élevé, visible de la voie ferrée du Canadien Pacifique.2 Habel le nomma « Hidden Mountain », mais en 1898, cette montagne est appelée mont Habel, et par la suite « des Poilus » en souvenir du surnom donné aux soldats français qui ont combattu à la première guerre mondiale.3 Dans son volume The Trail to the Charmed Land, (Le sentier de la forêt enchantée), Ralph Edwards soutient que Habel visait comme autre objectif la conquête du mont Balfour. Cette cime domine les montagnes Wapiti qui encadrent l'ouest de la vallée de la rivière Bow, à partir du versant nord du col Kicking Horse.4

Exploration de la vallée Yoho

Professeur de mathématiques, scientifique et alpiniste de grand talent, Habel arrive à Field en juin 1897. L'ascension du mont Balfour avait déjà été tentée à partir de la vallée de la rivière Bow. On informe Habel que cette vallée, appelée à l'époque « embranchement nord de la rivière Wapta », est impénétrable car il s'agit d'une région sauvage de gorges, de rochers et de broussailles.5 Aucunement intimidé, l'alpiniste décide de passer par le lac Emerald.

Tom Wilson, le célèbre guide et porteur à qui l'on doit la découverte du lac Emerald, l'équipe. Habel quitte Field le 15 juillet 1897 en compagnie d'un guide, Ralph Edwards, d'un porteur en chef, Fred Stephens, et d'un cuisinier, Frank Wellman.6 Quatre chevaux portent le matériel mais Habel voyage à pied. Un sentier les conduit au lac Emerald. De là, ils suivent un chemin qui traverse des forêts denses et des pentes recouvertes de glace. Enfin, ils franchissent le col Yoho. Une terrasse leur permet d'admirer les chutes Takakkaw et les flancs de la vallée Yoho où s'accumulent des tonnes de glace. Habel décrit le spectacle en ces termes :

En face de nous, un torrent impétueux jaillissait des amas de glace suspendus aux flancs de la vallée. Cette chute qui se précipitait d'une paroi perpendiculaire était si majestueuse et si grandiose que nulle autre au monde ne pouvait la surpasser. Un tel spectacle ne pouvait être vu nulle part ailleurs dans la vallée.7

En descendant dans la vallée, le groupe explore la haute vallée Yoho aussi appelée Waterfall, les chutes Twin, le glacier Yoho et le champ de glace Waputik. Habel réussit à escalader un contrefort du mont Balfour qu'il nomme « Trolltinder ». Toutefois, il a dû mettre fin à l'expédition et renoncer au mont « Hidden » faute de provisions. En retournant à la vallée Kicking Horse et à Field, le groupe longe la vallée Yoho jusqu'au cañon qu'il évite en grimpant les pentes boisées entourant le versant nord-est du mont Field.

Établissement de la réserve

En 1898, lors de l'assemblée annuelle du Club de montagne Appalaches (Appalachian Mountain Club), on lit un compte rendu des expéditions de Habel. Toutefois, ce n'est qu'en 1901 que l'on rapporte au ministère de l'Intérieur à Ottawa la beauté des paysages splendides de cette région. Le guide Ralph Edwards avait décrit à son employeur Tom Wilson les merveilles de la vallée Yoho. À son tour, Wilson avait convaincu les agents de la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique en leur démontrant comment il serait possible d'en faire une région touristique si l'on construisait une route. Finalement, au cours d'une visite à Ottawa en février 1901, Charles Drinkwater, adjoint du président de la compagnie de chemins de fer, fait part des découvertes de Habel au sous-ministre de l'Intérieur James A. Smart. À la suite de cette rencontre, Drinkwater écrit une lettre à Smart lui proposant de faire de la vallée Yoho une réserve. Lui-même fortement impressionné par le potentiel touristique que laisse entrevoir les récentes découvertes, Drinkwater présente une demande officielle pour obtenir une concession de neuf hectares de terrain près de la gare de Field. La compagnie de chemins de fer voulait y construire des écuries, un corral et d'autres installations afin de pouvoir répondre aux besoins des visiteurs qui seraient attirés par ces merveilles de la nature.8

Après de nombreuses discussions au cours desquelles on considéra, puis rejeta le nom de « Chutes Wapta » on constitue, le 14 décembre 1901, la réserve Yoho d'une superficie de 2146 km2, afin de conserver les « glaciers, les chutes d'un grand débit et d'autres sites merveilleux à l'intérieur de ses limites. » À l'arrêté en conseil est joint un plan sur lequel les limites de la réserve sont tracées en rouge. C'est l'arpenteur en chef, Edward Deville, qui propose le nom Yoho. Dans une lettre adressée au sous-ministre, il lui fait remarquer que le nom exact de la principale chute est Takakkaw, nom que lui avait donné Sir William Van Horne, le président de la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique. Deville note aussi que Takakkaw est une expression crise signifiant « c'est magnifique ».9

Création du parc de Yoho

En 1911, en vertu de la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux, la réserve de Yoho devient le parc (national) fédéral de Yoho.10 Tout comme plusieurs autres parcs créés à ce moment-là, la superficie du parc de Yoho est réduite et ne s'étend plus que sur 1450 km2. Onze ans plus tard, une nouvelle réduction ramène la superficie du parc à 1233 km2 afin d'exclure plusieurs coupes de bois. Au moment de l'adoption de la Loi sur les parcs nationaux en 1930, on fixe de nouvelles limites afin de suivre, dans la mesure du possible, les élévations de terrain plutôt que les lignes de cantons. La superficie du parc est maintenant de 1313 km2.

Aménagement du parc

Peu de temps après la création du parc, le ministère de l'Intérieur en entreprend l'aménagement. De 1902 à 1908, Howard Douglas, directeur du parc des Montagnes-Rocheuses, gère le parc avec l'aide d'un directeur adjoint, mais après 1908, cette tâche incombe au directeur en poste. Douglas commence la construction d'un réseau de routes et celle du lac Emerald est achevée en 1904. En 1903, on tente d'ouvrir un chemin dans la vallée Yoho, mais à cause de fonds limités, du relief accidenté et de la vétusté du matériel, il faut sept ans pour construire la route. En 1909, les chutes Takakkaw sont accessibles par voiture à cheval et l'année suivante la route est complétée.11 Sous l'administration Douglas, on prolonge également la route du lac Emerald afin qu'elle fasse un détour pour emprunter un pont naturel enjambant la rivière Kicking Horse à l'ouest de Field. De plus, on transforme en une voie carrossable, une voie ferrée abandonnée qui se dirige vers l'ouest de Field à Ottertail.

Après que la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique eut percé les tunnels en spirale dans les monts Ogden et Cathedral en 1908 et 1909, diminuant ainsi la pente de la « grosse colline » à l'est de Field, le directeur du parc utilise la plate-forme abandonnée pour y faire construire vers l'est une route panoramique qui remonte la vallée de la rivière Kicking Horse presque jusqu'au lac Wapta. En 1919, on permet aux automobiles de passer sur la plupart des routes où circulaient auparavant les voitures à cheval et la vallée Yoho leur sera ouverte en 1920.12 Comme le public demande une route carrossable depuis le lac Louise jusqu'au parc Yoho, le ministère de l'Intérieur commence en 1924 à construire la route se rendant à Field ainsi que son prolongement jusqu'à la limite occidentale du parc. En juillet 1926, le tronçon de Field est ouvert et vers la fin de l'année la route atteint la limite du parc où elle rejoint la route construite depuis Golden par le gouvernement de la Colombie-Britannique. La route, connue sous le nom de piste de Kicking Horse, est inaugurée en juillet 1927. La grand-route traversant les parcs a servi à relier la route transcontinentale depuis les Prairies jusqu'en Colombie-Britannique avant la réalisation de la route transcanadienne. Au cours des années, on a amélioré d'autres routes dans le parc. En 1959, le tracé de la route du lac Emerald est modifié à certains endroits et, en 1962, on pose un revêtement. De plus, les accotements de la route de la vallée Yoho sont élargis au moyen de murs de soutènement en acier de sorte qu'en 1956 les lacets spectaculaires ne présentent plus de grands dangers aux automobilistes.

Hébergement

Construit en 1886 par la Compagnie de chemins de fer Canadien Pacifique et premier hôtel de Field, le Mount Stephen House sert pendant de nombreuses années de principal centre d'hébergement pour les touristes. Plus tard, il est remis au Y.M.C.A. et transformé en pension et en centre de loisirs pour les employés de chemin de fer. Il est finalement démoli en 1963 et le personnel est logé dans des dortoirs modernes. La compagnie construit d'autres installations d'hébergement sous forme d'auberges et de camps au lac Emerald en 1903, dans la vallée Yoho, au lac Wapta et au lac O'Hara pendant les années 20. Toutefois, elle a peu à peu vendu ses concessions à des exploitants privés. Les chalets du mont Cathedral sont construits en 1933 près de la jonction de la route de la vallée Yoho et de la Transcanadienne. Ravagée par un incendie en 1961, l'auberge Wapta est reconstruite en 1963 par un groupe de Calgary.

Administration du parc

En 1908, le directeur en poste est chargé d'administrer le parc national de Yoho et, quelques années plus tard, on lui confie les trois autres parcs (Kootenay, Glaciers et Mont-Revelstoke) situés en Colombie-Britannique. En 1957, les parcs des Glaciers et du Mont-Revelstoke sont administrés séparément et un directeur est affecté au parc de Kootenay. On construit le premier centre d'administration en 1905 sur un terrain appartenant à la compagnie de chemins de fer près du poste télégraphique de Field. En 1933, le directeur et le personnel emménagent dans un immeuble de l'avenue Stephen. Plus tard, le ministère achète le terrain et l'immeuble et, en 1955, les locaux sont agrandis et modernisés.

Le lotissement urbain de Field est fondé en 1884 lorsque la voie ferrée du Canadien Pacifique atteint cet endroit. Son nom vient de Cyrus W. Field, promoteur du premier câble sous l'Atlantique, qui se trouvait dans la région cette année-là.13 Les premiers résidants demeurent de chaque côté de la rivière Kicking Horse, mais, en 1909, les maisons situées sur la rive nord sont presque complètement détruites ou endommagées par l'avalanche qui dévale les pentes du mont Burgess. On arpente le lotissement urbain pour la première fois en 1904 et, par la suite, on y fait un certain nombre d'ajouts. Field est le seul lotissement urbain situé dans un parc national où l'administration des parcs nationaux n'a pas loué tous les lots de terrain aux résidants. Après la fin des travaux de construction du chemin de fer, la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique arpente une partie des terrains sur lesquels étaient construites les gares et les inclut dans une subdivision. Aujourd'hui encore, une partie du lotissement urbain située au nord de l'avenue Stephen est sous la dépendance de la compagnie de chemins de fer et la propriété de celle-ci.

Lake O'Hara
Le lac O'Hara, parc national de Yoho.

Le glacier Daly et la chute Takakkaw
Le glacier Daly et la chute Takakkaw, parc national de Yoho.

Amélioration des routes

Avant 1926, les visiteurs qui demeuraient loin du parc ne pouvaient s'y rendre que par train. Les premiers touristes descendaient à Field et logeaient au Mount Stephen House ou se rendaient par diligence au lac Emerald. Les clients des auberges Wapta et Lac O'Hara pouvaient descendre à la gare Hector surplombant le lac Wapta et de là prendre un bateau jusqu'à l'auberge Wapta ou emprunter une piste pour cavaliers jusqu'au lac O'Hara.

En 1927, la grand-route du parc, la piste Kicking Horse traversant le parc d'est en ouest, est ouverte aux automobilistes. Quelques années plus tard, la plupart des visiteurs se rendent au parc Yoho en voiture. Il faut alors un plus grand nombre de terrains de camping et de pique-nique. Le Service des parcs nationaux en aménage à certains endroits le long des principales voies touristiques. En 1955 débute la construction de la route transcanadienne et elle se termine en 1958. Vers la fin de cette année-là, la route est recouverte d'un revêtement dur, mais la dernière couche d'asphalte n'est appliquée qu'en 1963. En 1962, la route transcanadienne emprunte le col Rogers et traverse les parcs nationaux des Glaciers et du Mont-Revelstoke contribuant ainsi à accroître le nombre de visiteurs qui, au parc de Yoho, s'élève maintenant à plus de 900 000 par année.

Activités récréatives

Les résidants du parc et les visiteurs pratiquent des sports de plein air tels l'équitation, l'alpinisme et font des excursions à pied. Peu après la création du parc, on construit des écuries à Field et au lac Emerald de même qu'à la vallée Yoho et au chalet Wapta au début des années 20. Le Club alpin du Canada (Alpine Club of Canada) fait son premier camp dans le parc en 1906. Pendant de nombreuses années, il loue un terrain sur la rive sud du lac O'Hara et y tient un camp d'été. En 1931, le club occupe deux chalets situés dans le pré Alpine. Ils avaient été construits par le Canadien Pacifique qui avait transporté les autres propriétés dont le chalet du lac O'Hara, sur la rive du lac en 1925 et 1926. En 1941, le club construit un chalet dans la petite vallée Yoho. La région entre la vallée Yoho et le lac Emerald est un endroit renommé pour les excursions et l'équitation. Parmi les sentiers les plus empruntés, l'un passe par le col Yoho et l'autre longe le sommet des pentes du chaînon Président qui domine la chute Takakkaw. Vers le milieu des années 30, on aménage un terrain de golf dans la plaine Kicking Horse et les résidants l'utilisent pendant quelques années. La Commission des loisirs de Field aménage une piste de ski sur une pente à l'ouest de Field en bordure de la route transcanadienne. Un club de curling formé à Field au début des années 1930 existe toujours et le patinage à l'extérieur a été en vogue pendant plusieurs années.

La mine Monarch

Des puits sur les pentes des monts Stephen et Field sur chacune des rives de la rivière Kicking Horse font état de l'activité minière qui s'est déroulée à l'est de Field durant presque 60 ans.

En 1884, on fixe les limites de la concession minière Monarch d'après les renseignements fournis par Tom Wilson et, en 1893, la Couronne cède le terrain. Le minerai de plomb trié à la main est expédié à Vancouver à intervalles irréguliers jusqu'en 1912. À cette date le syndicat minier du mont Stephen met en service un petit concentrateur actionné par gravité sur une propriété de la compagnie de chemins de fer sise en contrebas de l'entrée de la mine. Cette année-là on commence le broyage des minerais et on poursuit cette activité de façon intermittente jusqu'en 1924. En 1925, A.B. Trites, président de la Pacific Mining Development and Petroleum Company, devient propriétaire de la mine Monarch, de la mine avoisinante, St-Etienne, et de certaines autres concessions minières se trouvant sur le mont Stephen ainsi que d'un groupe de concessions appelé Kicking Horse Mine situé de l'autre côté de la vallée. En 1926, le ministre de l'Intérieur lui accorde un permis d'occupation pour trois parcelles de terrain situées dans la vallée Kicking Horse afin qu'il les exploite et construise des bâtiments. Trites conclut aussi un accord avec le ministre aux termes duquel la compagnie jouit de certains privilèges. Par contre, il est stipulé qu'après 21 ans, le droit de propriété sur toutes les concessions minières de la Couronne et sur les autres concessions appartenant à Trites et à sa compagnie reviendrait à la Couronne.

En 1929, Trites vend sa part dans les deux mines à la Base Metals Mining Corporation. Cette société construit une nouvelle usine en contrebas de la mine Monarch sur une propriété de la compagnie de chemins de fer, installe une voie de tramway aérienne, construit des annexes et commence à exploiter la mine en novembre 1929. La mine Kicking Horse, qui comprenait des concessions minières établies en 1910, est mise en service en 1941. On y avait installé une voie de tramway aérienne afin de transporter le minerai de l'entrée de la mine jusqu'à une trémie dans la vallée. De là, on le transportait par camion sur une distance de trois kilomètres à l'usine du mont Stephen.

Durant la guerre, la production de plomb, de zinc et d'argent atteint un niveau élevé et, en 1947, la société demande et obtient une prolongation de deux ans afin d'extraire les minéraux qui restaient. En 1948, on prolonge le permis jusqu'en 1957, mais en novembre 1952, la société ferme les deux mines. Au cours des deux années suivantes, elle vend une grande partie de son équipement. Elle obtient l'assentiment du ministère pour sous-louer un certain nombre de ses bâtiments aux entrepreneurs construisant la route transcanadienne et au ministère fédéral des Travaux publics. Au début de 1958, la société décide de restituer à la Couronne son droit de propriété sur toutes les concessions qu'elle détenait. Cette décision n'est toutefois acceptée que lorsque toutes les terres jadis occupées par la société sont nettoyées et les puits bouchés à la satisfaction du directeur du parc.

Au cours des années d'exploitation, on avait déversé sur le bord de la rivière Kicking Horse un amoncellement de résidus miniers, ce qui était très laid et qui, par temps sec, se dispersait en nuages de poussière dans les environs. En juillet 1960, au cours d'une crue de la rivière, les autorités du parc jettent ces résidus à l'eau au moyen d'un bulldozer. L'ancien chantier d'exploitation de la mine est nettoyé en 1961, mais en 1968 le ministère n'avait pu encore obtenir de la société qu'elle se conforme aux exigences relatives à la fermeture des puits et ce, malgré un échange de lettres et des négociations qui ont duré dix ans. Enfin, en mai 1968, la société cède à la Couronne les titres de toutes les terres et concessions minières en sa possession.


Références

1. Arrêté en conseil C.P. 2181, 14 décembre 1901.

2. Habel Jean, The North Fork of the Wapta, Appalachia, Vol. VIII, 1898.

3. Conseil géographique du Canada, 18e rapport, Imprimeur du roi, Ottawa, 1924.

4. Edwards Ralph, The Trail to the Charmed Land, H.R. Larson Co., Saskatoon, 1950.

5. Ibid.

6. Ibid.

7. Habel Jean.

8. Dossier Y.2 du Service des parcs nationaux, 18 février 1901.

9. Ibid., 26 novembre 1901.

10. Arrêté en conseil C.P. 1338, 8 juin 1911.

11. Rapport annuel, ministère de l'Intérieur, Ottawa, 1911, partie V, p. 37.

12. Rapport annuel, ministère de l'Intérieur, Ottawa, 1921, p. 38.

13. Conseil géographique du Canada, 18e rapport, 1924, Imprimeur du roi, Ottawa, 1924.


Le parc national des Glaciers

Le gouvernement fédéral fit très peu de travaux d'aménagement dans la réserve entourant la gare Glacier dans les monts Selkirk pendant les 15 années qui ont suivi son établissement en 1886. Située au coeur d'une contrée sauvage, la réserve n'était accessible que par le principal chemin de fer du Canadien Pacifique. La voie traversant les monts empruntait le col Rogers. C'était un endroit dangereux à cause des avalanches qui dévalaient les pentes abruptes en entraînant roches, arbres et glace. Afin de protéger les passagers et les wagons, on a construit des voies de glissement et des pare-neige en bois résistant pour détourner ou arrêter les masses de neige qui tombaient sur la voie durant l'hiver.

Glacier House et la gare Glacier

Près du sommet du col, à la gare Rogers, la compagnie de chemins de fer avait construit un service d'entretien comprenant une rotonde pour entreposer les locomotives de réserve, les chasse-neige et d'autres machines. Une petite collectivité s'établit le long de la voie sur des terrains arpentés en 1912 par N.C. Stewart et désignés par ce dernier sous le nom de lotissement urbain du col Rogers. Cette petite subdivision comprend les résidences des employés du chemin de fer, une pension, un magasin, un bureau de poste et un centre récréatif. À la gare Glacier située à environ cinq kilomètres à l'ouest, la compagnie avait construit en 1886 un restaurant et un petit hôtel appelé Glacier House qui faisait partie d'une série de quatre hôtels de montagne établis dans le but de faciliter le remorquage des trains jusqu'au sommet des grandes pentes. Voici ce qu'écrivait à ce sujet J.M. Gibbon dans son livre sur l'histoire du Canadien Pacifique :

Aucun hôtel, si luxueux soit-il, ne peut se permettre d'exploiter un wagon-restaurant parce que le coût de la main-d'oeuvre double le prix de revient des repas. Aussi, puisque le train transportait des passagers de toutes classes, fallait-il construire des restaurants convenables aux gares dans les montagnes afin qu'il y ait moins de wagons-restaurants à remorquer et que le prix de revient soit le même que dans un hôtel.1

Centres alpins

Des établissements de ce genre ont été installés à Field, Revelstoke et North Bend en Colombie-Britannique.

L'hôtel Glacier House ouvre ses portes le 1er janvier 1887, et peu de temps après, c'est l'arrivée des premiers visiteurs, attirés par son emplacement unique, le décor magnifique et l'excellent service. Les nombreux pics offraient autant de défis aux alpinistes et constituaient ainsi les principaux attraits de la région. Le major A.B. Rogers, découvreur du col, et son neveu, de même que le professeur John Macoun et son fils James avaient fait des ascensions à proximité du col Rogers en 1881.2

En 1888, le révérend W.S. Green du British Alpine Club (Club alpin britannique) inaugure ce que l'on peut appeler l'ère de l'alpinisme dans les Selkirks. Il entreprend de tracer une carte topographique des pics et des glaciers entourant le col Rogers et, en 1890, il publie un récit de ses escalades dans son livre Among the Selkirk Glaciers (Dans les glaciers Selkirk).3 Cette année-là, des membres de clubs alpins de Suisse et d'Angleterre visitent la région et font de nombreuses ascensions remarquables, notamment Emil Huber et Cari Sulzer qui escaladent le mont Sir Donald, appelé auparavant pic Syndicate. En 1897, un groupe d'alpinistes britanniques, dont le professeur J.N. Collie, H.B. Dixon et J.P. Baker, arrive en compagnie du premier guide suisse. Peter Sarbach.4 Deux ans plus tard, le Canadien Pacifique engage deux guides licenciés Edouard Feuz et Christian Hasler d'Interlaken en Suisse, les premiers d'une colonie de guides qui au cours des années ont servi une clientèle enthousiaste au Lac Louise, à Field et à Glacier. L'affluence des visiteurs incite la compagnie à construire deux annexes à l'hôtel Glacier House. La seconde achevée en 1906 porte le nombre de chambres à 90.5

À l'origine, la réserve des Glaciers s'étend sur une surface rectangulaire d'une longueur d'environ dix kilomètres sur une largeur de sept kilomètres qui englobe le col Rogers, la voie de raccordement en contrebas de la gare Glacier, les monts MacDonald et Avalanche et la langue du glacier Illecillewaet. Chose curieuse, elle ne comprend pas le pic Syndicate, qui sera appelé plus tard mont Sir Donald, bien que l'arrêté en conseil autorisant la constitution en réserve en ait expressément prévu l'inclusion.6 Les premiers travaux sont exécutés par le Canadien Pacifique et consistent surtout en l'aménagement de sentiers d'excursion qui conduisent au glacier Illecillewaet aussi appelé glacier « Great », au lac Marion sur le versant du mont Abbott et à d'autres endroits avoisinants. Vers 1903, Glacier House est un centre alpin très connu et bon nombre de montagnes environnantes ont été escaladées. La liste des premières et des deuxièmes ascensions de quelques-uns des plus hauts pics de la réserve dressée par A.O. Wheeler permet de constater que vers la fin de 1903, près de 40 montagnes ou sommets principaux ont été escaladés pour la première fois.7

Agrandissement du parc des Glaciers

Le 26 novembre 1903, la réserve est agrandie et comprend 16 cantons ou 1492 km2.8 Les motifs à l'appui de cet agrandissement ne sont pas précisés dans l'arrêté en conseil : « C'est le moment opportun d'étendre la superficie du parc afin d'y inclure les plus beaux paysages des alentours. » Il semble fort probable toutefois que le ministre de l'Intérieur ait accédé aux désirs de la population qui demandait de réserver au public une plus grande région montagneuse d'une beauté remarquable. La promulgation de la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux en 1911 entraîne la réduction de la superficie de plusieurs parcs nationaux. Afin d'exclure des terres jugées impropres à un parc, on retranche 280 km2 du parc des Glaciers, réduisant ainsi sa superficie à 1212 km2.9 En 1930, on fixe de nouvelles limites qui suivent les élévations de terrain et portent la superficie du parc à 1349 km2.10

Découverte des cavernes Nakimu

La découverte des cavernes Nakimu en 1904 par C.H. Deutschman de Revelstoke attire encore plus l'attention sur le parc des Glaciers et, en conséquence, le gouvernement entreprend le premier aménagement effectif du parc. Quoique né aux États-Unis, Deutschman est un citoyen canadien naturalisé. Il découvrit cet endroit extraordinaire en faisant de la prospection à proximité du ruisseau Cougar. Plus tôt durant l'année, Deutschman avait exploré la région en raquettes mais la neige profonde et molle l'empêchait d'avancer. Il y retourne en octobre et, tout en remontant le cours du Cougar, il s'aperçoit tout à coup que le lit du ruisseau est à sec.

Je pouvais entendre l'eau couler devant, et en poursuivant mon chemin, j'ai constaté que le ruisseau disparaissait dans le sol par un grand trou situé au pied des grosses chutes. Près de là, j'ai trouvé une autre vaste ouverture dans le rocher, par laquelle je suis entré dans la grotte que j'ai explorée jusqu'à ce que l'absence de lumière me force à rebrousser chemin. Au cours d'explorations ultérieures, je devais me rendre compte que ce jour-là, le 22 octobre 1904, j'avais découvert l'ensemble de cavernes le plus important au Canada. J'ai passé les quelques jours qu'il me restait à essayer de découvrir d'autres entrées. En tout, j'en ai découvert sept, dont certaines étaient grandes et d'autres juste assez larges pour me permettre de m'y faufiler.11

Deutschman protège sa découverte en jalonnant deux concessions minières d'une superficie de 914 m sur 457 m et en les enregistrant à Revelstoke. En avril 1905, Deutschman accompagne le premier visiteur dans les grottes. Il s'agit de A. Johnston, l'éditeur du Revelstoke Mail-Herald. En mai, il revient avec un groupe de 12 personnes, dont le directeur du parc des Montagnes-Rocheuses, Howard Douglas, un ingénieur des mines, W.A. Ayres, R.B. Bennett de l'Associated Press de Vancouver. Plus tard, à titre de représentant de la Couronne, Douglas entame des négociations avec Deutschman dans le but d'acheter les deux concessions. Ce dernier renonce finalement à ses titres de propriété moyennant 5000 $.12

Aménagement des cavernes et ouverture de sentiers

Il semble que lorsque Deutschman a accepté de vendre ses droits sur les grottes il ait convenu avec Douglas Howard de participer à l'aménagement et à l'exploitation de celles-ci.13 Que la déclaration de Deutschman à cet effet soit exacte ou non, il demeure que Douglas a proposé qu'on engage Deutschman en qualité de gardien et que par la suite ce dernier a été embauché sur une base saisonnière. Au début de 1906, Douglas veille à ce que l'on ouvre un sentier du réservoir du chemin de fer à l'est de la gare Ross Peak jusqu'aux cavernes. On autorise Deutschman à construire des cabanes de bois rond près de la gare et des grottes pour héberger les visiteurs. La Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique ouvre et entretient un autre sentier de Glacier House jusqu'au réservoir, qui rejoint le sentier menant aux grottes. En 1911 et 1914, le Service des parcs transforme la piste pour cavaliers en un chemin carrossable. En 1915, une diligence transporte les visiteurs de l'hôtel à la fin du chemin, à environ deux kilomètres de l'entrée des cavernes. Chaque année, Deutschman a continué à explorer les grottes; il s'est construit un pavillon et a en outre installé des échelles, des rampes et d'autres dispositifs pour les visiteurs. En 1915, à la suite d'un arpentage fait par O.S. Finnie, ingénieur du ministère de l'Intérieur, on perce un tunnel à travers le rocher afin qu'il soit plus facile d'entrer dans les grottes inférieures.

Les premiers comptes rendus sur les caractéristiques uniques des cavernes, rédigés par W.S. Ayres et Arthur O. Wheller, ont été publiés dans le rapport annuel de l'arpenteur en chef du Canada.14 Le 29 mai 1905, Ayres a guidé une équipe d'inspecteurs dans les grottes et, pendant les trois derniers jours du mois, il effectue d'autres visites en compagnie de Deutschman. Wheller, membre du personnel des Levés topographiques du Canada, fait également une étude approfondie des lieux en août 1905. Le compte rendu de Wheeler, auquel était joint un plan indiquant l'étendue des grottes, contient une description très détaillée des différents passages qui ont été explorés. En 1927, un autre ingénieur du ministère, C.M. Walker de Banff, procède à l'étude des grottes inférieures. Pendant la dépression des années 30, les budgets des parcs sont fortement réduits et, en 1932, le poste de gardien est supprimé. Peu de temps après, les cavernes sont interdites au public par mesure de sécurité.15 Plus tard, on en autorise l'accès aux personnes munies d'un permis et chargées d'effectuer des observations scientifiques. Les études effectuées par un consultant de 1965 à 1969 en fournissent une meilleure connaissance et permettent de découvrir de nouveaux passages.

Le tunnel Connaught

Percé dans le mont Sir Donald par le Canadien Pacifique et ouvert en décembre 1916, le tunnel Connaught marque le début d'une ère nouvelle au parc des Glaciers. En effet, les grandes pentes, le coût élevé de l'exploitation de la ligne traversant le col Rogers et de l'entretien des pare-neige, ainsi que les accidents occasionnels provoqués par les avalanches, avaient incité la compagnie à percer un tunnel dès 1913. La pire avalanche est survenue en mars 1910 au moment où une équipe travaillait à dégager un train. Soixante-deux hommes furent ensevelis.

Des chantiers de construction sont établis à environ deux kilomètres du sommet du mont Sir Donald et à chaque extrémité du tunnel projeté, qui devait s'étendre sur environ huit kilomètres. Les équipes de forage se rencontrent le 9 décembre 1915 et, le 17 juillet 1916, le gouverneur général, le duc de Connaught, préside à l'inauguration du tunnel. Le 9 décembre 1916, la nouvelle ligne entre en service.16 En plus d'éliminer le besoin de pare-neige dans le col Rogers, le tunnel permet d'abaisser la pente de 164 m.

Le déplacement de la voie ferrée entraîne la fermeture de la station et du chantier au col Rogers. Il faut construire une nouvelle gare juste à l'ouest du tunnel. On déménage ou démolit tous les bâtiments mais on laisse les murs de la rotonde. Comme la nouvelle ligne contourne Glacier House, on construit une route jusqu'à la nouvelle gare en utilisant une partie de l'ancienne rampe. À partir de 1917, l'hôtel Glacier House n'est ouvert que pendant l'été, mais durant plusieurs années il est pratiquement comble. Construit en 1923 par le Canadien Pacifique près des cavernes Nakimu, un salon de thé est ouvert de 1924 à 1927. Toutefois, la fermeture de Glacier House par la compagnie de chemins de fer le 15 septembre 1925 marque la fin d'une époque.17 Pendant quatre ans, le bâtiment reste intact, mais à la fin de 1929 tous les meubles et les plafonniers sont enlevés et un entrepreneur démolit le bâtiment et brûle les décombres. Plus tard, le titre de propriété sur le terrain où étaient construits la gare Glacier et le Glacier House est cédé à la Couronne.

Diminution du nombre de visiteurs

La fermeture et la démolition de Glacier House entraînent une diminution du nombre de visiteurs dans le parc des Glaciers. Les guides suisses sont partis et on ne trouve plus dans le parc ni chevaux de louage ni diligences. Le propriétaire du magasin situé à la gare du col Rogers s'installe dans un local neuf près de la nouvelle gare Glacier. Certains visiteurs peuvent loger dans le magasin mais les autres doivent dormir sous la tente. On ne compte un nombre considérable de visiteurs que lorsqu'un club d'alpinisme vient faire une excursion dans le parc. Les cavernes Nakimu restent toutefois ouvertes au public pendant plusieurs années. En 1919, C.H. Deutschman accepte un emploi mieux rémunéré aux États-Unis et son successeur, George Steventon, demeure à son poste durant plusieurs années avant la fermeture des grottes. Deutschman est décédé au Connecticut en 1967.

Protection contre les avalanches

La décision de faire passer par le col Rogers la route transcanadienne reliant Golden à Revelstoke entraîne un regain d'activité dans le parc national des Glaciers. Les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique ayant arpenté le terrain, une équipe d'employés du parc commence à défricher la plate-forme. En 1958, un entrepreneur commence à construire la route et, en 1962, on applique la première couche d'asphalte. Parmi les nombreux problèmes posés par l'entretien de la route, celui des avalanches est le plus sérieux. Il a été possible de le résoudre en partie en construisant plus de 823 m de pare-neige de béton à des endroits critiques. Toutefois, ce n'est qu'en établissant une station d'observation sur le mont Fidelity qu'il a été possible de prévoir les avalanches entre la limite est du parc et le cañon Albert. Dans cette station, un personnel hautement qualifié réunit les données enregistrées et transmises par des appareils automatiques, qui lui parviennent de deux observatoires situés à une altitude élevée, et peut ainsi prévoir les avalanches. Les pentes dangereuses sont ensuite stabilisées au moyen d'explosifs lancés dans la zone de déclenchement de l'avalanche par des obusiers manoeuvres par un détachement de l'Artillerie canadienne. On érige la première station d'observation sur le mont Abbott en 1956 et le deuxième au col Balu en 1958. La principale station, située au mont Fidelity, a été complétée en 1961.

Administration du parc

Depuis la création du parc des Glaciers et jusqu'en 1908, le directeur du parc national de Banff assure la surveillance du parc des Glaciers. En 1909, on nomme un directeur des parcs des Glaciers et de Yoho, dont le bureau est à Field. À la suite de la décision de faire passer la route transcanadienne par les parcs des Glaciers et du Mont-Revelstoke, on nomme en 1957 un directeur pour les deux parcs, dont le bureau est situé à Revelstoke dans un immeuble loué.

Bâtiments du parc

Au parc des Glaciers, le premier chalet des gardes est construit en 1914 sur la route menant aux cavernes Nakimu, près de la gare Glacier. En 1916, trois gardes saisonniers sont en fonction et des pavillons sont érigés aux ruisseaux Stoney et Flat, et à la gare Glacier. En 1921, on construit une baraque, une écurie et un nouveau chalet de gardes à proximité de Glacier House. La pavillon situé au ruisseau Stoney, qui était un ancien bâtiment du Canadien Pacifique, est remplacé en 1936 par une construction neuve et, en 1947, celui du ruisseau Flat l'est aussi. Des postes de guet sont construits au ruisseau Grizzly en 1929, à la rivière Beaver en 1941, au ruisseau Mountain en 1952 et à la montagne Bald en 1953. En 1961, un nouveau bâtiment érigé au sommet du col Rogers remplace le pavillon de Glacier qu'il avait fallu fermer en raison de la construction de la route transcanadienne. En 1964, un nouveau pavillon situé à proximité de l'entrée est du parc sur la route transcanadienne remplace celui du ruisseau Stoney.

Le bureau principal du parc est aménagé au col Rogers entre 1962 et 1965. Il comprend un service d'entretien de véhicules, des magasins et un édifice central dans lequel se trouvent les appartements du personnel et une salle à manger. En 1968, d'autres logements sont mis à la disposition des employés sous forme d'immeubles résidentiels. Un bâtiment érigé en 1962 à l'intérieur des limites orientales du parc sert à en surveiller l'accès.

Nouvelles installations

En 1964 est construite l'auberge Northlander, le premier établissement touristique à l'intérieur du parc depuis la fermeture de Glacier House en 1925. Au sommet du col Rogers, une auberge moderne offre toutes les commodités notamment une salle à manger, une piscine chauffée et une station-service. Les campeurs peuvent séjourner dans des terrains de camping partiellement équipés, achevés en 1963 et situés aux ruisseaux Loop et Illecillewaet à proximité de la route transcanadienne. En 1964, on commence à aménager un autre grand terrain de camping au ruisseau Mountain à 19 km à l'est du sommet du col Rogers. Achevé en 1970, ce terrain met à la disposition des campeurs 260 emplacements pour les tentes et 46 pour les caravanes.

Activités récréatives

Au parc des Glaciers, les activités les plus populaires sont l'équitation, l'alpinisme et les excursions. Durant de nombreuses années, les alpinistes se réunissent à l'hôtel Glacier House, mais après la démolition de l'hôtel en 1929, ils doivent établir des campements. En 1945, le Club alpin du Canada achète une ancienne maison du Canadien Pacifique et s'en sert durant une partie de l'année. En 1947, le club érige le refuge A.O. Wheeler presqu'en face de l'emplacement de l'ancien hôtel Glacier House. Entre 1909 et 1911, le Service des parcs construit un sentier partant du col Rogers, remontant le ruisseau Bear jusqu'au col Balu, et se dirigeant vers l'ouest pour rejoindre le sentier des cavernes Nakimu. Le chemin coupe-feu ouvert entre 1911 et 1914 depuis Glacier House jusqu'au col Rogers sur la voie ferrée abandonnée devient une route entre 1940 et 1950. On construit également deux sentiers, dont l'un part du ruisseau Stoney-Sud et se rend au sommet de la montagne Bald en remontant le ruisseau Grizzly, et l'autre part du pavillon des gardes et remonte le ruisseau Flat. En 1961, la route d'accès à la station de prévision des avalanches du mont Fidelity est terminée. En hiver, on peut faire du ski au parc national des Glaciers. Lors de la construction de la route transcanadienne, on a installé un petit remonte-pente au col Rogers sur les versants du mont Cheops. Plus tard, le propriétaire de l'auberge Northlander rallonge la piste de ski et installe deux remonte-pentes. Les caractéristiques de la pente et des environs restreignent l'aménagement ultérieur de la région.

Le parc national des Glaciers comporte de nombreux centres d'intérêt exceptionnels tels les champs de neige, les glaciers et les profondes vallées boisées. Les cimes enneigées du mont Glacier constituent des défis pour l'alpiniste courageux et, lorsque les cavernes Nakimu seront ouvertes à nouveau au public, les visiteurs pourront admirer un exemple remarquable de galeries souterraines creusées par l'érosion fluviale. Selon un dicton, « aucune neige n'est aussi blanche, aucun nuage n'est aussi radieux et aucune forêt n'est aussi verte que dans les monts Selkirk. » Après de nombreuses années, on a finalement construit une route moderne qui permet à un nombre toujours croissant de visiteurs d'admirer les attraits du parc.

Références

1. Gibbon J. M., Steel of Empire.

2. Wheeler A.O. The Selkirk Mountains, Stovel Company, Winnipeg, 1912, p. 20.

3. Ibid., p. 23.

4. Ibid., p. 27.

5. Longstaff F.V., Historical Notes on Glacier House, Canadian Alpine Journal, 1948, p. 195.

6. Arrêté en conseil C.P. 1880, 10 octobre 1886.

7. Wheeler A.O., The Selkirk Range, Imprimeur du gouvernement, Ottawa, 1905, p. 374.

8. Arrêté en conseil C.P. 1950, 26 novembre 1903.

9. Arrêté en conseil C.P. 1138, 8 janvier 1911.

10. Arrêté en conseil C.P. 134, 11 février 1930.

11. Deutschman C.H., Old Grizzly, manuscrit inédit, Dossier G.324 du Service des parcs nationaux. Vol. 2.

12. Arrêté en conseil, 26 décembre 1906.

13. Deutschman, Old Grizzly.

14. Rapport de l'arpenteur en chef pour l'année se terminant le 30 juin 1906, Imprimeur du roi, Ottawa.

15. Dossier G.2 du Service des parcs nationaux, 7 mai 1935.

16. Dossier G. 17 CP 1 du Service des parcs nationaux, 15 décembre 1916.

17. Longstaff F.V., Lettre dans le Vancouver Star, 9 février 1929, Dossier G. 17 C.P. 8 du Service des parcs nationaux.


Le parc national des Lacs-Waterton

À la suite de sa création en 1895, le parc forestier des Lacs-Waterton ou Kootenay est devenu un lieu de camping et de pique-nique fréquenté par les résidants des villages des alentours, notamment de Pincher Creek, de Cardston, de Fort MacLeod et de Lethbridge. Les visiteurs semblent apprécier le caractère sauvage de cette région, d'autant plus que le ministère de l'Intérieur n'avait pris aucune mesure pour aménager le parc ou le pourvoir de services. Il constitue essentiellement une réserve forestière sans surveillance ou protection particulière. Les habitants munis d'un permis peuvent y couper du bois et les règlements en vigueur prévoient la prospection pétrolière et l'établissement d'une réserve comprenant des terres pouvant contenir des gisements pétroliers. Malgré le ralentissement de la première ruée vers le pétrole de 1890-1891, l'intérêt suscité par les ressources pétrolières de cette région est ranimé en 1898 lorsqu'un arrêté en conseil autorise la constitution d'une réserve de terrains destinés à la prospection pétrolière, ainsi que la vente ultérieure de ces terres.1 Un an auparavant, John Lineham, d'Okotoks, un ancien député de l'Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, avait établi une réserve de terres destinées à l'exploration pétrolière le long du ruisseau Oil, appelé aujourd'hui ruisseau Cameron. En 1901, il crée la Rocky Mountain Development Company (Société d'exploitation des montagnes Rocheuses). Peu de temps après, il achète, à un prix variant entre 1 $ et 3 $ l'acre, 1600 acres (647,5 ha) de terres pouvant contenir des gisements pétrolifères. En novembre 1901, Lineham transporte un appareil de forage dans l'étroite vallée du ruisseau et établit un camp de forage ainsi que le plan du lotissement urbain d'« Oil City ». En 1902, il découvre du pétrole à une profondeur de 311 m. Vers la fin de 1907, il creuse trois puits supplémentaires, mais la quantité de pétrole produite est insuffisante pour permettre une exploitation.2

La Western Oil and Coal Company (société de pétrole et de charbon de l'ouest) tente de découvrir des gisements de pétrole importants. En 1906, elle fore un puits de 521 m à un endroit maintenant situé dans le lotissement du parc Waterton. En octobre 1905, ce puits produit un baril de pétrole par jour, mais après l'effondrement de ses parois, on n'y trouve plus que des poches de pétrole.3

Propositions visant à agrandir le parc

En 1905, plus de la moitié des lots de terrain qui constituent le parc sont réservés à l'exploration pétrolière et les activités connexes préoccupent certains habitants de la région intéressés à la conservation. Le 21 septembre 1905, dans une lettre adressée au secrétaire de l'Intérieur, F.W. Godsal, de Crowley, lui propose de protéger les intérêts du public et d'envisager la possibilité d'agrandir le parc. Godsal avait été l'instigateur de la création du parc en 1895 et, dans sa lettre, montre que les usagers du parc en connaissent très bien les attraits naturels et le potentiel récréatif.

Récemment, j'ai de nouveau visité la région et je puis vous dire que les paysages qui s'y trouvent sont d'une beauté et d'une majesté incomparables et sans égal dans nulle autre région, même à Banff. En outre, un très grand nombre d'habitants des villages de Pincher Creek, de MacLeod, de Cardston et d'ailleurs s'y rendent chaque année pour camper puisque c'est maintenant le seul endroit qui s'y prête. Par conséquent, il est essentiel de préserver ce bel endroit pour le public. Tout d'abord, je doute que la réserve soit assez grande à cette fin étant donné que le sol y est très rocailleux et impropre à la culture ou à la colonisation. Elle peut donc être agrandie sans nuire à personne. De plus, puisque certains groupes peuvent y forer des puits de pétrole, ce que personnellement je regrette, mais peut-être le paysage doit être sacrifié à l'argent, il est essentiel d'y établir des restrictions semblables a celles en vigueur à Banff, je crois, afin d'éviter qu'il soit détruit ou enlaidi... J'espère que cette lettre parviendra au ministre de l'Intérieur qui me connaît et qui s'intéresse sincèrement aux habitants de l'Alberta.4

Suite à la lettre de Godsal, W.T. Margach, garde forestier en chef du ministère de l'Intérieur à Calgary, est chargé d'inspecter la région. Le 4 mai 1906, Margach présente au secrétaire de l'Intérieur, un rapport sur les « terrains pétrolifères de l'Alberta » ainsi que sur les activités de la Western Oil and Coal Company (société de pétrole et de charbon de l'Ouest), la seule société qui effectue des explorations pétrolières dans la réserve à ce moment-là. Bien qu'elle n'ait pas découvert d'importants gisements de pétrole, la société avait utilisé, en 17 mois, plus de 2956 m de bois de construction et 1100 cordes de bois pour chauffer les appareils de sondage à vapeur.5 Plus de 50 ans plus tard, le Service des parcs nationaux a racheté des héritiers de John Lineham, pour plus de 50 000 $, le reste des lots du parc accordés à celui-ci pour la production de pétrole.

Le rapport de Margach reflète également les opinions de la plupart des inspecteurs du ministère concernant l'exploitation des ressources. Margach note qu'en dépit de l'exploitation des puits de pétrole, la superficie du parc est assez grande puisque, selon lui, les aires de loisirs sont secondaires par rapport à l'exploitation des richesses minérales et des industries du pays, et qu'en outre il ne voit aucun terrain adjacent à la réserve actuelle qui puisse lui conférer une plus grande valeur ou lui ajouter certains attraits qu'elle ne possède déjà.

Il recommande cependant que l'exploitation ne s'étende pas jusqu'aux rives du lac Upper Waterton et que la superficie accordée soit restreinte aux terrains essentiels à l'exploitation prévue. Le directeur du service forestier transmet au sous-ministre de l'Intérieur un résumé du rapport de Margach et lui recommande de ne prendre aucune mesure en attendant que soit présenté au Parlement un projet de loi relatif à l'établissement de réserves forestières qui engloberaient le parc forestier des Lacs-Waterton ou Kootenay.

Réserve forestière des Lacs-Kootenay

Le 13 juillet 1906, la Loi des réserves forestières fédérales entre en vigueur6 et crée, autour des lacs Waterton, la réserve forestière des Lacs-Kootenay qui sera, ainsi que d'autres réserves, placée sous la surveillance et la direction du surintendant du service forestier à Ottawa. Le 27 mai 1907, ce dernier demande à l'inspecteur Margach de faire un rapport sur la région « étant donné qu'on désire prendre des dispositions pour la bonne gestion de la réserve en question. »7 Bien que les dossiers du ministère ne contiennent aucun exemplaire de ce rapport, le ministère de l'Intérieur prend le 1er avril 1908, des mesures en vue d'établir une administration locale lorsque le parc des Montagnes-Rocheuses ainsi que d'autres parcs sont placés sous la direction du directeur du service forestier à Ottawa. Le député John Herron et John George (Kootenai) Brown, qui occupait depuis 1892 la seule propriété immobilière transmissible par succession de la réserve forestière, appuient la proposition de transformer la réserve des Lacs-Kootenay en parc national. Après avoir consulté Brown, Herron recommande au directeur du service forestier de confier la surveillance du parc à M. Brown. La recommandation du directeur du service forestier au sous-ministre est par la suite adoptée et Brown est nommé garde forestier du parc le 1er avril 1910.8 Bien qu'il soit alors âgé de 70 ans, ses aptitudes à remplir ces fonctions sont exceptionnelles étant donné qu'il a été l'agent des pêcheries du ministère de la Marine et des pêcheries dans cette région depuis le 1er janvier 1901. Il occupe le poste de garde forestier jusqu'au 31 mars 1912 et exerce les fonctions de directeur intérimaire du parc jusqu'au 11 septembre 1914.

Création du parc des Lacs-Waterton

Les mesures prises en 1911 ont des répercussions considérables sur l'avenir de la réserve des Lacs-Kootenay ou Waterton. La première de ces mesures est l'adoption de la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux,9 qui contient des dispositions sur la gestion des réserves forestières et des parcs fédéraux (nationaux) ainsi que sur la constitution en parcs fédéraux des terres comprises dans les réserves forestières. La seconde est la création d'une nouvelle direction au sein du ministère de l'Intérieur, le Service des parcs fédéraux, destiné à assurer la gestion des parcs actuels et futurs sous la direction d'un commissaire. Par la suite, on crée le 8 juin 1911, sur la réserve forestière agrandie des Montagnes-Rocheuses, le parc national des Lacs-Waterton dont la superficie est réduite à 35 km2.10 Cette diminution du parc, qui ne lui laissait guère plus que le versant des montagnes bordant les rives occidentales des lacs Upper et Middle Waterton a dû fortement décevoir non seulement le nouveau garde forestier mais aussi toutes les personnes qui avaient recommandé l'agrandissement du parc. Il appert que le nouveau commissaire des parcs à Ottawa, J.B. Harkin, n'était pas responsable de la diminution de la superficie des parcs des Lacs-Waterton, des Montagnes-Rocheuses et de Jasper. En effet, la nouvelle loi augmentait l'étendue des réserves forestières récemment agrandies aux dépens des anciens parcs et réserves. Les raisons qui ont motivé cette mesure sont en partie expliquées dans une lettre adressée par le directeur du service forestier R.H. Campbell à F.K. Vreeland de New York, membre actif du Campfire Club of America. Ce groupe prônait l'agrandissement au Canada du nouveau parc national Glacier au Montana, afin de préserver la faune menacée d'extinction. Vreeland avait exprimé sa déception concernant la diminution de l'étendue du parc des Lacs-Waterton alors qu'un agrandissement avait été prévu. Campbell commente la situation en ces termes :

La politique de l'ancien ministre (le gouvernement avait été défait aux élections du 11 septembre) à l'égard des réserves forestières semble causer une certaine confusion. Le ministre était d'avis de créer des réserves forestières pour assurer la protection des forêts et, au besoin, du poisson et du gibier. En vertu de la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux adoptée par le Parlement au cours de l'été, la totalité du versant oriental des montagnes Rocheuses canadiennes devient une réserve forestière, et cette loi, dont je joins une copie à ma lettre, prévoit l'établissement de tous les règlements nécessaires à la protection non seulement de la forêt mais aussi du poisson et du gibier. La conception du ministre était très différente de celle qui est communément acceptée. Selon lui, un parc devait être un endroit qui attire le public et lui donne toute la liberté possible de se déplacer. À cette fin, il estimait qu'il n'était pas nécessaire que les parcs soient très vastes et qu'au contraire ils pourraient même être plus petits que les parcs déjà établis. Par conséquent, vous comprendrez que la diminution de la superficie du parc ne visait pas à restreindre l'espace réservé à la protection de la faune, mais simplement à réduire l'étendue que le public est invité à visiter gratuitement, et que la protection de la faune devait être assurée par les règlements relatifs aux réserves forestières.11

Agrandissement du parc

Fort heureusement, moins de trois ans plus tard, la superficie du parc des Lacs-Waterton sera agrandie. Sur une recommandation du nouveau commissaire, J.B. Harkin, appuyée par le public, les limites du parc sont redéfinies, le 14 juin, afin d'inclure une superficie de 1095,5 km2.12 Le parc ainsi agrandi comprend la région pittoresque de la principale chaîne des Rocheuses située à l'est de la ligne de partage des eaux, au nord de la frontière jusqu'au col Kootenay Nord et à la rivière Carbondale. Il comprend aussi la partie canadienne du lac Upper Waterton ainsi que les lacs Middle et Lower Waterton et une partie de la vallée de la rivière Belly. Pour mettre fin à la rivalité interministérielle au sujet de la protection de la faune du parc, un arrêté en conseil place sous la responsabilité du directeur du service forestier, le secteur du parc formé des bassins de la rivière Castle et du ruisseau Scarpe, à l'exclusion de la faune qui demeure sous la responsabilité du commissaire des parcs nationaux.13 Toutefois, le service forestier et le Service des parcs nationaux ne sont pas satisfaits de cette mesure et, en 1921, le secteur nord-ouest du parc qui était placée sous une double administration est retiré du parc et sera plus tard inclus dans la réserve forestière des montagnes Rocheuses.14 La superficie du parc, qui est alors de 570 km2, reste inchangée jusqu'en 1947 lorsqu'un terrain de bois brûlé de 41 km2, situé à l'extrémité sud-est du parc, est retranché de ce dernier. Cette mesure a été prise à la suite de négociations avec l'Alberta sur la question de la détermination de la superficie nécessaire à la création d'un parc national, qui se sont soldées par l'acquisition de terres supplémentaires en vue de l'agrandissement du parc national de Elk Island. La superficie du parc national des Lacs-Waterton est diminuée une dernière fois en 1955 lorsque 305 ha adjacents à la rivière Belly sont enlevés afin de permettre à la bande indienne d'avoir plus facilement accès à sa concession forestière située au sud-est du parc.

Arpentage du lotissement urbain

Le parc des Lacs-Waterton, qui n'était à l'origine qu'un centre de villégiature fréquenté par les habitants de la région, est devenu progressivement un parc international aux nombreux attraits. L'arpentage de la première section du lotissement actuel du parc est effectué en 1910 et le premier établissement destiné à l'hébergement des visiteurs est construit en 1911. Des services fournis par des concessionnaires, notamment la location de bateaux et de chevaux de selle, permettent aux visiteurs d'admirer plus de curiosités naturelles. En raison de la popularité croissante de l'automobile, des routes panoramiques sont construites dans plusieurs vallées du parc. Le nombre de visiteurs augmente alors rapidement. Le lotissement initial du parc est agrandi, des lots sont accordés pour la construction de chalets d'été et l'établissement de commerces essentiels, et le noyau d'un lotissement urbain permanent et occupé pendant toute l'année est établi. En 1932, une loi complémentaire votée par le Parlement du Canada et le Congrès des États-Unis crée le parc international de la paix Waterton-Glacier qui comprend le parc national Glacier du Montana et celui des Lacs-Waterton.15 Bien que les deux parcs qui constituent le parc international gardent chacun leur administration respective, le lien qui existe est renforcé en 1935 par l'achèvement de la route internationale du mont Chief qui relie les deux parcs et permet aux visiteurs en provenance du sud de la frontière de se rendre directement au parc des Lacs-Waterton.

L'augmentation du nombre d'activités et de services offerts aux visiteurs ainsi que l'amélioration des voies d'accès au parc ont entraîné un accroissement sans précédent du nombre de touristes. Le total de visiteurs, qui s'élevait à 2000 personnes en 1910, atteint le chiffre de 20 000 en 1921, de 115 000 en 1940 et de 350 000 personnes en 1960. Un nouveau record est atteint en 1968 lorsque plus d'un demi-million de personnes visitent le parc. Bien qu'il demeure l'un des plus petits parcs nationaux de montagne, le parc des Lacs-Waterton offre néanmoins un éventail d'attraits naturels qui séduiront sans aucun doute un nombre toujours croissant de visiteurs.


Références

1. Arrêté en conseil C.P. 1822, 6 août 1898.

2. Rodney, W., Kootenai Brown p. 184.

3. Dossier W. 2, Vol. 1, Service des parcs nationaux, 4 mai 1906.

4. Dossier 559260 du ministère de l'Intérieur.

5. Dossier W. 2, Vol. 1, Service des parcs nationaux.

6. Statuts du Canada, chap. 14, 6, Edouard VII.

7. Dossier W. 2, Vol. 1, Service des parcs nationaux.

8. Rodney, W., p. 192.

9. Statuts du Canada, Chap. 10, 1-2, George V.

10. Arrêté en conseil C.P. 1338, 1911.

11. Dossier W. 2, Vol. 1, Service des parcs nationaux, 18 décembre 1911.

12. Arrêté en conseil C.P. 1165, 24 juin 1914.

13. Arrêté en conseil C.P. 2595, 18 septembre 1917.

14. Arrêté en conseil C.P. 2556, 20 juillet 1921.

15. Statuts du Canada, chap. 55, 22-23, George V.


Le parc national de Elk Island

Au début du XXe siècle, l'intérêt manifesté par le public à l'égard de la préservation de la faune aboutit à la création du parc national de Elk Island, première importante réserve de gibier administrée par le gouvernement fédéral. Le 15 août 1903, W.H. Cooper, garde-chasse des Territoires du Nord-Ouest à Edmonton, attire l'attention de Frank Oliver, son député fédéral, sur la nécessité de protéger un petit troupeau de wapitis qui se trouve dans les Beaver Hills à proximité du lac Island, à l'est d'Edmonton. D'après Cooper, ce cheptel d'environ 75 têtes constituait le plus important troupeau du genre au Canada, à l'extérieur de ce qu'il appelait « les forêts inexplorées du Nord. » Dans une lettre adressée à Oliver, Warden Cooper propose de construire un enclos pour assurer la protection des wapitis. Oliver transmet cette lettre au ministre de l'Intérieur, Clifford Sifton.1

Réserve de wapitis

La région où se trouvaient les wapitis était située immédiatement au nord de la réserve forestière du lac Cooking, établie en vertu d'un décret du ministre de l'Intérieur le 5 juin 1899.2 Au cours de l'hiver 1903-1904, au moins 20 wapitis de la région de Beaver Hills sont abattus par des chasseurs, étant donné que la législation existante ne prévoit pas leur protection. D'importantes parties de chasse sont organisées au cours de l'hiver suivant et l'extermination des wapitis semble probable. En avril 1904, plus de 70 citoyens de la région d'Edmonton signent une pétition préconisant la construction d'une réserve close d'environ 41 km2 autour du lac Island, nommé également lac Astotin, pour assurer la protection des wapitis et la font parvenir à Clifford Sifton par l'intermédiaire de Frank Oliver.3 Des mesures visant à empêcher la colonisation des terres décrites dans la pétition sont prises par le ministère de l'Intérieur sur l'ordre du sous-ministre, James A. Smart.4

Le ministre approuve également une proposition émanant du commissaire des Territoires du Nord-Ouest à Regina, W. Elliot, selon laquelle les lois élaborées en vue de l'établissement de réserves forestières devraient prendre des mesures visant à assurer la protection du gibier qui s'y trouve.

Au cours du mois de février 1906, un groupe d'habitants de la région de Fort Saskatchewan, offre d'enclore, sous cautionnement, un troupeau d'au moins 20 wapitis à l'intérieur du futur parc, à condition que le gouvernement réserve un terrain à cette fin et le clôture. Le 28 mars 1906, un cautionnement de 5 000 $ signé par F.A. Walker et W.A.D. Lees, de Fort Saskatchewan, J. Carscadden et Ellsworth Simmons, d'Agricola et W.H. Cooper, d'Edmonton, est validé et approuvé par le gouvernement fédéral.5 La construction par contrat de l'enclos autour du terrain mis à part débute en 1906 et s'achève en 1907. D'après le cautionnement, ce terrain comporte les sections 13, 14, 15, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 34, 35 et 36 du canton 54, rang 20, et les sections 18, 19, 30 et 31 du canton 54, rang 19, toutes situées à l'ouest du quatrième méridien, soit une superficie de 41 km2 située dans la nouvelle province de l'Alberta.

Ellsworth Simmons, l'un des signataires de la pétition, est nommé garde de la réserve et embauche deux aides, Joseph Haskins et Percy Ashby. Une résidence est construite à l'intention de Simmons en 1907. En 1908, le sous-ministre autorise les dépenses qu'avait proposées Howard Douglas, commissaire des parcs pour Edmonton, pour la construction de clôtures transversales à l'intérieur du parc, qui délimiteraient ainsi des prairies où les animaux pourraient paître devant les visiteurs.

Toujours en 1908, Douglas, en s'appuyant sur les attestations de Haskin et Ashby, estime qu'au moins 24 wapitis et 35 cerfs-mulets se trouvent alors à l'intérieur de l'enclos, et le 4 août 1909, le sous-ministre de l'Intérieur libère de leur engagement les personnes qui s'étaient intéressées à la préservation de ces espèces.6 Connu tout d'abord sous le nom de parc Elk et par la suite de Elk Island, l'enclos est intégré dans la réserve forestière du lac Cooking lors de la création de celle-ci en juillet 1906, aux termes de la Loi sur les réserves forestières fédérales, qui prévoit la préservation de la faune.7 En 1911, cette loi est abrogée et remplacée par la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux8 qui prévoit l'établissement de parcs fédéraux ou nationaux comprenant des terrains situés à l'intérieur de réserves forestières. Le 13 mars 1913, un arrêté en conseil désigne officiellement le parc sous le nom de parc national de Elk Island.9

Achat d'un troupeau de bisons

L'arrivée au Canada en 1907 des premiers bisons des plaines achetés au Montana par le gouvernement canadien, modifie la fonction d'origine de la nouvelle réserve, qui était de servir de refuge aux wapitis. Ces bisons venaient d'un petit troupeau constitué en 1884 par l'achat de quelques animaux que Charles Allard et Michel Pablo élevaient sur la réserve des Indiens Flathead. En 1906, Pablo, alors seul propriétaire du troupeau, doit choisir entre la vente de ses bisons ou leur abattage lorsque les droits de pâturage qu'il détient sont révoqués pour donner libre essor à la colonisation. Lorsque l'agent adjoint de l'émigration à Great Falls au Montana, Alexander Ayotte, apprend le dilemne de Pablo, il insiste pour mettre le sous-ministre au courant de la possibilité d'acheter le troupeau. Le sous-ministre, W.W. Cory, propose l'achat des bisons au ministre, Frank Oliver, lequel obtient l'autorisation du premier ministre, Sir Wilfrid Laurier. L'achat du troupeau, estimé à environ 300 têtes, au prix de 245 $ le bison, est conclu par Ayotte et Howard Douglas, alors directeur du parc des Montagnes-Rocheuses et le troupeau est livré à Edmonton. L'enclos prévu pour les bisons à proximité de Wainwright en Alberta n'était pas prêt à recevoir les animaux et n'a été achevé qu'en 1909. Douglas prend alors les dispositions nécessaires pour que les premiers bisons de Pablo soient d'abord livrés par chemin de fer jusqu'à Lamont en Alberta et ensuite transportés vers le sud jusqu'au parc de Elk Island. On construit rapidement un enclos dans le parc, et le premier troupeau de 199 bisons arrive le 1er juin 1907. Un autre troupeau de 211 bisons arrive le 22 octobre. Au cours du mois de juin 1909, 325 bisons sont transportés du parc de Elk Island au nouveau parc national Buffalo à Wainwright10 où viennent les rejoindre d'autres bisons en provenance du Montana. En juin 1912, Pablo expédie sept derniers bisons, ce qui porte à 716 le total de bisons vendus.

Sur les 410 bisons qui sont parvenus au parc de Elk Island en 1907, 15 sont morts de blessures survenues au cours du voyage, 12 se sont noyés dans les marais du parc et dix ont disparu. À la suite du départ des animaux pour Wainwright, on estime que 48 bisons sont demeurés au parc de Elk Island.

Augmentation du nombre de bisons

Les bouvillons qui sont demeurés au parc de Elk Island se sont reproduits à un rythme soutenu, pour ne pas dire spectaculaire. En 1915, le troupeau compte 106 bisons et à la fin de l'année 1920 ce chiffre a plus que doublé. À la fin de 1927, la faune du parc comprend 729 bisons, environ 227 orignaux, 454 wapitis et 288 chevreuils. Par contre, les pâturages disponibles ne suffisent pas à nourrir cette quantité de gros gibier. En 1928, on construit un petit abattoir où 230 bisons sont tués. En 1935, le troupeau de bisons est estimé à 2000 têtes, et au cours des 37 années suivantes, environ 7000 bisons sont tués au cours d'abattages périodiques. Des vétérinaires compétents sont chargés d'examiner les viandes et d'en assurer la qualité et elles sont ensuite vendues surtout par soumissions avec les peaux.

Protection contre les maladies

Les examens des bêtes abattues et les analyses effectuées à intervalles réguliers ont démontré qu'il n'existait pratiquement aucune tuberculose bovine chez les animaux du parc de Elk Island, quoique l'on trouve parfois chez ceux-ci quelques maladies infectieuses propres au gibier. À la suite d'un examen visant à déceler les possibilités de maladies, un grand nombre de beaux animaux ont été offerts à des réserves reconnues et à des jardins zoologiques afin d'y être exposés. Par contre, la vente de bisons destinés à l'élevage ou à l'exploitation commerciale n'a été entreprise que beaucoup plus tard, surtout parce qu'on désirait conserver le caractère national du troupeau, et plus tard parce que cette mesure s'imposait en raison de la nécessité d'enrayer la progression de la brucellose, maladie que l'on avait dépistée dans le troupeau au milieu des années 1950. Un vaste programme visant à enrayer cette maladie, qui provoque chez les bisons la mort prématurée des veaux, est alors entrepris et les bisons sont soumis à un examen annuel, vaccinés et parfois abattus.

En 1966, l'infection est arrêtée, et le Service des parcs nationaux est disposé à répondre aux demandes concernant l'achat de bisons pour l'élevage commercial. En 1967, on vend par soumissions un groupe choisi de 25 bisons en surnombre à une ferme d'élevage de gibier située à Ormstown au Québec et on en donne 25 autres aux Pieds-Noirs de Gleichen en Alberta. La vente par soumissions de bisons destinés à l'élevage commercial se poursuit en 1968 et 1969, on reçoit des offres d'acheteurs venant de régions aussi éloignées que la Nouvelle-Écosse et la Colombie-Britannique. À la suite de ces ventes d'environ 500 bêtes, il reste dans le parc de Elk Island un troupeau d'à peu près 500 bisons, chiffre jugé raisonnable en raison des pâturages disponibles.

Arrivée du bison des bois

En 1965, on entreprend une nouvelle étape de préservation des bisons au parc national de Elk Island. Un troupeau isolé de bisons des bois avait été découvert avant 1959 dans la partie nord-ouest du parc de Wood Buffalo, dans les Territoires du Nord-Ouest. Un certain nombre d'entre eux sont transportés près de Fort Providence, dans les Territoires du Nord-Ouest, et 24 autres sont expédiés en 1965 au parc national de Elk Island et enfermés dans la région du parc appelée zone d'isolement située au sud de la route 16. Comme le bison des bois fait partie des espèces en voie de disparition au Canada, on isole les spécimens en provenance du parc de Wood Buffalo afin d'assurer que leur reproduction se fasse sous une surveillance très étroite. Après un examen, les bisons des bois présentant les symptômes de la tuberculose ou de brucellose ont été progressivement éliminés du troupeau et le nouveau troupeau est actuellement en bonne santé. L'introduction du bison des bois en provenance du nord, qui coïncide avec l'épidémie d'anthrax survenue entre 1962 et 1964 à l'intérieur et à l'extérieur du parc de Wood Buffalo, était prévue depuis plusieurs années.

Agrandissement

Pendant les 15 ans qui suivent l'arrivée des bisons du Montana, le parc de Elk Island demeure une réserve relativement petite de 41 km2. Comme les pâturages du parc ne suffisent plus à nourrir le troupeau de bisons qui croît de façon progressive et continue, le directeur du parc propose dans son rapport annuel pour 1920-1921 d'agrandir le parc vers le sud sur une distance de 8 km. En février 1922, on ajoute 91 km2 à la superficie du parc.11 Les nouvelles terres englobent une partie de la réserve forestière du lac Cooking, alors sous juridiction fédérale, reculent la limite du parc vers le sud jusqu'à l'extrémité nord de la route 16 et incluent deux concessions dont on avait fait l'achat. En 1926, on s'est également procuré les titres de propriété de plus de cent hectares de terrain de la Compagnie de la Baie d'Hudson en échange de terrains situés à l'extérieur du parc.12 Une clôture de 2,4 m de hauteur est construite autour des terres ajoutées au parc, et les bisons sont admis dans les nouveaux pâturages en décembre 1922.

En 1937, on entreprend des pourparlers avec l'Alberta lorsqu'on constate une fois de plus que les pâturages du parc de Elk Island ne suffisent plus au troupeau croissant d'orignaux et de wapitis. Vers cette époque, les cas de tuberculose bovine dans le troupeau du parc national de Buffalo près de Wainwright préoccupent les responsables de la gestion des parcs et il est nécessaire de prendre une décision relative à l'avenir des bisons qui se trouvent à l'intérieur des parcs nationaux de Buffalo et de Elk Island. Au cours des années 1938 et 1939, à la suite d'une enquête portant sur les causes biologiques de l'infection, le troupeau de bisons se trouvant à Wainwright est entièrement abattu de même qu'un grand nombre de wapitis, d'orignaux et de chevreuils. En vertu de la Loi sur les mesures de guerre, le parc national de Buffalo est mis à la disposition du ministère de la Défense nationale en mars 1940 pour servir à l'entraînement de l'armée canadienne pendant la deuxième guerre mondiale.

Le parc national de Elk Island constitue alors la plus importante réserve de bisons du Canada. Logiquement, le seul terrain qui se prête à un nouvel agrandissement du parc est situé au sud et forme une partie de la réserve forestière du lac Cooking qui relève alors du gouvernement provincial. Avant la promulgation de l'Alberta Natural Resources Act (Loi sur les ressources naturelles de l'Alberta) en 1930, la réserve forestière était gérée par le service forestier du gouvernement fédéral. En vertu d'une entente conclue le 9 janvier 1926 entre le gouvernement du Canada et l'Alberta au moment où l'on discutait du transfert des ressources à la province, le gouvernement canadien décide de conserver la gestion de la réserve forestière pour assurer la protection des forêts et pour s'en servir à des fins militaires.13 Toutefois, cette disposition n'était pas expressément prévue dans la Loi sur les ressources naturelles de l'Alberta et, à la suite du transfert des ressources en 1930, la province considère que la réserve est sous juridiction provinciale et y établit en 1941 des pâturages communautaires.

Dernier agrandissement du parc

Après la guerre, on reprend les pourparlers relatifs à l'agrandissement du parc de Elk Island. En 1947, le Canada et l'Alberta concluent une entente selon laquelle la province s'engage à céder au gouvernement canadien ses titres de propriété sur une région de 62 km2 au sud de la route 16 dans la réserve forestière, à condition que ce dernier retranche 16 sections de terres du parc national des Lacs-Waterton et abolisse les parcs nationaux Buffalo et Nemiskam. En vertu des dispositions de la Loi sur les ressources naturelles de l'Alberta, toute terre retranchée des parcs nationaux situés en Alberta ou qui ne sert plus aux fins d'un parc, revient à la province. La loi autorisant le transfert de terrains à la province est votée par le Parlement en juillet 1947 et la cession des terres par l'Alberta au gouvernement canadien pour l'agrandissement du parc national de Elk Island est effectuée la même année.14

Achat de terrains privés

Lorsqu'en 1922, les limites du parc de Elk Island sont reculées vers le sud jusqu'à l'extrémité nord de la route 16, les terres ajoutées au parc comprennent plusieurs propriétés privées. On a pris des dispositions afin d'acquérir la ferme Oster en 1923 et la ferme Sanson en 1926. Une autre terre englobant la section 13 du canton 53, rang 20, à l'ouest du 4e méridien, qui avait été incluse dans le parc par la loi à la suite de l'acquisition de terrains situés au sud de la route 16 et cédés par l'Alberta en 1947, demeure une propriété foncière libre à l'extérieur des limites du parc. En décembre 1954, le député de cette circonscription avise le ministre Jean Lesage de la possibilité d'acheter cette propriété pour l'intégrer au parc, mais aucune mesure n'est prise à cet égard faute de fonds disponibles. Moins de deux ans plus tard, cette question fut à nouveau soulevée.

En février 1956, le directeur du parc, B.I. Love, déclare qu'en raison des pluies abondantes qui étaient tombées sur le parc et ses environs au cours des deux dernières années, plusieurs champs qui fournissaient à l'administration du parc le fourrage nécessaire aux bisons et autre gros gibier pendant les mois d'hiver, étaient inondés. La propriété privée de John Winarski, qui se trouvait à l'intérieur du parc, comprenait plus de 243 ha dont 121 ha avaient été cultivées. D'après Love, ces terres pouvaient produire au moins 600 tonnes de fourrage évaluées à 24 000 $ sur le marché. Comme l'exploitation agricole existante du parc fournissait moins de la moitié de la quantité de fourrage requise chaque année, on entreprend des négociations en vue d'acheter la propriété de Winarski. À la suite d'une appréciation effectuée par un agent du ministère des Affaires des anciens combattants, le Conseil du Trésor autorise l'achat de cette terre en novembre 1956.15 Les titres de propriété de l'exploitation agricole, qui comprend plusieurs bâtiments, sont acquis en janvier 1957, moyennant un prix d'environ 20 500 $. Cette acquisition a pour effet non seulement d'agrandir la superficie de terres cultivables du parc, mais aussi d'éliminer toute propriété privée qui s'y trouvait.

Aménagement du parc

Pendant de nombreuses années, le parc de Elk Island est géré par un personnel peu nombreux et avec un budget restreint. En 1920, on ajoute un bureau à la résidence du directeur construite en 1907. En 1937, le personnel administratif s'installe dans un petit édifice érigé quelques années plus tôt pour servir de logement à l'ingénieur du parc. Cet édifice est agrandi en 1944, mais il ne peut accueillir le nombre croissant d'employés. Enfin, en i960, des crédits sont votés pour la construction d'un immeuble moderne, qui est achevé la même année. Il est situé à quelques centaines de mètres de la résidence du directeur dans la partie du parc réservée à l'administration et fournit des logements et des locaux adéquats au directeur et aux chefs des divers services chargés de la gestion du parc.

Les installations d'hébergement destinées au personnel étaient également inadéquates. Les gardes du parc étaient logés dans des bâtiments de qualité inférieure et les employés vivaient soit dans des dortoirs soit à l'extérieur du parc. La construction de logements modernes débute en 1945 avec l'érection de deux maisons individuelles près du siège administratif du parc et d'une troisième en 1946. On construit un nouveau logement pour les gardes en 1952 et deux duplex au centre administratif du parc en 1956 et 1959, ainsi que d'autres logements au cours des années 1961-1962 et 1964. Des logis pour le personnel sont construits à l'entrée ouest du parc en 1956 et à l'entrée nord en 1959. Les installations d'hébergement des gardes sont également agrandies et améliorées grâce à la construction au cours de l'année 1956-1957 d'un chalet moderne à l'intérieur de la zone d'isolement située au sud de la route 16. La résidence du directeur, l'édifice le plus ancien du parc, a été plusieurs fois rénovée et était encore habitée en 1975, après 67 années d'existence.

Service d'entretien

Les premiers bâtiments d'entretien ont été construits à proximité de l'édifice qui servait à la fois de logement et de bureau au directeur du parc entre 1930 et 1935. En 1938, on y ajoute une forge et une remise et, en 1947, on construit un entrepôt pour le matériel et l'approvisionnement. Des fonds sont accordés au cours de l'année 1961-1962 pour l'aménagement d'un nouveau secteur industriel qui comprend en 1964 de nouveaux entrepôts pour le matériel et l'approvisionnement et un garage moderne pour l'entretien des véhicules. Les services sont installés pendant l'année 1960-1961 au siège administratif. L'abattoir construit en 1928 est amélioré en 1938 par la construction d'un entrepôt pour les peaux et l'agrandissement de la chambre froide. La nécessité de construire un abattoir moderne devient évidente en 1946, mais il faut attendre jusqu'à 1951 avant de recevoir des fonds pour la nouvelle installation et la reconstruction de l'ancien édifice au prix de 48 000 $. Des chantiers de travail saisonniers pour l'exploitation agricole et l'amélioration des routes sont établis dans la partie septentrionale du parc en 1942 et dans la partie méridionale située au nord de la route 16 en 1945, mais ces aménagements seront plus tard abandonnés.

Construction de routes

Les premiers chemins construits à l'intérieur du parc n'étaient en réalité que des sentiers. En 1923, le directeur Coxford fait construire une route à partir du siège de l'administration du parc jusqu'à Sandy Beach et, dans son rapport annuel pour l'année 1924-1925, il annonce qu'une route a été tracée du nord au sud du parc et est ouverte au public. De 1931 à 1935, on améliore davantage les routes à l'intérieur du parc à l'aide de fonds destinés aux projets visant à créer des emplois pour les chômeurs. En 1942 et 1943, la route principale traversant le parc est déplacée et reconstruite ailleurs et, en 1963, des améliorations semblables sont apportées à la route partant de l'entrée nord du parc et menant à Sandy Beach. Entre 1964 et 1957, la route de l'entrée ouest est également améliorée de façon à rencontrer les normes du parc.

Etablissement d'installations de loisirs

Bien que le parc de Elk Island ait été créé à l'origine pour constituer une réserve de gibier, il allait devenir par la suite une aire de loisirs renommée dans les environs. Contrairement aux nombreux lacs et étangs des prairies se prolongeant vers le sud qui s'étaient asséchés ou étaient devenus plus petits, le lac Astotin a conservé un niveau d'eau satisfaisant. Le directeur du parc, Archibald Coxford, qui a remplacé Ellsworth Simmons vers la fin de 1909, a su profiter des attraits naturels de la région qu'embellissaient les îles boisées et les plages en pente. Coxford établit une aire de loisirs sur une pointe se prolongeant jusqu'au lac, à proximité de l'administration du parc, et aménage une passerelle reliant la pointe à une petite île, où l'on construit des cabines de bain. En 1923, on ouvre une route raccordant le centre administratif à Sandy Beach, la plus belle plage qui se trouve sur la rive opposée du lac. L'année suivante, les cabines de bain sont mises à la disposition des visiteurs.

Au cours des années suivantes, la région entourant Sandy Beach devient une importante aire de loisirs. Un terrain de camping comprenant des abris, des foyers et d'autres commodités est aménagé entre 1933 et 1935, et est par la suite agrandi et amélioré. Les anciennes cabines de bain sont remplacées en 1965 par un seul grand établissement pourvu de services. Un terrain de golf de neuf trous et un chalet sont construits au milieu des années 1930. En prévision de l'utilisation accrue du parc après la deuxième guerre mondiale, le Service des parcs nationaux loue des emplacements aux particuliers pour la construction de deux camps d'été, d'un restaurant, d'une salle de danse et d'une station-service à proximité de Sandy Beach. Par la suite, ces concessions n'attirent pourtant qu'une faible clientèle qui ne les utilise pratiquement que pendant les fins de semaine. Enfin, après plusieurs années d'exploitation à perte, toutes les concessions situées à l'intérieur du parc, sauf deux, ferment leurs portes, soit volontairement soit en raison de l'annulation de leurs baux due aux changements apportés à la politique relative au parc. Un salon de thé reste ouvert dans les locaux du club de golf et une cantine située à Sandy Beach est à la disposition du public pendant les mois d'été. L'agrandissement des aires de pique-nique, l'amélioration des possibilités de stationnement et l'aménagement du paysage ont contribué à accroître l'utilisation diurne de l'aire de loisirs de Sandy Beach.

Depuis sa création, le parc constitue un lieu idéal pour les rencontres, les pique-niques et les excursions. Un camp à l'intention des jeunes était établi dans le parc de Elk Island et est resté en activité pendant 35 ans jusqu'à l'expiration du bail en 1970. Une auberge de jeunesse construite en 1955 sur la rive sud du lac Astotin sous l'égide de l'Association canadienne des auberges de jeunesse sert depuis lors à héberger les jeunes voyageurs. Un lotissement destiné à la construction de chalets d'été, établi en 1921 à « Picnic Point » près du centre administratif du parc, comprend sept chalets. En 1972, ce nombre est passé à trois en raison de l'acquisition ou de l'annulation des baux. Au cours de la même année, le directeur du parc fait savoir aux autres locataires que leurs baux ne seront pas renouvelés et à la fin de 1973 les anciens propriétaires de chalets sont indemnisés en contre-partie d'un acte de vente à la Couronne. Les bâtiments sont démolis en 1975.

Enclos de bisons accessible en automobile

Des agrandissements successifs de la superficie du parc sont suivis par la construction et l'amélioration des routes à l'intérieur du parc en provenance de l'ouest, du nord et du sud. Une balade en voiture dans le parc permet généralement aux visiteurs d'observer des bisons et parfois des orignaux, des wapitis et des chevreuils. Toutefois, une forêt dense cachait un grand nombre de bisons et en 1963 il a été nécessaire de construire un enclos spécial, accessible en automobile, comprenant 38 ha de terrain. Cet enclos est situé à proximité de la route principale du parc, à mi-chemin entre l'entrée sud et Sandy Beach, et permet aux visiteurs d'examiner de près les bisons tout en demeurant dans leur voiture.

Musée ukrainien

En 1951, un musée très particulier est construit à proximité de Sandy Beach par le ministère pour rappeler la fondation par les immigrants d'origine ukrainienne de la première colonie située dans la région entourant le parc. Le bâtiment ressemble à une habitation ukrainienne typique, avec des murs blanchis à la chaux et un toit de chaume. On y trouve des meubles en bois fabriqués à la main ainsi qu'une cuisinière semblable à celles qui servaient autrefois à la cuisson et au chauffage, elle aussi faite à la main. L'ouverture officielle du musée par le premier ministre du Canada Louis St-Laurent a lieu le 5 août 1951. Au cours des années qui ont suivi sa construction, des particuliers et des organismes intéressés lui ont fait don de nombreux articles, notamment de gravures, représentant l'artisanat ukrainien. En 1963, la Ukrainian Pioneers Association of Alberta (L'Association des pionniers ukrainiens de l'Alberta) construit près du musée un monument taillé dans la pierre à la mémoire des premiers colons de la région.

On peut s'attendre à ce que le parc national de Elk Island continue à remplir sa double fonction de lieu de protection pour le gibier et de lieu de récréation en plein air pendant les années à venir. Il conserve les caractéristiques propres à la région de la forêt boréale qui comprend des tremblaies et des bois se composant d'arbres divers. On trouve dans ses clairières et ses prairies des spécimens superbes de la faune qui vivait autrefois dans cette région. Ses lieux de détente, aménagés de façon à se fondre au milieu naturel, offrent un éventail d'activités de plein air.


Références

1. Parcs Canada, dossier no E. 2 (Vol. I), Lettre de Frank Oliver à Clifford Sifton, 22 août 1903.

2. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1909, partie V, p. 25.

3. Parcs Canada, dossier no E. 2 (Vol. I), Lettre du 20 avril 1904.

4. Ibid., note de service du 27 juin 1904.

5. Ibid., Lettre du 12 février 1906 adressée par Frank A. Walker et W.A.D. Lees au ministre de l'Intérieur.

6. Ibid., Lettre du 19 août 1909 adressée par le secrétaire de l'Intérieur à F.A. Walker.

7. Statuts du Canada, 6 Edouard VII, chapitre 14.

8. Statuts du Canada, 1-2 George V, chapitre 10.

9. Arrêté en conseil C.P. 646, 27 mars 1913.

10. Parcs Canada, dossier no E. 232, Lettre du 17 janvier 1910.

11. Arrêté en conseil C.P. 377, 20 février 1922.

12. Arrêté en conseil C.P. 376, 13 mars 1926.

13. Ministère de l'Intérieur, dossier no 456, 23 avril 1930

14. Statuts du Canada, 11 George VI, chapitre 66.

15. Arrêté en conseil C.P. 1956-19/1606, 1er novembre 1956.


Le parc national de Jasper

Le parc national de Jasper doit sa naissance au projet de construction d'un second chemin de fer transcontinental traversant les Rocheuses. Le succès du Canadien Pacifique avait fait naître chez son aîné et rival dans l'Est du Canada, le Grand-Tronc, le désir d'une extension vers l'ouest. C.M. Hays, président du Grand-Tronc, propose en 1902 au premier ministre du Canada, Sir Wilfrid Laurier, de construire une voie ferrée qui partirait de Callendar en Ontario pour se rendre jusqu'au cours supérieur du canal Portland en Colombie-Britannique.1 Mais avant d'engager son gouvernement à appuyer le projet, Sir Wilfrid Laurier essaye d'obtenir la participation du Canadien-Nord dont les propriétaires avaient également l'intention de construire un prolongement jusqu'au Pacifique. Les démarches n'ayant pas abouti, le gouvernement accepte d'appuyer le projet et vote la Loi concernant le chemin de fer National Transcontinental qui reçoit la sanction royale en octobre 1902.2 La loi contient un accord prévoyant la construction d'un nouveau chemin de fer qui relie le Nouveau-Brunswick à la côte du Pacifique. Le tronçon est allant de Moncton à Winnipeg serait construit par le gouvernement mais administré sans contrat par la compagnie qui venait d'être constituée, Grand-Tronc - Pacifique, compagnie qui se chargerait de la construction et de l'administration ultérieure du tronçon ouest allant de Winnipeg à Prince Rupert.

Création du parc forestier

La route choisie pour traverser les Rocheuses est celle qui avait été initialement proposée pour la voie ferrée du Canadien Pacifique mais par la suite abandonnée. Elle suit les vallées des rivières Athabasca et Miette pour emprunter ensuite le col Yellowhead. La compagnie commence la construction du tronçon ouest en août 1905 près de Carberry au Manitoba et, le printemps suivant, 5 000 hommes sont au travail dans les Prairies.3 Le 14 septembre 1907, le gouvernement du Canada crée le parc national de Jasper s'étendant sur une superficie de 12 950 km2 que traversera la ligne de chemin de fer.4 Le parc comprend le bassin du cours supérieur de la rivière Athabasca et ses affluents, magnifique région de montagnes aperçue pour la première fois au tout début du XIXe siècle par les premiers commerçants de fourrures. Cette heureuse initiative semble avoir été inspirée par le ministre de l'Intérieur, l'honorable Frank Oliver, car c'est sur son ordre que le directeur du service forestier avait rédigé le projet de loi relatif à la création du parc. Le projet est établi sur le modèle de la Loi sur le parc des Montagnes-Rocheuses, mais l'examen de son contenu par le conseiller juridique du ministère a révélé que certaines de ses dispositions contredisaient celles des lois de la nouvelle province de l'Alberta. En conséquence, le gouvernement a créé la réserve par un arrêté en conseil, en vertu de la Loi des terres fédérales. Cette loi permet au gouverneur général en conseil de transformer une région en parc forestier « pour préserver les forêts poussant sur les cimes et les flancs des montagnes Rocheuses et maintenir pendant toute l'année un niveau convenable d'eau dans les rivières et cours d'eau qui prennent leur source dans les montagnes et traversent la province d'Alberta. » Avant la création du parc on avait envisagé de l'appeler Athabasca. Mais on a préféré à ce nom celui de Jasper d'après « Jasper House », ancien poste de traite fondé aux environs de 1813 par la Compagnie du Nord-Ouest sur le lac Brûlé.5 Ce poste de traite, que les premier journaux de la région appelaient aussi Rocky Mountain House ou Jasper's House, était confié en 1817, et probablement avant cette date, à un employé de la Compagnie du Nord-Ouest, Jasper Hawes.6

Le lac Maligne Lake
Le lac Maligne, parc national de Jasper, vers 1929.

Histoire de la région

La région du parc a une histoire intéressante, car c'est par les vallées des rivières Athabasca, Whirlpool et Miette que passait la piste Athabasca qu'empruntaient les premiers explorateurs, les commerçants de fourrures et les missionnaires pour aller de Fort Edmonton à la côte Pacifique. Un des tous premiers visiteurs de la région, David Thompson, a traversé, au cours de l'hiver 1810-1811, le col Athabasca à l'endroit où la Whirlpool prend sa source. Après la fusion de la Compagnie du Nord-Ouest et de la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1821, on a reconstruit Jasper House sur la rive ouest du lac Jasper à 22,5 km au sud de son emplacement initial.

Avant son abandon en 1884 environ, Jasper House a servi d'abri provisoire à un grand nombre de voyageurs célèbres, dont les rescapés de la mainmise en 1814 par la Compagnie du Nord-Ouest sur le poste de traite Astoria de John Jacob Astor, situé à l'embouchure du fleuve Columbia. Jasper House a aussi hébergé Sir George Thompson, gouverneur de la Compagnie de la baie d'Hudson, en 1824, le célèbre botaniste David Douglas en 1827, le père Pierre de Smet en 1846, et James Hector de l'expédition Palliser en 1859. En 1872, lors de la visite de Sandford Fleming et du révérend George Grant, chargés d'effectuer des études préliminaires relatives au chemin de fer, le poste avait perdu de son importance et ne s'ouvrait que deux fois par an et pour peu de temps pour le commerce avec les Indiens.7

Construction de la voie ferrée

Bien que sa fondation date de 1907, le parc Jasper doit attendre l'arrivée de la voie ferrée pour que commencent les premiers travaux d'aménagement. Les contrats pour la construction de la ligne du Grand-Tronc - Pacifique à l'est et à l'ouest de la rivière Snaring sont signés en 1909 et 1910.8 Les entrepreneurs, Foley, Welch et Stewart, construisent une voie ferrée de Wolf Creek en Alberta à Tête-Jaune Cache en Colombie-Britannique, le long de laquelle ils aménagent 50 campements pour les travailleurs. En août 1911, les rails sont posés jusqu'à la gare Fitzhugh, choisie comme point de raccordement, et la voie ferrée atteint le col Yellowhead en novembre de l'année suivante. La ligne se rendant au parc de Jasper est ouverte en avril 1912 et est raccordée à la gare de Prince Rupert en 1914. Après l'arpentage du lotissement urbain de Jasper en 1913, le nom de Fitzhugh est abandonné.

En 1911, le Canadien-Nord commence la construction d'une autre voie ferrée destinée à Edmonton et Port Mann (C.-B.) en passant par le col Yellowhead. En décembre 1913, presque toute la voie est posée jusqu'à Lucerne, à l'ouest du col.9 Le tronçon de la Colombie-Britannique est achevé en juin 1915. Toutefois, la ligne traversant le parc n'est ouverte qu'en 1915 en raison d'un retard dans les travaux de construction de plusieurs ponts et ponceaux à l'est du parc. Les lignes des deux chemins de fer traversent le parc presque côte à côte sur une certaine distance et ne sont séparées que par quelques mètres dans les vallées encaissées de la rivière Miette à l'est du col Yellowhead. En 1916, on entreprend de consolider les voies des lignes partant d'Edmonton et se dirigeant vers l'ouest, et, en 1917, on expédie en Europe les rails des tronçons désaffectés pour répondre aux besoins créés par la guerre. En 1923, le gouvernement fédéral prend en charge les deux chemins de fer, qui sont fusionnés en une seule société, les Chemins de fer nationaux du Canada, et l'ancienne gare de raccordement du Canadien-Nord qui se trouvait à Lucerne est transférée à Jasper.

Arpentage du lotissement urbain

Le parc de Jasper commence à être administré à la suite d'une tournée d'inspection effectuée en 1909 par R.H, Campbell, le directeur du service forestier à Ottawa, et par le commissaire des parcs à Edmonton, Howard Douglas. Un directeur intérimaire, J.H. McLaggan, est nommé en décembre et, en 1919, deux gardes-chasse sont embauchés pour surveiller le gibier et prévenir les incendies. McLaggan établit son bureau dans une cabane de bois rond à Fitzhugh et autorise la construction d'installations temporaires destinées au public, qui comprennent un établissement d'hébergement, un restaurant et des écuries. En 1913, H. Matheson, A.F., effectue un levé du lotissement urbain de Jasper et on nomme le premier directeur permanent du parc, le colonel S.M. Rogers. L'immeuble actuel de l'administration et un certain nombre d'édifices servant à l'entretien ont été construits en 1913 et, en 1914, le parc accepte les demandes en vue d'obtenir des lots dans le nouveau lotissement urbain. Les aménagements à l'extérieur du lotissement urbain se limitent à la construction de sentiers et de routes secondaires permettant de se rendre au lac Pyramid et au cañon Maligne en voiture à cheval à partir de Jasper, et de se rendre à cheval aux sources thermales Miette à partir de la voie ferrée à Pocahontas.

Modification des limites du parc

L'aménagement du parc en dehors des environs immédiats de la voie ferrée est interdit à la suite d'une importante réduction de la superficie du parc en 1911. Cette mesure fait suite à l'abrogation de l'ancienne loi sur les parcs qui est remplacée par la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux. La nouvelle délimitation du parc, fixée par un arrêté en conseil en vertu de la Loi, situe le parc entre deux lignes parallèles imaginaires tracées à 16 km de chaque côté de la voie du chemin de fer Grand-Tronc - Pacifique, lui laissant ainsi une superficie d'environ 2 590 km2.10 Elle retranche du parc les lacs Medicine et Maligne, le mont Edith Cavell et la spectaculaire région montagneuse du bassin des rivières Athabasca et Sunwapta. Les cadres supérieurs du Grand-Tronc - Pacifique et du Canadien-Nord, le président du Club alpin du Canada et les membres d'autres organismes adressent de vives protestations au gouvernement. Comme le fait remarquer le nouveau commissaire, J.B. Harkin, dans une note de service adressée à son sous-ministre : « Le parc est si étroit que parler de préservation du gibier équivaudrait à une plaisanterie. »11 En 1914, on a enfin réussi à convaincre le ministre de l'Intérieur de la nécessité d'agrandir le parc et, la même année, on prend des mesures visant à l'élargir de façon qu'il comprenne une superficie de 11 396 km2 ce qui lui rendait en grande partie ses dimensions initiales.12

Les limites du parc subissent encore d'autres modifications par la suite. En 1927, le parc s'accroît d'une superficie de 2 538 km2 au sud du col Sunwapta, qui comprend une partie du champ de glace Columbia et certains sommets des Rocheuses. Cet agrandissement provoque de vigoureuses protestations de la part des pourvoyeurs et des guides de Banff qui organisaient des expéditions dans la région depuis de nombreuses années. Cette mesure rencontre également l'opposition du Premier ministre de l'Alberta qui avait engagé des négociations avec Ottawa en vue du transfert à la province de toutes ses ressources naturelles. On arrive à un compromis à la suite de la nomination d'une Commission des limites du parc, dont on a déjà fait mention, et de l'acceptation de ses recommandations. En février 1929, on inclut la région en litige dans le parc des Montagnes-Rocheuses, mais en même temps on ajoute au parc de Jasper les terrains longeant ses limites nord et est.13 Les dernières modifications des limites du parc sont effectuées en 1930 lors de l'adoption de la Loi sur les parcs nationaux qui fixe la superficie du parc de Jaspera 10 878 km2.

Construction de routes

Au cours de ses premières années d'existence, le parc de Jasper dépendait entièrement de son chemin de fer, qui assurait le transport en provenance de l'extérieur. Après la fin de la première guerre mondiale, on accélère la construction de routes pour les automobiles et on ouvre dès 1924 des routes panoramiques conduisant au cañon Maligne, au mont Edith Cavell et à quelques lacs environnants. On commence en 1923 la construction d'une route en direction de la limite orientale du parc, qui devait former un tronçon de la future route reliant Jasper à Edmonton. Construite partiellement sur d'anciennes voies de chemin de fer, elle est achevée en 1928, mais les automobiles doivent attendre que la province termine son tronçon en 1931 pour pouvoir se rendre jusqu'à Edmonton. L'ouverture de la route Banff-Jasper en 1940 amène la première vague d'automobiles venant du sud, bien que par la suite le nombre de voyageurs ait diminué en raison du rationnement de l'essence imposé pendant la guerre. Les améliorations apportées aux principales routes du parc entre 1948 et 1954 sont suivies d'importants travaux de fermeture et de reconstruction de routes, entrepris en 1955 dans le cadre d'un vaste programme d'amélioration des routes. En 1967, la route à l'est de Jasper menant à Edmonton est reconstruite et asphaltée jusqu'à la limite du parc. L'année suivante, le tronçon de la grand-route Banff-Jasper situé dans le parc et qui a été en grande partie déplacé au sud du ruisseau Whistlers, est reconstruit et asphalté. Une nouvelle route remontant la vallée de la rivière Miette et conduisant au col Yellowhead et en Colombie-Britannique est ouverte à la circulation en 1968, établissant ainsi une liaison directe avec la vallée du fleuve Fraser et Vancouver. En 1962, une route, dont une bonne partie sera asphaltée en 1970, relie le lotissement urbain de Jasper au lac Maligne.

Le vallée Tonquin Valley et les Ramparts
Le vallée Tonquin Valley et les Ramparts, parc national de Jasper

Le lac MaligneMaligne Lake
Le lac Maligne, parc national de Jasper.

lac Maligne
Tournage d'un film publicitaire du C.N. par W.J. Oliver, lac Maligne, parc national de Jasper, 1927.

Hébergement des visiteurs

Pendant de nombreuses années, le parc national de Jasper n'offrait que très peu de possibilités d'hébergement. Lors de la construction du chemin de fer, la compagnie Grand-Tronc - Pacifique avait de grandioses projets de construction d'hôtels et envisageait notamment d'en ériger un près du lotissement urbain de Jasper et un autre à l'embouchure de la rivière Fiddle, à 13 km seulement des sources thermales de Miette. En 1909, la compagnie demande le droit d'exploiter et d'aménager les sources, mais son offre est catégoriquement rejetée. En 1911, la compagnie choisit et arpente un terrain de 20 ha près de la rivière Fiddle pour son futur Château Miette qui, d'après les plans, devait être un édifice d'un très grand luxe.14 Le Commissaire des parcs manifeste son intérêt pour le projet de construction en demandant à son directeur à Edmonton d'étudier la possibilité de relier les sources par monorail à la voie ferrée passant près de l'emplacement de l'hôtel. On obtient des photographies et des plans d'un prototype en service près de Calgary, mais le projet ne s'est pas concrétisé. Les difficultés financières qu'éprouvait la compagnie ferroviaire l'empêchaient de libérer les fonds nécessaires à la construction d'hôtels, bien qu'un bail pour la location de l'emplacement ait été rédigé. Le projet de la construction d'un hôtel sur la rivière Fiddle est complètement laissé de côté lors de l'abandon, en 1916, de la ligne de chemin de fer de la compagnie, située sur la rive est de la rivière Athabasca.

Le Commissaire des parcs manifeste son intérêt pour le projet de construction en demandant à son directeur à Edmonton d'étudier la possibilité de relier les sources par monorail à la voie ferrée passant près de l'emplacement de l'hôtel. On obtient des photographies et des plans d'un prototype en service près de Calgary, mais le projet ne s'est pas concrétisé. Les difficultés financières qu'éprouvait la compagnie ferroviaire l'empêchaient de libérer les fonds nécessaires à la construction d'hôtels, bien qu'un bail pour la location de l'emplacement ait été rédigé. Le projet de la construction d'un hôtel sur la rivière Fiddle est complètement laissé de côté lors de l'abandon, en 1916, de la ligne de chemin de fer de la compagnie, située sur la rive est de la rivière Athabasca.

C'est Robert Kenneth, le président de la Edmonton Tent and Mattress Company, qui, après avoir loué un petit terrain au bord du lac Beauvert pour y établir un lieu de campement, va fournir la première installation d'hébergement pour les touristes près du lotissement urbain de Jasper. Grâce à la publicité que lui fait le chemin de fer du Grand-Tronc, la « ville de tentes » connaît un succès immédiat. En 1919, Jack Brewster se charge de cette exploitation. En 1922, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, qui avait été réorganisée, est en mesure d'entreprendre la construction d'un hôtel dans le parc et elle acquiert la même année le bail de Brewster sur le lac Beauvert.15 Elle construit, toujours en 1922, un groupe de chalets qui constitue le noyau des installations actuelles du parc de Jasper. Les travaux d'aménagement se poursuivent l'année suivante et, dès 1929, le pavillon central et les édifices adjacents peuvent héberger plus de 600 personnes. Les installations comprennent un terrain de golf de 18 trous, qui jouira plus tard d'une renommée internationale. Le pavillon central, détruit par un incendie en 1951, est remplacé l'année suivante par un magnifique immeuble qui a coûté deux millions de dollars.

En 1921 on entreprend la construction des premiers hôtels dans le lotissement urbain de Jasper, qui, avec les années, sera doté d'un certain nombre d'hôtels, de motels et d'auberges confortables. Les installations d'hébergement offertes aux visiteurs du parc continuent à augmenter par la suite grâce à la construction de camps à Jasper et le long des routes du parc. Comme les autres parcs nationaux des Rocheuses, le parc de Jasper fait face à une demande sans cesse croissante de terrains de camping publics. Le premier grand terrain de camping est aménagé près du ruisseau Cottonwood à l'est de Jasper et est ouvert en 1927. On établit d'autres emplacements de camping au lac Patricia en 1933 et aux sources thermales Miette en 1934. L'augmentation incroyable de la circulation dans les parcs au cours des années 50 oblige l'administration à aménager le long des routes principales un réseau de terrains de camping dont profitent aujourd'hui des milliers de visiteurs.

Activités récréatives

Depuis plus d'un demi-siècle, le parc national de Jasper offre aux visiteurs une vaste gamme de loisirs de plein air. La location de chevaux était une activité commerciale très importante pendant les premières années d'existence du parc et on peut apercevoir encore aujourd'hui de nombreux cavaliers sur les sentiers du parc. La pêche sportive dans les eaux du parc a attiré des milliers de pêcheurs à la ligne et l'ouverture du réseau des lacs Medicine et Maligne en 1932 a suscité l'intérêt général. Les sources thermales Miette, que connaissaient notamment les Indiens et les mineurs longtemps avant la création du parc, sont aménagées de façon à attirer plus de visiteurs. On a construit à cette fin, en 1937, un établissement thermal moderne dans l'étroite vallée du ruisseau Sulphur, affluent de la rivière Fiddle et on a relié Jasper aux sources par une route carrossable en 1933. Cette route a été améliorée et élargie en 1960.

L'aménagement d'installations de sports d'hiver a permis l'utilisation du parc pendant toute l'année. Le patinage et le curling s'y pratiquaient dès le début et on a commencé à y faire du ski dans les années 20. On a aménagé des pistes de ski alpin sur les flancs du mont Whistlers au sud du lotissement urbain de Jasper en 1937. Les premières installations ont été aménagées par un club local qui construisit des remonte-pentes et un chalet. En 1949, Marmot Basin situé à quelques kilomètres au sud a commencé à attirer les skieurs qui se rendaient de la route du parc aux pentes de ski en motoneige. C'est en 1964 qu'a véritablement commencé l'aménagement intensif de l'endroit. Les skieurs disposent aujourd'hui de deux télésièges modernes, d'un chalet et d'un grand parc de stationnement, où ils peuvent se rendre en voiture grâce à une route complétée en 1970.

Le ranch « Palisades »

Le ranch « Palisades », situé à 9,6 km au nord de Jasper au bord de la route d'Edmonton, constitue un élément intéressant de l'histoire des débuts du parc. Lors de la création de ce dernier, plusieurs personnes occupaient des terres dans la région sans avoir reçu de concession. Après avoir été indemnisés, tous ces occupants sont partis sauf un, Lewis Swift, le premier résidant du parc, qui refusait de quitter la portion de terrain qu'il occupait depuis 1895. En 1911, il a acquis la propriété de son exploitation. Avant l'arrivée du chemin de fer, « Swift's place » était une halte pour les voyageurs qui étaient sûrs d'y recevoir l'hospitalité, de l'aide et, au besoin, des vivres que Swift consentait à partager bien que ses provisions fussent limitées. Swift avait défriché des terres qu'il cultivait, il s'était construit un petit moulin à eau et avait fabriqué lui-même ses meubles avec du bois de la forêt. En 1926, il a décliné une offre du ministère qui lui proposait 6000 $ pour sa propriété, mais par la suite il a estimé ne plus avoir la force nécessaire pour s'occuper de son exploitation et, en 1935, il a avisé le ministère de son intention d'accepter l'offre. Le ministre de l'Intérieur décida malheureusement de remettre l'achat à plus tard et Swift s'est empressé de vendre la propriété à un immigrant nouvellement arrivé d'Angleterre, A.C. Wilby.

Au cours des quelques années qui suivent, Wilby investit plus de 100 000 $ dans l'aménagement d'un ranch « élégant » comprenant un certain nombre de bâtiments attrayants. Les travaux sont arrêtés en 1947 lors du décès de Wilby. Les administrateurs de la succession offrent au gouvernement d'acheter le ranch pour une somme inférieure au montant des investissements mais le gouvernement ne dispose pas des fonds nécessaires. C'est un entrepreneur de Jasper, G.F. Bried, qui achète le ranch par la suite, et il investit de fortes sommes pour transformer la plupart des bâtiments en installations d'hébergement pour les touristes. Bried construit également une série de chalets le long de la route du parc. Comme le gouvernement avait besoin de terrains pour la reconstruction de la route Jasper-Edmonton et qu'il craignait que le propriétaire ne morcelle le ranch, il entreprend une évaluation de l'ensemble de la propriété.

Les négociations engagées à la suite de cette évaluation aboutissent à l'achat du ranch historique pour plus d'un quart de million de dollars. Le ranch sert surtout aujourd'hui comme centre de formation pour le personnel du parc. Bien que la plupart des premiers bâtiments aient été remplacés, certains vestiges rappellent les premiers occupants, notamment la roue du moulin de Swift et quelques-uns de ses canaux d'irrigation, et la tombe de Wilby.

La vaste étendue de 10 878 km2 qui forme le parc de Jasper comprend des endroits qui sont encore aujourd'hui relativement inexplorés. Des routes carrossables traversent ou longent des régions renfermant de nombreux attraits naturels, des champs de glace, des glaciers et des lacs aux eaux limpides. Des pistes pour cavaliers mènent à l'arrière-pays qui, à quelques exceptions près, n'est connu que des gardes du parc et de la faune. Dans les années à venir, le zonage du parc protégera ces aires de nature sauvage contre le développement, et les générations futures pourront admirer cette magnifique région de montagnes telle qu'elle est apparue pour la première fois aux explorateurs qui l'ont découverte il y a un peu plus d'un siècle et demi.


Références

1. Stevens G.R., Canadian National Railways, Clarke, Irwin and Co. Ltd., Toronto, 1960, p. 120.

2. Statuts révisés, 3 Edouard VII, chap. 71.

3. Stevens G.R., pp. 176-178.

4. Arrêté en conseil C.P. 1323, 14 septembre 1907.

5. Howay F.W., New Westminster, C.-B., (Commission des lieux et monuments historiques du Canada). Lettre du 16 août 1926 adressée au commissaire des parcs nationaux, dossier H.S. 10-20.

6. Howay F.W., Early Records of Travel in Jasper Park. manuscrit inédit, 19 avril 1926, Service des parcs nationaux, dossier H.S. 10-20.

7. Grant G.M., Océan to Océan, Sampson, Low, Marston et Searle, Londres, 1873.

8. Steven G.R., p. 191.

9. Ibid., p. 95.

10. Arrêté en conseil C.P. 1338, 8 juin 1911.

11. Dossier J. 2-1, mai 1912, Service des parcs nationaux.

12. Arrêté en conseil C.P. 1165, 14 juin 1914.

13. Arrêtés en conseil 158 et 159, 2 février 1929.

14. Dossier J. 17, G.T.P. 8, Service des parcs nationaux.

15. Dossier J. 16-29 du Service des parcs nationaux.


le parc national du Mont-Revelstoke

En 1914, la création du parc national du Mont-Revelstoke a constitué une addition exceptionnelle au réseau des parcs nationaux du Canada. Faire une réserve de cette région située au sommet du versant ouest des monts Selkirk, dont la plus grande partie se trouve à 1,6 km au-dessus du niveau de la mer, a permis au public de profiter d'un plateau alpin ondulant sur lequel sont disséminés des bosquets de sapins baumiers et de pruches et que couvrent dès la venue de l'été, une multitude de rieurs alpines. Le parc comprenait la chaîne Clachnacudainn et un champ de neige qui alimente plusieurs cours d'eau tumultueux. Le sommet du mont Revelstoke, maintenant desservi par une route, offre un panorama remarquable des vallées de la rivière Illecillewaet et du fleuve Columbia ainsi que des cimes des montagnes voisines au nord, à l'est, au sud et à l'ouest. Dans sa description de la région, Arthur Wheeler remarquait que Revelstoke avait trouvé ici un parc déjà tout dessiné par la nature, sans l'intervention d'aucun jardinier paysagiste.1

Premiers visiteurs

C.P. MacDonald et J.J. Devine, de Revelstoke, qui ont atteint le lac Balsam en août 1902, sont parmi les premiers explorateurs à avoir atteint le sommet de la montagne.2 Quatre ans plus tard, en août 1906, Dan McIntosh, William Mitchell et A.E. Miller ont escaladé les versants de la montagne à travers des bois et des sous-bois touffus jusqu'aux rives du lac Balsam, où ils ont dressé une tente. Une semaine plus tard, ils ont exploré l'impressionnant plateau, découvrant du sommet les petits lacs alpins qui parsèment l'une des vallées. En 1910, les descriptions de la région, ainsi que les photographies prises par le groupe, ont amené la formation d'un club local d'alpinisme. Les membres de cet organisme ont parrainé la construction au lac Balsam d'un petit refuge, résultat d'un travail bénévole. Le club a aussi persuadé les responsables de la municipalité de Revelstoke d'aménager un sentier d'excursion depuis les limites de la ville jusqu'au sommet de la montagne. Le sentier a été achevé en 1910 et a reçu le nom du maire alors en fonction, C.F. Lindmark. Par la suite, il a été continué jusqu'aux lacs Eva et Miller, nommés tous deux d'après des membres du club, soit Eva Hobbs et A.E. Miller.3

Le sentier conduisant jusqu'au sommet de la montagne et appelé dans la région parc Victoria, a attiré un grand nombre de visiteurs enthousiastes. Les demandes que les citoyens de Revelstoke ont adressées au gouvernement de la Colombie-Britannique par l'intermédiaire d'un important marchand, C.B. Hume, ont eu pour résultat l'octroi d'une aide financière pour la construction d'une route conduisant au sommet de la montagne. Le ministre des Travaux publics Thomas Taylor prit les dispositions nécessaires pour procéder à l'arpentage des lieux et accorder un octroi de 10 000 $ pour en couvrir les frais. À la fin de 1912, plus de 6 km de « route pour charriots » avaient été construits.4

Création du parc

En août 1912, J.H. Hamilton, président du « Progress Club », créé récemment à Revelstoke, demande l'aide de son député à la Chambre des communes, R.F. Green, pour que la région entourant le sommet de la montagne devienne un parc fédéral. À son tour, Green transmet la demande au ministre de l'Intérieur Robert Rogers.5 En septembre 1913, P.C. Bernard-Harvey, directeur en chef des parcs de l'Ouest, procède à une inspection officielle de la région; il rédige un rapport sur les aménagements qui avaient été faits ainsi que des commentaires favorables sur ses attraits naturels. Le 25 septembre 1913, le député de Kootenay lance sa dernière offensive pour la création du parc; il prévient en effet l'honorable M. Roche, alors ministre de l'Intérieur, que le gouvernement provincial ne fera pas d'autres dépenses pour la construction de la route vers le sommet de la montagne avant que le gouvernement fédéral ne se prononce sur le statut futur de la région.6 Enfin, le 28 avril 1914, des mesures favorables sont prises : une superficie de 246 km2 devient le parc national du Mont-Revelstoke.7 L'arrêté en conseil souligne la beauté naturelle de la région, soit les glaciers, les cimes des montagnes et les chutes d'eau, qui attirent un grand nombre de touristes et se prêtent bien aux fins d'un parc touristique. En 1915, la région est proclamée parc national du Mont-Revelstoke.

Construction d'une route vers le sommet

L'achèvement de la route vers le sommet du mont Revelstoke constituait le premier projet d'importance entrepris par le Service des parcs. Les travaux débutent en juillet 1914, mais la première guerre mondiale ainsi que les crédits restreints en retardent l'achèvement de quelques années. En 1922, 22,5 km de route étaient construits et comme la vue était magnifique tout le long du parcours, ils furent ouverts au public. Enfin, en juin 1927, la construction est terminée sur une distance de 29 km, soit jusqu'au lac Balsam. Le 1er août, a lieu une cérémonie d'inauguration officielle dont l'invité d'honneur est Son Altesse Royale le prince de Galles.8 En 1928 et 1929, la route est prolongée jusqu'à l'endroit le plus accessible du sommet où on construit un lieu de virage. Par la suite, la route a été améliorée et les ouvrages de bois ont été remplacés par des murs de pierre aux points stratégiques.

Pendant la construction, on a amené à l'occasion d'éminents visiteurs se promener en voiture dans la montagne sur les tronçons de la route; certains de ces événements sont rappelés par des poteaux commémoratifs. Son Excellence le gouverneur général, le duc de Connaught, a planté le premier d'entre eux le 28 juillet 1916. Son fils, le prince Arthur de Connaught, en a également planté un en 1918, et en 1919, Son Altesse Royale le prince de Galles a dévoilé un monument érigé dans un virage prononcé dominant la vallée de la rivière Illecillewaet. En 1930, les poteaux indiquant l'emplacement de ces cérémonies ont été remplacés par des monuments de pierre sur lesquels figuraient les inscriptions appropriées.

Agrandissement du parc

Lors de sa création, le parc couvrait une superficie de 246 km2, ce qui, malheureusement, ne comprenait pas les quelques premiers kilomètres de la route du parc dont la construction avait été entreprise avec les fonds provinciaux. En 1916, la Chambre de commerce de Revelstoke faisait connaître à l'agent du Service des terres domaniales qu'elle était favorable à un agrandissement du parc qui viendrait lui ajouter le terrain situé au sud du parc et attribuerait ainsi la surveillance de toute la route au Service des parcs. En 1920, le parc s'agrandissait de 13 km2 de terrain situé à sa limite méridionale,9 et en 1927, 97 ha supplémentaires comprenant des tronçons de la partie est de la route du parc étaient également proclamées terrains de parc.10

En 1948, on a acheté quatre autres lopins de terre sur lesquels la route empiétait à l'est de sa jonction avec l'autoroute provinciale, le long du fleuve Columbia; ainsi, pour la première fois, la route se trouve entièrement à l'intérieur des limites du parc.

Les difficultés rencontrées en 1951 lorsqu'on a voulu obtenir un emplacement convenable pour y construire un bâtiment qui servirait à la fois d'entrée du parc et de résidence des gardes ont eu pour conséquence une proposition voulant qu'on étudie la possibilité de doter le parc d'une nouvelle entrée depuis la ville de Revelstoke. Le directeur du parc et le maire de Revelstoke ont discuté de ce projet et le conseil municipal a non seulement appuyé de manière enthousiaste ce projet, mais il a également accepté de céder à la Couronne les terres entourant le parc et nécessaires au droit de passage. Entre 1952 et 1958, la municipalité de Revelstoke a fait don à la Couronne, pour le parc, d'à peu près 81 ha de terrain, y compris un lot déjà arpenté et destiné à l'agrandissement de la ville. Ces additions ont porté la superficie du parc à environ 260 km2. Les travaux de la nouvelle route d'accès à partir de l'avenue Pearson ont été commencés en 1954 et complétés en 1956. Cette nouvelle route a permis de construire une autre route conduisant au pied de la pente de ski et d'aménager un terrain de stationnement.

La route transcanadienne

À la suite des décisions qui ont amené la construction de tronçons de la route transcanadienne à travers tout le parc national du Mont-Revelstoke, il y a eu de nouveaux aménagements à l'intérieur du parc. En 1957, Revelstoke était choisi pour y installer l'administration centrale des parcs nationaux des Glaciers et du Mont-Revelstoke et un directeur permanent y était nommé. En 1958, le dégagement de l'emprise de la route était terminé et en 1959, un viaduc en béton était construit sur le tronçon de la route que l'on avait achevé en 1956. Au cours de la même année, on a construit la route transcanadienne à travers tout le parc et en 1960, on l'a recouverte d'asphalte. En 1969, une dernière couche d'asphalte a été appliquée.

Réfection de la route de la montagne

En prévision de l'augmentation importante du nombre de visiteurs au parc du Mont-Revelstoke à la suite de la fin des travaux de la route transcanadienne, la réfection de la route conduisant au sommet de la montagne fut mise en chantier en 1960. Le travail nécessita beaucoup de temps à cause des crédits modestes et de la courte durée de la saison pendant laquelle il était possible de travailler. En 1963, la réfection était terminée sur environ 11 km et, en vue d'accélérer l'exécution des travaux, des dispositions furent prises pour que le reste de la route soit construit par contrat sous la surveillance du ministère des Travaux publics. La mise en application d'un programme accéléré a nécessité la fermeture de la route au public en 1965 et en 1966 ainsi que l'interruption des activités touristiques habituelles. Un projet complémentaire à la construction de la route était l'aménagement d'une aire d'activités diurnes au sommet de la montagne et le regroupement des activités de camping au lac Balsam, à environ 2 km de la fin de la route existante.

La construction par contrat a été commencée en juillet 1965 et elle s'est poursuivie aussi longtemps qu'il a été possible de travailler, vu les chutes de neige exceptionnelles, cet hiver-là. Lorsque les activités ont pris fin, en novembre 1965, l'essentiel du terrassement était achevé sur 19 km. En décembre 1966, le terrassement était fait jusqu'au lac Balsam et, en juillet 1967, une route de gravier praticable en tout temps se rendait jusque là. Conformément aux décisions prises à la suite d'études détaillées, la nouvelle route se terminait au lac Balsam où des installations modernes de stationnement étaient aménagées en 1969. Puisqu'on disposait de fonds, on allait asphalter la route sur une longueur de 26 km.

La réfection de la route vers le sommet du mont Revelstoke a été l'occasion d'améliorer la voie d'accès depuis la ville de Revelstoke, ce qui fut fait en 1963, à partir d'un échangeur situé à la limite sud-est du parc. Cette nouvelle voie a permis de fermer la route partant de l'avenue Pearson et de ne plus utiliser un passage à niveau traversant la ligne principale du chemin de fer du Canadien Pacifique.

Aménagement du parc

Le poste de guet des gardes construit au lac Balsam en 1919 a été le premier bâtiment gouvernemental du parc.11 En 1927, le Service forestier du ministère de l'Intérieur a construit une tour d'observation là où la route se terminait, et en 1930, le Service des parcs est chargé de cette tour et de son fonctionnement. On construit un poste de guet au lac Eva en 1923, un immeuble pour l'entreposage du matériel au mille I (1,6 km) de la route du parc en 1927, et un poste de guet au ruisseau Silver en 1949. En 1961, on construit dans le parc de nouvelles résidences pour le directeur et les chefs de services et en 1962, un complexe comprenant un garage pour le matériel et des bâtiments pour les services d'entretien ainsi qu'une nouvelle entrée sur la route transcanadienne. Depuis 1957, les bureaux du directeur et du personnel sont situés à Revelstoke.

L'auberge Heather construite au sommet de la montagne en 1940 par un résidant de Revelstoke était le seul établissement d'hébergement touristique du parc. En 1949, un ancien officier de l'aviation s'est chargé de l'exploitation de l'établissement qui offrait des possibilités de restauration et d'hébergement pour la nuit et en 1951, il a acquis l'édifice par tenure à bail. Il a été difficile de faire de ce relais de touristes une exploitation rentable vu son éloignement des principales routes touristiques et le nombre très limité d'unités d'hébergement pour la nuit.

En 1953, le Service des parcs nationaux a construit trois chalets de type alpin qui furent loués au concessionnaire du relais, ainsi qu'un bâtiment de service situé sur le rivage d'un petit lac voisin pour l'approvisionner en électricité et en eau. En 1963, la décision de fermer la route au public pour deux ans a rendu l'exploitation du relais impossible et, après négociations, le propriétaire a accepté une offre de la Couronne de reprendre ses intérêts dans l'affaire. Le bâtiment principal a été démoli et les chalets et le bâtiment de service enlevés de la région en 1967. La décision de faire du sommet de la montagne une aire d'activités diurnes a évité d'avoir à remplacer les services fournis par le relais.

Hébergement des visiteurs

À la suite de l'ouverture de la route du mont Revelstoke en 1927, il y a eu une demande d'installations de camping. En 1928, on a aménagé un petit terrain de camping sur les rives du lac Balsam et construit un abri-cuisine.12 Le terrain de camping a été amélioré en 1948 par la construction de trois nouveaux abris, auxquels sont venus s'ajouter deux abris-cuisines sur le sommet de la montagne, au nord de la tour d'observation. En 1961, on a effectué d'autres aménagements au lac Balsam en construisant deux nouveaux abris destinés à remplacer graduellement les anciens bâtiments et en ajoutant un autre abri à ceux du terrain de camping du sommet de la montagne. La saison 1963 a toutefois été la dernière saison pendant laquelle il y a eu du camping car la réfection de la route de la montagne a obligé la direction à fermer les terrains aux visiteurs. À la réouverture de la route en 1967, on a élaboré un projet de réaménagement des anciens terrains de camping situés au lac Balsam et au sommet de la montagne. Lorsque le projet sera réalisé, il n'y aura pas d'installations de camping, mais des terrains de pique-nique bien aménagés ainsi que des sentiers d'excursion et de promenade qui aideront les visiteurs à apprécier les nombreux attraits naturels du parc.

Sports d'hiver

Pendant plus d'un demi-siècle, Revelstoke a été un centre de ski renommé. On y faisait du ski dès 1891, mais ce n'est qu'en 1915 que le Revelstoke Ski Club (club de ski de Revelstoke) a été créé. Les membres du club ont construit un tremplin sur les pentes inférieures du mont Revelstoke et les compétitions annuelles ont attiré de nombreux concurrents. Les améliorations apportées par le club avaient été faites sur des terres louées qui ont été annexées au parc lorsque ce dernier s'est agrandi en 1920. Depuis, le club a reçu l'aide du Service des parcs nationaux pour améliorer le tremplin et la pente de réception. Plus tard, les performances des participants lors d'événements organisés par le club ont retenu l'attention. En février 1921, Henry Hall, de Détroit, a battu le record professionnel mondial en effectuant un saut de 69,8 m sur la pente du mont Revelstoke. Au cours de la même compétition, Nels Nelson, de Revelstoke, établissait un nouveau record amateur avec un saut de 61,26 m.13 De nouveaux records amateurs ont été établis par des concurrents en 1931 et en 1932 avec des sauts de 81,9 et 87,5 m.

Après la seconde guerre mondiale, le regain d'intérêt pour le ski a entraîné la réorganisation du club en 1948 et, cette même année, le Service des parcs nationaux a contribué à la réfection du tremplin et de la pente de réception afin qu'ils répondent aux exigences olympiques. En 1950, le club a créé son tournoi annuel des champions. La construction de la route transcanadienne a détérioré le versant de la montagne situé sous le tremplin et où fonctionnait un remonte-pente par câble; le club de ski de Revelstoke a donc demandé l'aide et la collaboration du Service des parcs pour regrouper toutes les installations situées près de la pente de saut à ski pour catégorie senior, connue sous le nom de pente Nels Nelson. En octobre 1958, Franz Baier, un spécialiste du ski de la Division du génie des parcs nationaux à Ottawa, a mené une étude et des recommandations ont été faites en vue de l'amélioration du tremplin du club et du déboisement des pistes. En 1961, le Service des parcs a donc entrepris de dégager une section de 12 ha pour y faire des pistes de ski et d'obtenir l'emprise pour l'installation d'un télésiège par le Revelstoke Winter Sports Limited (Association des sports d'hiver de Revelstoke, Ltée). En 1965 et en 1966, le Service des parcs a consacré d'autres sommes à l'amélioration des installations de ski sur les pentes du mont Revelstoke. Les travaux entrepris comprenaient la réfection des deux tremplins, la construction d'un chalet pour les patrouilleurs et d'une tribune en métal pour les juges à proximité du tremplin pour catégorie senior, de même que l'aménagement d'un terrain de stationnement au bas des pentes et desservi par une voie d'accès partant de la route du parc. Vers la fin de 1969, la compagnie qui exploitait les remonte-pentes s'est fusionnée avec une entreprise rivale établie à l'extérieur du parc. Elle a renoncé à tous les droits qu'elle possédait sur les environs des pentes de ski du parc et les remonte-pentes ont été transportés au sud sur les versants du mont Mackenzie.


Références

1. Wheeler A.O., The Selkirk Mountains, p. 146.

2. Revelstoke Argus, Article descriptif, 24 mai 1913.

3. Dossier U. 172-23A du Service des parcs nationaux.

4. Vernon B.C., News, 28 novembre 1912 (Dossier M.R. 2 de la Direction des parcs nationaux).

5. Dossier M.R. 2 du Service des parcs nationaux, 10 septembre 1912.

6. Ibid., 25 septembre 1913.

7. Arrêté en conseil C. P. 1125, 28 avril 1914.

8. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1928.

9. Arrêté en conseil C.P. 985, 5 mai 1920.

10. Arrêté en conseil C.P. 1645, 18 août 1927.

11. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1920, partie II, p. 25.

12. Ibid., 1929, p. 118.

13. Ibid., 1921, partie II, p. 41.


Le parc national de Kootenay

En 1920, la création du parc national de Kootenay en Colombie-Britannique est venue ajouter une région historique au réseau de réserves nationales destinées à l'usage et au bénéfice des Canadiens. Elle a également permis de concentrer les efforts des citoyens et des gouvernements sur la réalisation de la première route à travers les montagnes Rocheuses, reliant la vallée de la rivière Bow à celle du fleuve Columbia. Le trajet de cette première promenade, connue sous le nom de route Banff-Windermere, avait été parcouru, des années plus tôt, par d'illustres voyageurs. En 1841, au cours de son voyage autour du monde, Sir George Simpson, gouverneur de la Compagnie de la baie d'Hudson, avait suivi les vallées des rivières Simpson, Vermilion et Kootenay et du ruisseau Sinclair, jusqu'au fleuve Columbia. La même année, James Sinclair conduisait à travers les Rocheuses un groupe de 21 familles depuis la colonie que la Compagnie de la baie d'Hudson avait établie à Rivière Rouge jusqu'à Fort Vancouver dans le territoire de l'Oregon.1 En 1858, Sir James Hector, de l'expédition Palliser, traversait le col Vermilion au cours d'un voyage d'exploration qui l'a mené de la vallée de la rivière Bow jusqu'à la rivière Kicking Horse, le long des rivières Vermilion, Kootenay et Beaverfoot. Résumant le rapport de son expédition, le capitaine John Palliser disait du col Vermilion; « C'est le col qui se prête le mieux, et le plus économiquement à un aménagement pour véhicules ».2

Projets d'une route

Robert Randolph Bruce, d'Invermere, en Colombie-Britannique, qui devint plus tard lieutenant-gouverneur de sa province, a conçu la route Banff-Windermere. Après son arrivée au Canada, cet ingénieur écossais avait travaillé pour le compte de la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique à titre d'ingénieur en construction et il s'était occupé de l'aménagement de mines dans l'Ouest canadien. Il croyait que la construction d'une route reliant Banff, en Alberta, et le district de Windermere, en Colombie-Britannique, fournirait un lien commercial valable avec les provinces situées à l'est des Rocheuses et constituerait également un itinéraire touristique remarquable qui comprendrait les attraits naturels de Banff, du lac Louise et de la région de Windermere. En 1910, grâce à ses relations avec les autorités de la compagnie de chemins de fer, Bruce s'est assuré l'appui de Sir Thomas Shaughnessy, président de la compagnie; plus tard, il a intéressé à son projet Sir Richard McBride, premier ministre de la Colombie-Britannique.

Début de la construction

Calgary venait tout juste d'être reliée par la route praticable à Banff et les communications allaient à l'avenir s'étendre vers l'ouest. La Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique et le gouvernement de la Colombie-Britannique ont donc pris des dispositions en vue de partager le coût de la construction du tronçon situé sur le territoire de la Colombie-Britannique, de Windermere au col Vermilion. Par l'entremise du ministère de l'Intérieur, le gouvernement fédéral allait construire dans le parc national de Banff le tronçon nécessaire pour assurer la jonction avec la route de Calgary.3 La première estimation de la construction de la route s'élevait à 150 000 $, mais ce chiffre s'est vite révélé irréaliste.4 En 1911, à la suite de l'arpentage qu'ont effectué H.J. Haffner et J.W. Wurtele, on commence les travaux de la route sur le tronçon de Windermere ou de la Colombie-Britannique. Les travaux sont arrêtés en 1913 après que l'on eut dépensé 277 000 $ dont 75 000 $, versés par la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique. Lorsqu'on a manqué d'argent, 19 km, dont la construction s'était révélée difficile, étaient terminés : 11 km vers l'est depuis la vallée du fleuve Columbia en remontant le ruisseau Sinclair, et 8 km vers l'ouest depuis le sommet du col Vermilion. Pendant ce temps, le gouvernement fédéral avait commencé à construire un tronçon de 48 km à l'ouest de Banff et il acheva en novembre 1914, la route conduisant à la frontière de l'Alberta, au sommet du col Vermilion.5

Le début de la première guerre mondiale ainsi qu'une situation financière peu satisfaisante empêchent la Colombie-Britannique de terminer sa partie de la route. En 1916, Bruce envisage de faire achever le tronçon que devait construire la Colombie-Britannique, par le Service des parcs nationaux du ministère de l'Intérieur, la province étant prête à céder non seulement l'emprise routière mais aussi une bande de terre bordant la route de chaque côté pour en faire un parc national. Bruce s'entretient à Ottawa avec le ministre de l'Intérieur et le commissaire des parcs nationaux et effectue les premières démarches nécessaires auprès des autorités provinciales. En mai 1916, le ministre de l'Intérieur, l'honorable W.J. Roche, annonce à Bowser, premier ministre de la Colombie-Britannique, que le gouvernement canadien va terminer la construction de la route si le parlement provincial appuie sa proposition par un projet de loi. Après de longues négociations et après l'adoption de la loi, une entente relative à la route Banff-Windermere est signée le 12 mars 1919, au nom des gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada.6

Conditions de l'entente

L'entente comporte des éléments très importants pour l'administration des parcs nationaux. Elle stipule non seulement la concession d'une emprise routière et des titres de propriété de toutes les terres inaliénées situées à l'intérieur d'une zone d'une largeur de 16 km le long de la route, mais elle reconnaît aussi l'autorité législative du gouvernement fédéral sur tous les parcs nationaux de la Colombie-Britannique. La province accepte que ses lois et règlements concernant les parcs nationaux soient conformes aux lois et règlements fédéraux relatifs aux parc; elle accepte également de ne pas voter de lois ou de règlements qui iraient à l'encontre de ceux adoptés par le « Dominion ». En juillet 1919, la Colombie-Britannique cède au Canada la propriété de l'emprise routière et des terres situées le long de la route. La création du nouveau parc est annoncée publiquement en vertu d'un arrêté en conseil adopté le 21 avril 1920.7 Tout le monde n'approuve pas le nom « Kootenay » qui a été choisi non seulement pour des raisons euphoniques, mais aussi pour rendre hommage aux Indiens Kootenay qui habitaient autrefois ce secteur. Randolph Bruce, qui voit enfin la réalisation du projet qu'il caressait depuis longtemps, lui préfère « Columbia ». Dans une lettre adressée au commissaire des parcs, J.B. Harkin, il expose ses objections et fait en passant l'historique de ses efforts.

On pourrait dire que le fait d'appeler ce parc « Columbia » flatterait nos cousins de l'autre côté de la frontière. Soit! Nous voulons leur plaire autant que possible. Nous voulons les attirer chez nous, qu'ils viennent avec leurs voitures, leur argent et leurs affaires; c'est d'ailleurs en grande partie la raison pour laquelle la construction de cette route a d'abord été entreprise. Je le sais car j'en fus l'instigateur. Dès 1910, j'ai réussi à y intéresser la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique et le gouvernement provincial. La première a investi 75 000 $ dans l'affaire et le second, 200 000 $. Mais la Colombie-Britannique connut alors de mauvais jours. Notre gouvernement n'avait plus d'argent. Ce qui avait été construit se détériorait. Je me suis donc tourné vers le gouvernement fédéral et, avec votre aide, j'ai proposé à M. Roche, alors ministre de l'Intérieur, de prendre la route à sa charge, telle qu'elle était, pour en faire une sortie du parc national. À ce moment-là, il a dit que le gouvernement fédéral était prêt à acquérir l'emprise nécessaire que nous avions alors fixée à une zone de 1,6 km de chaque côté de la route. D'Ottawa, je me rendis à Victoria et demandai au gouvernement d'accorder une emprise gratuite de 8 km de chaque côté de la route. Et je l'obtins. Je me crois donc humblement en droit d'exprimer mon opinion quant au nom à donner à cette région.8

Toutefois, les autorités du parc ont maintenu leur choix initial, et depuis, le parc a conservé son nom de « parc national de Kootenay ».

Achèvement de la route

En vertu de l'entente, le gouvernement fédéral s'engage à terminer la route au cours des quatre années qui suivront « la fin de la présente guerre ». En 1914, des inondations avaient gravement endommagé le tronçon de la route remontant la vallée du ruisseau Sinclair, qui avait été construit par la province. Des travaux de réfection sont entrepris en 1920 et se poursuivent au cours des années 1921 et 1922. La route terminée, qui porte aujourd'hui le nom de « Promenade Banff-Windermere », est inaugurée le 23 juin 1923 à Kootenay Crossing.9 L'année suivante, plus de 4 500 touristes empruntent cette nouvelle route, carrossable en toute saison, entre la vallée du fleuve Columbia et Banff. En 1947, on entreprend la réfection de la route pour répondre aux normes modernes et, en 1952, toute la route est reconstruite et asphaltée. En 1956, on commence à apporter des améliorations à la route dans le cadre du programme relatif aux grandes routes des parcs nationaux, et ces travaux sont complétés en 1967. Le dernier aménagement qui comprend des réfections importantes à proximité des sources thermales Radium, aboutit à la construction d'une route moderne à revêtement dur qui traverse une région magnifique de montagnes, de rivières et de vallées.

Depuis la création du parc, les sources thermales qui prennent naissance au pied de la montagne Redstreak, à 1,6 km environ de la limite occidentale, constituent l'une des attractions principales du parc Kootenay. Connues sous le nom de Radium Hot Springs (Sources thermales Radium) elles étaient fréquentées par les Indiens, les mineurs et les premiers colons, bien avant le début du XXe siècle. Des piscines grossières construites dans le rocher et dont les interstices étaient bouchés par de la mousse leur permettaient de se baigner dans une eau dont la température atteint 45°C. En 1890, Roland Stuart et son associé, H.A. Pearse, obtiennent du gouvernement provincial une concession de 65 ha de terrain entourant les sources.10 Stuart, un Anglais, s'était rendu en 1887 dans le district de Windermere en Colombie-Britannique afin d'étudier l'élevage. En 1893, Stuart rachète la part de son associé après avoir déménagé à Victoria. Il ne commence à aménager les sources qu'en 1911, lorsque le gouvernement provincial entreprend la construction de la route qui devait plus tard traverser sa propriété. En 1911, 1912 et 1913, Stuart fait analyser l'eau des sources et ces analyses révèlent une émanation importante de radium. Il forme un groupe en Grande-Bretagne afin d'aménager les sources et obtient l'aide financière de St. John Harmsworth qui avait réussi à mettre en valeur les eaux Perrier à Nîmes, en France. En 1914, Harmsworth l'accompagne aux sources et lui fournit le capital nécessaire pour construire une piscine de béton, une cabine de bain en rondins, un petit magasin et une résidence pour le gardien. Sur les 20 000 $ environ offerts par Harmsworth, 7 000 $ seulement ont effectivement servi à l'aménagement des sources.11 Après la déclaration de la première guerre mondiale, Harmsworth retourne en Grande-Bretagne et se retire du groupe. Avant de quitter le Canada, il avait nommé un agent, et l'entretien de la piscine a été assuré par des gardiens de 1914 à 1921. Stuart a également quitté le Canada, en compagnie de Harmsworth, en septembre 1914.

Expropriation par la Couronne

En 1920, à la suite de la création du parc, les agents du ministère de l'Intérieur à Ottawa se sont efforcés de négocier l'achat de la propriété de Stuart qui, en plus du lot 149 entourant les sources, comprenait une terre adjacente de 184 ha. Bien qu'il ait, en 1909, offert de vendre la propriété sur laquelle étaient situées les sources à la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique pour la somme de 3 000 $, Stuart ne tient pas compte des télégrammes que lui envoie son agent de Colombie-Britannique pour lui faire part de l'intention du ministère d'acheter la propriété. En fait, Stuart avait créé une nouvelle compagnie en Grande-Bretagne, la « Kootenay Radium Natural Springs, Limited » (Compagnie des sources naturelles de radium de Kootenay), dont il tirait d'importants profits sous forme d'argent liquide et d'actions.12 En février 1922, on obtient l'autorisation d'exproprier les sources et les terres attenantes, et une ordonnance du tribunal confirme la possession. Le règlement de la réclamation de Stuart visant à obtenir une indemnité nécessite un renvoi à la Cour de l'Echiquier du Canada. Les audiences ont lieu à Banff, Vancouver et Victoria en 1924, et le jugement rendu en janvier 1925 est porté en appel. En juin 1927, Stuart reçoit une indemnité supplémentaire, qui porte à 40 000 $ environ le montant total avec les intérêts.13

Aménagement des sources

Après la prise en charge des sources thermales par le Service des parcs nationaux en 1922, les premiers bains sont rénovés et exploités pendant les cinq années suivantes. En 1927, un établissement à deux étages est construit, et le bain initial en béton est amélioré et agrandi de neuf mètres. Détruit par un incendie en 1948, l'édifice est remplacé en 1950 par de grands bains modernes, connus sous le nom d'« Aquacourt », dont le coût s'élève à près d'un million de dollars. Cette nouvelle construction comprend la piscine initiale, une autre grande piscine extérieure et des cabines de bains spacieuses, des saunas, les bureaux de la direction et un casse-croûte. En 1966, on transforme le dernier étage de l'édifice afin d'y installer un restaurant et une terrasse où l'on sert des repas. En 1968, on apporte d'autres améliorations lorsque la piscine initiale ou « d'eau chaude » est démolie et remplacée par une nouvelle piscine de forme asymétrique.

En 1922, on a aménagé les bureaux permanents de l'administration sur un terrain d'alluvions surplombant la piscine et on arpente une petite subdivision résidentielle et commerciale connue sous le nom de lotissement urbain des sources thermales Radium. Des baux sont accordés à l'entreprise privée pour la construction de deux petits hôtels, d'un garage et d'une station-service, et la Compagnie de chemins de fer du Canadien Pacifique bâtit des camps. Plus tard, d'autres chalets sont érigés le long de la nouvelle route. La fréquentation accrue des tremplins et des piscines alimentées par une eau chaude qui, contrairement à celle de Banff, ne sent presque pas le soufre, entraîne la construction de nouvelles unités d'hébergement aux sources thermales Radium. L'augmentation croissante du nombre de visiteurs oblige également l'administration à effectuer des études pour remédier aux problèmes que posent la circulation et le stationnement. Entre 1960 et 1967, on apporte de grandes améliorations au parc; en effet, la plupart des immeubles commerciaux exploités par tenure à bail dans le voisinage de l'Aquacourt sont achetés et les édifices sont enlevés. Les bureaux de l'administration sont reconstruits sur un terrain d'alluvions dominant la vallée du fleuve Columbia. La route qui traversait la zone du lotissement urbain est déplacée et une grande aire de stationnement est aménagée en comblant un méandre du ruisseau Sinclair détourné par un tunnel.

L'établissement du parc national de Kootenay, traversé d'un bout à l'autre par une grand-route, a créé une très forte demande d'emplacements de camping. En 1923, on commence à établir un réseau de terrains de camping qui, bien qu'il semble dépassé face aux normes actuelles, fournit aux automobilistes des haltes satisfaisantes à une époque où la vitesse ne constituait pas un élément essentiel à de bonnes vacances. Un grand nombre de ces anciens terrains de camping sont progressivement remplacés par des aires de pique-nique, les autres sont reconstruits et, dans certains cas, aménagés ailleurs. La plus grande de ces nouvelles installations, le terrain de camping Redstreak situé près des sources thermales Radium est ouverte en 1962 sur un terrain d'alluvions dominant la vallée du fleuve Columbia et constitue un nouvel exemple de terrains de camping équipés à l'intérieur du réseau des parcs nationaux du Canada.

Le parc national de Kootenay regroupe de nombreuses attractions. Ses sources thermales minérales et ses piscines bien entretenues sont à la disposition des baigneurs depuis plus de 50 ans et elles ont acquis une renommée internationale. La route Banff-Windermere permet de voir des paysages alpestres splendides, tout au long de ses 105 km. Ses gorges magnifiques, ses sources ocres et une faune variée contribuent à attirer les visiteurs qui augmentent par milliers, d'année en année.


Références

1. Galbraith J.S., The Hudson's Bay Company as an Impérial Factor, Presses de l'Université de Toronto, 1957, p. 211.

2. Palliser Journals, p. 16.

3. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1912, partie V, p. 8.

4. Hamilton B.G., The Banff-Windermere Highway, Cranbrook Courier, 14 mars 1924.

5. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1912-1913, partie V, p. 12.

6. Dossier K.2 du Service des parcs nationaux, (Documents).

7. Arrêté en conseil C.P. 827, 21 avril 1920.

8. Dossier K.2 du Service des parcs nationaux, Vol. II, 22 juin 1922.

9. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1924, p. 65.

10. British Columbia Land Grant 964/49, 27 mai 1890.

11. Appel à la Cour Suprême du Canada. Le Roi vs Stuart et alii (1926) 2 D.L.R. p. 260.

12. Ibid.

13. Dossier K.2 du Service des parcs nationaux. Vol. 5.

Le cañon Sinclair
Le cañon Sinclair, parc national de Kootenay, vers 1923.


Le parc national de Wood Buffalo

En 1922, la création du parc national de Wood Buffalo qui chevauche la frontière séparant l'Alberta des Territoires du Nord-Ouest a été décrite comme étant l'une des mesures de conservation les plus importantes et les plus prévoyantes qui aient jamais été prises par le gouvernement canadien.1 On sait, depuis les premiers temps de l'exploration, que le bison existait dans le voisinage du cours inférieur de la rivière de la Paix et de la rivière des Esclaves. On a cru plus tard qu'ils étaient les derniers survivants de cette race sauvage évaluée à des millions de bisons qui peuplaient autrefois l'Amérique du Nord. En 1897, S.N. Rhoads a classé les bisons du nord dans une sous-espèce distincte, Bison bison athabascae, parce qu'ils étaient plus gros, plus lourds et de couleur plus foncée que les bisons des plaines.

Samuel Hearne fut le premier à rapporter l'existence de bisons dans la région du cours inférieur de la rivière des Esclaves; il a traversé le Grand lac des Esclaves au cours de l'hiver 1771-1772 et en a vu « en masse ». Dans le récit de son voyage qui l'a amené à l'embouchure du fleuve Mackenzie en 1784, Alexander Mackenzie rapporte la présence de grands troupeaux de bisons le long de la rivière des Esclaves. Un aperçu du territoire peuplé par les bisons et de leur nombre dans les régions du Nord canadien nous est également donné par les observations des membres de l'expédition Franklin en 1820, par Daniel Harmon, de 1808 à 1810, par Sir John Richardson en 1845 et par John Macoun en 1875. Les observations enregistrées après 1840 révèlent une rareté de plus en plus grande du bison dans le nord du Canada et jusqu'à 1870, la disparition de l'espèce des endroits éloignés de leur habitat. Les estimations du nombre de bisons faites en 1888 au cours d'une enquête instituée par un comité du Sénat sur les ressources du bassin du Mackenzie fournissent des chiffres s'échelonnant entre quelques petits troupeaux et plusieurs centaines de têtes.2

Premières mesures de protection

Les premières mesures visant à étendre la protection légale au bison dans le nord-ouest canadien ont été prises en 1877 lorsque le Conseil des territoires du nord-ouest a approuvé une ordonnance (n° 5) pour les protéger. À cette époque, les Territoires du Nord-Ouest comprenaient des terres qui font maintenant partie de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Yukon. Malheureusement, l'ordonnance a été révoquée l'année suivante; mais en 1890, la Territorial Game Ordinance (ordonnance sur le gibier des territoires) de 1888 était modifiée afin de protéger le bison.3 La Loi sur la protection de la faune des territoires non organisés (Unorganized Territories Game Protection Act) qui a été adoptée en 1894 et les lois ultérieures confirment cette protection. À la suite de la création de la province de l'Alberta, la chasse au bison est interdite par la Loi sur la faune de l'Alberta (Alberta Game Act) de 1907.

Bien que la loi visant à assurer la protection du bison ait été votée en 1890, elle n'a été que très peu appliquée au cours des quelques années qui ont suivi. En 1897, l'inspecteur A.M. Jarvis de la Police à cheval du Nord-Ouest effectue la première grande patrouille dans la région située entre Edmonton et Fort Resolution sur le Grand lac des Esclaves. À son retour, il rapporte que les habitants de cette région prétendent ne rien savoir de cette loi. En 1899, deux chasseurs sont reconnus coupables d'avoir tué des bisons dans les alentours de Fort Smith et, au cours des 13 années suivantes, la Gendarmerie à cheval joue un rôle de plus en plus important dans le domaine de la protection des bisons. En 1911, on enlève à la police appelée depuis 1904 Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest, la charge d'assurer la surveillance spéciale du bison, que l'on confie au surintendant du service forestier à Ottawa.4 La nomination des gardes-chasses résidants fait partie des mesures de protection qui ont été prises par la suite. La Loi sur le gibier des Territoires du Nord-Ouest (Northwest Territories Game Act) votée en 1917, confie la responsabilité de faire appliquer ses dispositions, et notamment d'assurer la surveillance des troupeaux de bisons, au commissaire des parcs nationaux du ministère de l'Intérieur, avec la collaboration de la Gendarmerie royale à cheval du Nord-Ouest.

La loi confirme la protection à laquelle le bison du nord avait droit, bien qu'elle contienne des dispositions prévoyant la capture de spécimens pour la recherche scientifique et la reproduction.5

Étude des territoires peuplés par les bisons

Bien avant que des mesures adéquates ne soient réellement prises, on avait reconnu la nécessité de trouver un moyen qui assurerait au bison des bois une protection absolue. Au retour d'une visite d'inspection effectuée en 1907 en compagnie d'Ernest Thompson Seton et E.A. Preble, l'inspecteur A.M. Jarvis de la Gendarmerie royale insiste sur le besoin de nommer des gardes résidants, pour se rendre compte du nombre de bisons et de leur condition. Il fait également remarquer qu'il serait facile de protéger efficacement les troupeaux si la région qu'habite le bison était immédiatement transformée en parc national.6 Dans son rapport annuel de 1913, J.B. Harkin, commissaire des parcs nationaux, note qu'une proposition visant à créer dans la région de Fort Smith un refuge pour la conservation des troupeaux de bisons sauvages est à l'étude. En se fondant sur les renseignements fournis par Charles Camsell du Service des levés géologiques du Canada (Geological Survey of Canada) à la suite d'une enquête effectuée en 1916 sur les terrains occupés par le bison des bois, C. Gordon Hewitt, zoologiste-conseil du ministère de l'Agriculture, recommande fortement la création d'un parc national, mesure qui, à son avis, non seulement sauverait le bison des bois de l'extermination, mais aussi assurerait le repeuplement de l'espèce dans les territoires adjacents.7

La découverte de nappes de pétrole assez importante pour l'extraire à des fins commerciales près du fleuve Mackenzie à quelque 80 km au nord de Fort Norman en août 1920 a déclenché un mouvement qui allait influencer l'économie du district du Mackenzie dans les Territoires du Nord-Ouest. Prévoyant une ruée vers le pétrole dans le district à l'ouverture de la saison de navigation en 1921, le ministre de l'Intérieur crée la Direction des Territoires du Nord-Ouest à Ottawa, destinée à gérer les ressources naturelles des Territoires et à traiter des questions ministérielles se rapportant à ceux-ci.

Le 1er juillet 1921, on établit le bureau principal de la nouvelle direction à Fort Smith et on ouvre des bureaux secondaires à Fort Resolution et à Fort Norman. Au cours de la même année, on lui confie la responsabilité de faire appliquer la Loi sur le gibier des Territoires et de surveiller les troupeaux de bisons des bois, qui appartenaient auparavant au commissaire des parcs nationaux.8

En mai 1922, O.S. Finnie, à la tête de la nouvelle direction, est en mesure de prédire la création d'un parc national qui comprendra les territoires septentrionaux et méridionaux des troupeaux de bisons des bois dont on connaît l'existence. En 1920, F.H. Kitto du National Resources Intelligence Service (Service de renseignements sur les ressources nationales) visite le territoire méridional et présente un rapport qui va influencer l'action gouvernementale. « À la suite de mes recommandations, le gouvernement a décidé de consacrer une grande étendue comprenant tous les territoires occupés par les bisons à l'établissement d'une réserve de bisons, On a décidé d'effectuer d'autres expéditions afin de déterminer les limites de cette réserve. »9

En mai 1922, un autre agent du Service de renseignements sur les ressources nationales, F.V. Seibert, est chargé d'explorer les territoires des bisons des bois. L'agent de la Direction des territoires du Nord-Ouest, chargé de la gestion de la faune, Maxwell Graham, se joint par la suite à lui. Dès la fin de l'automne, leurs observations permettent d'évaluer, de façon assez juste, le nombre de bisons et de déterminer approximativement les limites des territoires qu'ils occupent au nord et au sud. Graham estime avec prudence que le territoire du sud contient 1 000 bisons des bois et que celui du nord en compte 500.10 Seibert situe les limites du territoire septentrional entre la rivière Nyarling au nord et la rivière Little Buffalo au sud, et estime que le territoire méridional se trouve à l'intérieur d'une région bornée par les rivières Little Buffalo, Sait, des Esclaves et Jackfish.

Création du parc

Le 22 décembre 1922, le parc national de Wood Buffalo, qui s'étend sur une superficie de 27 195 km2, est créé par un arrêté en conseil en vertu de la Loi sur les réserves forestières et les parcs fédéraux.11 L'arrêté en conseil précise que le nouveau parc constitue l'habitat primitif du bison des bois dans le voisinage de Fort Smith, et que si la région n'est pas réservée à la conservation de l'espèce, il est à craindre que le dernier troupeau vivant encore à l'état sauvage ne disparaisse. L'arrêté en conseil ordonne également que la gestion du nouveau parc soit assurée par la Direction des Territoires du Nord-Ouest du ministère de l'Intérieur.

À la suite de la création du parc en 1922, l'agent du district de Mackenzie, dont le bureau est situé à Fort Smith, est nommé directeur du parc. Le service de garde, qui existait déjà depuis quelques années, est réorganisé et agrandi par la nomination d'un garde en chef du parc et de cinq employés. Par la suite, le bureau du gardien est installé à Hay Camp sur la rivière des Esclaves, à environ 72 km au sud de Fort Smith. Peu à peu, un service efficace de conservation du gibier et des forêts est mis sur pied; les postes des gardes sont reliés à Fort Smith par téléphone, des tours de détection des incendies sont construites, et l'aménagement d'un réseau routier est entrepris afin de relier les postes du lac Pine et de Hay Campa la route Fitzgerald-Fort Smith.

En 1925, on commence à amener au parc national de Wood Buffalo l'excédent de bisons des plaines qui se trouvait au parc national de Buffalo à Wainwright en Alberta; cette mesure a pour effet d'altérer profondément le caractère et la santé des troupeaux de bisons des bois qui vivaient déjà dans le parc. Entre juin 1925 et juin 1928, 6 673 bisons des plaines sont envoyés au nord, par chemin de fer, de Wainwright à Waterways. De là, ils sont transportés en chaland par les rivières Athabasca et des Esclaves jusqu'à La Butte et aux régions voisines situées sur la rive ouest de la rivière des Esclaves au sud et au nord de Hay Camp, où ils sont mis en liberté. Le bison des plaines s'est vite adapté à son nouveau territoire qui comprenait de vastes étendues de forêt sauvage entrecoupées de plaines verdoyantes et de prés. En 1926, quelques bisons avaient traversé la rivière de la Paix en direction du sud. Afin de tenir compte de ce fait et de rattacher leur nouveau territoire à la réserve, on porte la superficie du parc national de Wood Buffalo à 44 030 km2 en avril 1926.12 Le parc agrandi englobe le territoire situé au nord et au sud de la rivière de la Paix à l'est du cinquième méridien et au nord de la 27e ligne de base, mais il ne comprend plus le lac Buffalo et une petite terre située à l'angle nord-ouest du parc initial. En septembre 1925, un arrêté en conseil rend au parc le lac Buffalo et les terres adjacentes, portant ainsi sa superficie à 44 807 km2.13

Critique des mesures relatives aux bisons

La décision de transférer l'excédent de bisons des plaines du parc national de Buffalo situé à Wainwright au parc de Wood Buffalo a été prise au niveau ministériel, à la suite de longues discussions. En mars 1923, on a constaté que le troupeau de Wainwright, qui provenait en grande partie de bisons achetés au Montana entre 1907 et 1912, comptait plus de 6 600 têtes. Le territoire, où devaient également paître des troupeaux de wapitis, d'orignaux et de chevreuils comptant au moins 1 200 têtes, était appauvri au point qu'il ne pouvait pas faire vivre un plus grand nombre d'animaux. Le public a réagi aux propositions visant à abattre des bisons pour réduire leur nombre en envoyant des lettres de protestations et on a alors formulé d'autres propositions recommandant le transport des animaux dans les régions du nord. On savait que l'arrivée de bisons des plaines au sein des troupeaux de bisons des bois entraînerait l'hybridation, mais cette mesure était prévue dans un article publié sur l'ordre de O.S. Finnie, responsable de la Direction des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon.

Cet article, qui a paru dans The Canadian Field Naturalist, faisait allusion à l'opinion exprimée par Charles Camsell à la suite d'une brève enquête sur le territoire du bison des bois menée en 1916, selon laquelle il n'existait pas de contact entre les troupeaux occupant les territoires du nord et ceux vivant au sud.14 Par conséquent, on a supposé que toute intégration se limiterait au bison des bois occupant le territoire du sud et que le troupeau du nord « ne serait pas touché par le croisement avec le nouveau bison ».

La publication de cet article a suscité de vives protestations de la part d'éminents zoologistes et de sociétés de conservation, qui s'opposaient à l'introduction du bison des plaines dans le territoire du bison des bois parce qu'ils étaient persuadés que cette mesure entraînerait la dégénérescence de la race du nord. Une autre objection mettait l'accent sur le danger que le bison des bois ne soit exposé au risque d'infection tuberculeuse. La direction du parc savait depuis 1919 qu'il existait des cas de tuberculose bovine dans le troupeau de Wainwright à la suite d'autopsies sur plusieurs bisons abattus.15 Lors d'une première conférence sur le déplacement des bisons, on avait convenu de tuberculiner les bisons choisis, mais par la suite, on a décidé de renoncer à cette précaution et les bisons transportés, dont la plupart étaient âgés d'un an ou deux, ont été envoyés au nord sans l'avoir été. Le but principal de cette expérience était de préserver les nouveau-nés dont le nombre dépassait, dès 1923, 1000 têtes par année.

La décision de renoncer à la tuberculination semble attribuable à la croyance que seuls les plus vieux bisons du troupeau de Wainwright étaient susceptibles de contracter la maladie et que, si les jeunes animaux étaient séparés des adultes, il serait peu probable qu'ils deviennent tuberculeux. Au moins un fonctionnaire du ministère désapprouvait cette décision.

En avril 1924, le surveillant de la Protection de la faune, Hoyes Lloyd, envoyait une note au commissaire des parcs lui annonçant : « On estime, du point de vue de l'épidémiologie, qu'il est néfaste de mettre en contact des bisons provenant d'un troupeau que l'on sait malade avec les bisons du parc national de Wood Buffalo qui, pour autant que je sache, ne sont pas malades. »16

Maladies infectieuses

À la suite de l'introduction de bisons des plaines dans le territoire méridional du bison des bois, le nombre des deux espèces de bisons s'accroît lentement dans le parc. En 1929, on l'estime à 10 000. De 1932 à 1934, J. Dewey Soper du ministère de l'Intérieur à Ottawa entreprend des recherches scientifiques sur le territoire du bison et, en 1934, il évalue la population de bisons à 12 000. Ses études effectuées dans le parc permettent d'établir une description remarquable du bison des bois, de ses habitudes, de ses habitats d'été et d'hiver et des caractéristiques physiques du parc.17 De 1930 à 1950, on commence à réduire périodiquement, en général à raison d'un maximum de 100 têtes par année, le nombre de bisons devenus hybrides. En 1947, W.A. Fuller, spécialiste de la mammalogie à l'emploi du Service canadien de la faune à Fort Smith, découvre des cas de tuberculose dans le troupeau de bisons des bois, à la suite d'un abattage d'animaux âgés.18 Les examens qui se poursuivent en 1948 et en 1949 confirment les premières découvertes. Des relevés aériens effectués en 1949 et en 1950 font état d'une population de 10 000 à 12 000 bisons vivant dans le parc. En 1950, on entreprend des études en vue d'établir un programme de gestion du troupeau prévoyant la tuberculination des bisons et l'abattage sélectif des animaux atteints. Une autre maladie, la brucellose, est découverte dans le troupeau en 1956.19

Le premier d'une série d'abattages de bisons effectués dans le cadre de ce programme a lieu pendant l'hiver 1952-1953 dans des abattoirs mobiles à Prairie River au nord du lac Clair. À ce moment, 223 bisons sont tués. Cet abattage confirme l'ampleur de la tuberculose. Vers la fin de 1952, les installations de l'abattoir sont déplacées à Hay Camp, où les diminutions du troupeau par abattage se poursuivent au cours des quatre années suivantes. Un abattoir moderne est construit dans la région de Sweetgrass au nord du lac Clair en 1957 et des abattages y ont lieu en hiver de 1957 à 1962. En 1958 et en 1960, l'abattoir de Sweetgrass est fortement endommagé par les inondations de la rivière de la Paix et, en 1961, on entreprend la construction d'un nouvel abattoir à Hay Camp. Celui-ci est achevé en 1962.

En 1962, les bisons du parc de Wood Buffalo sont exposés à la menace d'une maladie infectieuse redoutable, l'anthrax, qui s'est déclaré chez les bisons vivant près du lac Hook dans les Territoires du Nord-Ouest, au nord-est du parc. La première manifestation de cette maladie est relevée près de l'emplacement d'un camp d'hébergement de sportifs s'adonnant à la chasse au bison, légale depuis 1959. Des animaux du parc sont contaminés en 1963 et 1964, lors d'autres manifestations de la maladie à des endroits situés plus au sud. Des mesures énergiques visant à enrayer et à vaincre la maladie sont prises sous la conduite d'agents du Service canadien de la faune. Un programme de la direction visant à enrayer la tuberculose et d'autres maladies au moyen de tests, d'immunisation et de vaccination est exécuté depuis lors. En 1965, 24 bisons du troupeau « du nord »; du parc de Wood Buffalo sont capturés, testés et transférés au parc national de Elk Island en Alberta, où on les installe dans une zone isolée, à l'écart de l'ensemble du troupeau principal de bisons des plaines. Ce troupeau secondaire de bisons des bois s'est reproduit de façon satisfaisante, et on espère que lorsque le troupeau sera reconstitué, il perpétuera l'unique sous-espèce qui, dans son habitat initial, a souffert des mesures administratives bien intentionnées mais désastreuses prises au début du siècle à l'égard de la faune.

Découverte de la présence de la grue blanche d'Amérique

Un événement plus encourageant dans l'histoire du parc a été la découverte en 1954 de l'aire de nidification de la grue blanche d'Amérique, entre les cours supérieurs des rivières Nyarling, Sass et Klewi.

Le plus grand et l'un des plus imposants oiseaux de l'Amérique du Nord, la grue blanche d'Amérique a vu son nombre diminuer à moins de 100 au cours des années 1920 et, dès le début des années 1940, elle paraissait en voie d'extinction. La disparition progressive de la grue blanche dans le centre de l'Amérique du Nord a suivi la destruction de son habitat à mesure que l'agriculture, le bétail en pâturages, la colonisation et la chasse empiétaient sur ses anciennes aires de nidification. Entre 1922 et 1954, on n'a pas découvert un seul nid habité dans les régions peuplées. En 1937, le gouvernement des États-Unis a établi un refuge national de la faune à Aransas au Texas afin de préserver les vestiges d'un habitat convenant aux grues blanches d'Amérique. En 1954, G.M. Wilson, directeur forestier à Fort Smith, a observé d'un hélicoptère deux oiseaux adultes de couleur blanche et un oisillon dans une région au sud du Grand lac des Esclaves. Le lendemain, W.A. Fuller a identifié les oiseaux comme étant des grues blanches d'Amérique. En 1955, après des recherches très difficiles sur les lieux, l'aire de nidification a enfin été déterminée.20

En juin 1967, des scientifiques du Service canadien de la faune et du United States Fish and Wildlife Service (Service américain de la faune et des pêcheries) prennent des mesures collectives en vue de perpétuer l'espèce. Des oeufs prélevés dans un nid au parc de Wood Buffalo sont expédiés, par avion, à une réserve spéciale à Patuxent dans le Maryland pour l'accouvage. Quatre oisillons survivent sur les six oeufs éclos. En 1968-1969, d'autres oeufs recueillis dans le parc sont envoyés au centre de recherche du Maryland et 12 oisillons survivent à l'éclosion. En août 1970, on estime le nombre de grues blanches en Amérique du Nord à 76. On observe 56 d'entre elles au cours de leur période de migration vers le nord, cette même année.

Après sa création, le parc est géré pendant plus de 40 ans comme un territoire de chasse et de piégeage pour les Indiens qui jouissent de droits ancestraux. L'élaboration du projet Canol dans la vallée du cours inférieur de la rivière Mackenzie a des répercussions sur l'aménagement de Fort Smith qui se transforme en un secteur d'administration centrale servant à l'acheminement des vivres et du personnel. En 1943, une route est ouverte l'hiver à des fins militaires à travers la partie nord du parc de Wood Buffalo, pour relier Fort Smith au village de Hay River.

Exploitation des ressources

Les inventaires forestiers effectués par le service forestier fédéral dans l'Ouest canadien s'étendent au parc de Wood Buffalo en 1949; dès 1950, on peut affirmer qu'il y existe un peuplement exceptionnel d'épinettes blanches dans les vallées des cours inférieurs de la rivière de la Paix et de la rivière Athabaska. En 1951, la Division des régions septentrionales, qui avait alors la charge du parc, permet la première grande coupe d'arbres parvenus à maturité et d'arbres en voie de dépérissement le long de la rivière de la Paix. Le permis est accordé à la compagnie Eldorado Mining and Refining Limited pour qu'elle coupe du bois à l'extérieur du parc. Avant 1955, trois grandes régions de terres boisées représentant les quadrilatères Peace Delta, Big Island et Athabaska sont choisies pour l'exploitation forestière, ou plus simplement, la coupe du bois. Au cours des années 1955 et 1956, quatre concessions situées dans les quadrilatères de Peace Delta et de Big Island sont accordées par voie d'adjudication publique et, en 1962, une cinquième concession sise sur les rives de la rivière Athabaska est cédée. Parmi les cinq premiers exploitants de ces concessions, seule la Swanson Lumber Company a réussi à établir une exploitation rentable. Cette compagnie a acquis peu à peu tous les droits de coupe et, en 1970, elle exploite trois moulins à papier sur la rivière de la Paix, celui de Sweetgrass à 16 km en amont de la rivière Athabaska, un autre situé près de la rivière Garden à 13 km à l'est de la limite occidentale du parc et un troisième immédiatement à l'ouest de la limite. Des lotissements urbains complets comprenant des écoles et des églises sont aménagés pour les employés de la compagnie près de l'emplacement de ces moulins. À Sweetgrass et à la rivière Garden, on construit également des pistes d'atterrissage. Ces usines procurent de l'emploi à environ cent Indiens et Métis. Les concessions spéciales qu'a faites le ministère lors de la détermination des redevances de coupes sur le bois coupé ont contribué au maintien de l'exploitation des moulins, mais par ailleurs, elles ont entraîné une réduction importante des revenus que la Couronne tire de l'exploitation forestière.

Droits des Indiens

Avant la création du parc, cette région constituait une réserve de chasse pour les autochtones du nord, dont bon nombre vivaient le long de la rivière de la Paix ou dans le voisinage de Fort Chipewyan sur les rives du lac Athabaska et à Fort Smith. Par conséquent, conformément aux droits conférés par l'ancien traité, les Indiens et les Métis vivant en Indiens, et plus tard leurs descendants, ont reçu le droit de chasser et de piéger dans le parc moyennant un permis, à condition qu'ils y aient chassé ou piégé avant la création du parc. Les droits ancestraux des personnes, autres que les Indiens et les Métis, qui avaient chassé ou piégé dans la région située au sud de la rivière de la Paix avant la création du parc, ont également été reconnus dans cette zone du parc. Au début, les règlements relatifs au gibier dans les parcs nationaux et leurs modifications ont été appliqués dans le parc de Wood Buffalo, mais en 1949, on a établi des règlements particuliers à cette réserve. L'interdiction de chasser le bison a été maintenue mais une disposition a été prise quant à l'émission de permis spéciaux autorisant la capture de spécimens pour la recherche scientifique ou la reproduction. Le rat musqué était le principal animal à fourrure que prenaient les trappeurs dans le parc; l'aide accordée par le directeur du parc pour maintenir le niveau d'eau dans les zones réservées au piégeage a porté sur plusieurs années grâce à la construction et à l'entretien de barrages sur les ruisseaux Dempsey et Murdock, au nord du delta delà rivière de la Paix.

Construction de routes

Une autre activité qui s'est poursuivie dans le parc de 1954 à 1966, a été la pêche commerciale de la laquaiche aux yeux d'or dans le lac Claire. L'industrie de la pêche fournissait de l'emploi d'été aux autochtones de Fort Chipewyan et arrondissait les revenus qu'ils tiraient habituellement du piégeage.

En 1957, on entreprend un vaste programme de construction de routes destiné à compléter les premiers aménagements du parc de Wood Buffalo, et on le poursuit pendant les six années qui suivent. Après la fin des travaux, le nouveau réseau routier relie Fort Smith au lac Pine, à Peace Point, Carlson Landing, Rocky Point, Sweetgrass et Hay Camp. Le programme prévoyait aussi le dégagement de l'emprise d'une route qu'on se proposait de construire de Peace Point à la limite occidentale du parc. En 1959, le dégagement est terminé; et bien que la construction proprement dite de la route ne soit pas commencée, l'emprise est conservée et la compagnie Swanson utilise ce chemin en tant que route d'hiver reliant Peace Point à une route provinciale conduisant vers l'est. Celle-ci va de High Level en Alberta à un endroit situé à 129 km à l'ouest de la limite du parc.

En 1963, l'expansion minière que connaissait Pine Point sur le Grand lac des Esclaves a justifié la construction d'une route reliant Hay River situé sur la grand-route Hay River à Pine Point et Fort Smith. Les travaux comprennent la construction de 290 km de route environ, dont une route d'accès de 22,5 km allant de la route principale à Pine Point. La construction est terminée en 1966 après trois années de travaux. L'emprise traverse la partie nord du parc de Wood Buffalo, y compris une partie de l'itinéraire de la route d'hiver construite à des fins militaires en 1942-1943.

À part les routes, d'autres installations importantes sont aménagées dans le parc, notamment les postes d'élevage du bison situés à Hay Camp et à Sweetgrass, où sont construits des abattoirs, des logements pour le personnel, des corrals, des canalisations d'eau et des bâtiments secondaires. Les postes des gardes situés à Hay Camp, au lac Pine, à Peace Point, à Carlson Landing, à la rivière Little Buffalo, à la 27ième ligne de base et à la rivière Jackfish comprennent des bâtiments annexes et des logements essentiels. Des postes de patrouille et des tours de détection d'incendie sont également établis à des points stratégiques du parc. En 1958, un terrain destiné à accueillir des chalets d'été est arpenté au lac Pine et, par la suite, des lots sont loués à des résidants de Fort Smith et d'autres endroits des Territoires du Nord-Ouest. Un terrain de camping et une aire de loisirs sont également aménagés au bord du lac à l'intention des visiteurs.

Modification des limites

En 1959, l'exploitation des ressources naturelles à l'intérieur du parc de Wood Buffalo attire l'attention du gouvernement de l'Alberta. Dans une lettre adressée au ministre du Nord canadien et des Ressources naturelles, en juillet 1959, le ministre provincial des Terres et Forêts met en doute la logique d'une politique qui encourage l'industrie à l'intérieur d'un parc national créé pour préserver les troupeaux de bisons. Il propose également, si la région du parc située en Alberta est rendue à la province, de prendre des mesures afin de préserver le bison. On lui répond que la coupe du bois se limite aux arbres parvenus à maturité et en voie de dépérissement et que, d'une certaine façon, cette pratique est comparable aux coupes d'entretien qu'effectue le personnel du Ministère dans les autres parcs nationaux, bien qu'elle soit exécutée sur une plus grande échelle. On lui donne aussi l'assurance que la conservation du bison et des emplacements de nidification de la grue blanche d'Amérique constitue une fonction importante du parc. Le 5 avril 1962, l'Assemblée législative de l'Alberta adopte une résolution demandant la remise à la province des terres du parc de Wood Buffalo situées à l'intérieur de l'Alberta. Depuis lors, des négociations se poursuivent pour étudier la possibilité de modifier les limites du parc afin de retrancher les zones susceptibles de se prêter à l'exploitation des ressources, tout en conservant une superficie suffisante pour protéger convenablement la faune du parc. Le gouvernement fédéral soutient également que si des terres situées à l'intérieur du parc sont cédées à la province, cette dernière devra fournir en échange d'autres terres provinciales convenant à l'établissement d'un parc national. Bien que de nombreuses propositions aient été présentées et étudiées, les autorités ne sont pas encore arrivées à un terrain d'entente satisfaisant.

Changements dans l'administration du parc

De 1922 à 1954, l'agent du district, qui devint par la suite l'administrateur du district de Mackenzie des Territoires du Nord-Ouest, exerce les fonctions de directeur du parc. En 1954, Ewan Essex, garde en chef du parc, devient le premier directeur chargé de la surveillance exclusive du parc. R.E. Oison lui succède en 1957 et occupe le poste jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite en 1968. Bon nombre des responsabilités administratives du directeur du parc étaient inévitablement liées à l'administration du district de Mackenzie et, afin de satisfaire aux exigences du parc, les services de comptabilité, de protection forestière et les entrepôts de matériel technique sont améliorés. Dès 1964, il devient évident que les aménagements effectués dans le parc, notamment l'exploitation des ressources forestières, l'extension du réseau routier du parc et l'amélioration des installations de surveillance du bison, ainsi que les négociations avec l'Alberta au sujet des modifications des limites du parc, ont créé des problèmes que le transfert de l'administration du parc du Service des parcs nationaux pourrait mieux résoudre. Par la suite, le 1er juin 1964, l'honorable Arthur Laing, ministre du Nord canadien et des Ressources naturelles, annonce les changements apportés à l'administration du parc, et ces derniers entrent en vigueur le 1er octobre 1964. Le transfert de certains services essentiels, notamment ceux qui se rapportent à la protection des forêts et au génie forestier, s'échelonne sur une longue période, mais le 1er avril 1969, le Service des parcs nationaux assume déjà toutes les fonctions administratives.

Bien que, d'après les normes admises, le parc national de Wood Buffalo demeure un anachronisme au sein du réseau des parcs nationaux, des démarches sont entreprises afin de rendre sa gestion conforme aux normes nationales en vigueur. On étudie l'avenir des troupeaux de bisons, et des négociations sont engagées avec les détenteurs de droits de coupe dans le but d'arrêter l'exploitation dans la partie centrale du parc et de la poursuivre ailleurs. En outre, on s'efforce de répondre aux besoins des visiteurs dans le domaine des activités récréatives.

On entrevoit également la possibilité de conclure avec le gouvernement de l'Alberta une entente relative aux limites du parc, qui diminuerait ou éliminerait l'exploitation des ressources naturelles et assurerait la perpétuation d'espèces remarquables de la faune. Pendant ce temps, une grande aire de nature sauvage est maintenue à l'état primitif, exception faite de zones relativement petites d'exploitation. Si les limites actuelles sont conservées, le parc offrira aux amateurs d'aventures des expériences uniques et ils apprécieront sa flore, sa faune, sa géologie et ses autres attraits naturels.


Références

1. Harper Francis, Lettre au rédacteur du Canadian Field Naturalist, Ottawa, février 1925.

2. The Great Mackenzie Basin, Comptes rendus de certains comités du sénat du Canada, 1887-1888, Imprimeur du Roi, Ottawa, 1910.

3. Northwest Territories Game Ordinance (N° 11), 29 novembre 1890.

4. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1912, Imprimeur du Roi, Ottawa.

5. Northwest Game Act, 1917, Statuts du Canada, 7-8 George V, chapitre 36.

6. Rapport annuel de la Royale Gendarmerie à cheval du Nord-Ouest, 1907.

7. Hewitt, C. Gordon, The Conservation of the Wild Life of Canada, Scribners, New York, 1921.

8. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1922, Imprimeur du Roi, Ottawa.

9. Kitto F.H., Athabasca to the Arctic, Revue géographique, Vol. 63, 1924.

10. Graham Maxwell, Canadas Wild Buffalo, Imprimeur du Roi, Ottawa, 1923.

11. Arrêté en conseil C.P. 2498, 18 décembre 1922.

12. Arrêté en conseil C.P. 634, 30 avril 1926.

13. Arrêté en conseil C.P. 1444, 24 septembre 1926.

14. Graham Maxwell, Finding Range for Canada's Buffalo, Canadian Field Naturalist, Ottawa, décembre 1924.

15. Dossier Bu 210-1 du Service des parcs nationaux, 15 mars 1940, Archives publiques du Canada.

16. Dossier Bu 232-1 du Service des parcs nationaux, Vol. 1, 22 avril 1924, Archives publiques du Canada.

17. Soper J. Dewey, History, Range and Home Life of the Northern Bison, Monographies écologiques 11, 347 412, octobre 1941.

18. Fuller W.A., The Biology and Management of the Bison and Wood Buffalo National Park, 1957.

19. Ibid.

20. The Whooping Crane, Service canadien de la faune. Imprimeur de la Reine, Ottawa, 1969.


Le parc national de Prince-Albert

Le 9 mai 1927, l'honorable Charles Stewart, ministre de l'Intérieur, annonçait la création du parc national de Prince-Albert, d'une superficie de 3566 km2, « dans le but de conserver à perpétuité une partie des forêts et des lacs sauvages du nord de la Saskatchewan tout en offrant aux habitants de la province et aux Canadiens en général une magnifique région consacrée aux loisirs. »1 Les Canadiens ont bien accueilli cette addition importante au réseau des parcs nationaux du Canada que constituait le parc de Prince-Albert, à l'orée des vastes étendues inexplorées du Nord. Les citadins de Prince-Albert étaient d'autant plus heureux de cette décision qu'ils en étaient les instigateurs et les promoteurs.

Proposition de création d'une réserve faunique

En juin 1921, le secrétaire du Prince Albert Board of Trade (Chambre de commerce de Prince-Albert) avait écrit au commissaire des parcs nationaux à Ottawa pour lui demander d'apporter son appui à la création d'une réserve de bisons dans une partie de la réserve de Pine Forest, située au sud-est de Prince-Albert, entre les bras nord et sud de la rivière Saskatchewan.2 À l'époque, l'accroissement du nombre de bisons dans le parc national de Buffalo de Wainwright, en Alberta, avait amené le Service des parcs nationaux à envisager de réduire le troupeau. Le commissaire a ouvert une enquête pour déterminer si la réserve forestière se prêtait à la création d'une réserve de bisons; se fondant sur les rapports présentés par plusieurs ministères et traitant des précipitations atmosphériques, des pâturages, des abris et d'autres conditions, il a rejeté la proposition. En février 1926 la Chambre de commerce de Saskatoon réitérait la demande et insistait sur l'attrait touristique que représenterait une réserve de bisons.3

Après une étude plus approfondie, dans laquelle on prenait en considération l'existence dans l'Ouest du Canada de trois troupeaux de bisons distincts appartenant au gouvernement, le ministère a avisé la Chambre de commerce de Saskatoon qu'il ne pouvait se permettre des dépenses supplémentaires pour la création de nouvelles réserves de bisons.

À la fin d'avril 1926, les démarches pour la création d'un parc national se sont révélées plus fructueuses. Le commissaire Harkin a reçu à Ottawa l'honorable T.C. Davis, ministre du Travail et de l'Industrie de la Saskatchewan et son sous-ministre, T.M. Malloy.4 Il en est sorti un projet de création, au nord de Prince-Albert, d'un vaste parc naturel et récréatif qui comprendrait la réserve forestière de Sturgeon et les terres environnantes. Pour faire valoir sa cause, Davis rencontrait aussi le ministre de l'Intérieur, l'honorable Charles Stewart, et le premier ministre Mackenzie King, qui avait récemment été élu député de Prince-Albert.

Création du parc

Malgré son désir de doter toutes les provinces de parcs nationaux, le commissaire Harkin pensait qu'il fallait d'abord étudier la région proposée afin de s'assurer qu'elle correspondrait aux normes fixées pour les parcs nationaux. Comme les restrictions budgétaires ne permettaient pas de le faire cette année-là, le ministre a proposé de retarder les démarches jusqu'en 1927. Davis, ex-maire de Prince-Albert, n'a cessé de harceler le ministre de l'Intérieur; il était soutenu par un comité local qui avait à sa tête H.J. Fraser, ex-associé juridique de Davis et président de l'Association libérale de Prince-Albert. Davis rappelait au ministre que King, le premier ministre, avait encouragé les résidants de la circonscription en les informant de l'intention du gouvernement de créer un parc national au nord de Prince-Albert.5 Le projet de loi fédérale selon lequel la création des parcs nationaux se ferait par voie législative et non plus par arrêté en conseil est un des facteurs qui obligeaient à prendre rapidement une décision. Finalement, grâce aux renseignements que lui avaient fournis plusieurs de ses directions, le ministre de l'Intérieur a recommandé la création d'un parc d'une superficie provisoire de 3566 km2. L'arrêté en conseil adopté le 14 mars 1927 réservait également toute une région constituée de terres publiques fédérales et située à l'est du nouveau parc, en attendant qu'une étude vienne déterminer quelle partie de ces terres pourrait éventuellement être annexée au nouveau parc.6

À l'origine, le parc national de Prince-Albert couvrait toute l'ancienne réserve forestière de Sturgeon, et au nord, huit autres cantons dans lesquels se trouvaient les lacs Crean et Kingsmere et la moitié ouest du lac Waskesiu, ainsi qu'une vaste étendue située à l'est du troisième méridien et au sud et à l'ouest du lac Montréal. S'étendant au nord des limites de la civilisation, le parc rassemblait des rochers, des forêts et des cours d'eau que la nature semblait avoir disposés là pour créer un lieu privilégié à l'intention des amoureux de la vie en plein air. Dans une des premières brochures consacrées au parc, M.B. Williams écrivait: « Il y a ici des milliers de lacs cristallins - depuis des bassins rocheux minuscules d'une largeur de quelques centaines de mètres à peine jusqu'à d'immenses lacs de plus de 100 km de longueur dans lesquels se reflète l'été le bleu intense du ciel canadien. Entre les lacs courent, comme autant de fils d'argent, d'innombrables petites rivières et des ruisseaux qui forment un réseau de cours d'eau, compliqué comme un ouvrage en filigrane, formant des voies navigables sur des centaines de milles. »7

Premières explorations

Le parc national de Prince-Albert s'étend entre les rivières Churchill et Saskatchewan, deux des grandes routes fluviales des premiers explorateurs et commerçants de l'histoire. Cet étonnant réseau de lacs et de cours d'eau doit avoir offert, à l'époque, une voie navigable presque ininterrompue depuis la Saskatchewan Nord jusqu'à la région de l'Athabasca, en passant par le lac Île-à-la-Crosse, le lac Loche et l'historique portage Methye, traversé pour la première fois par Peter Pond en 1778. À l'embouchure de la rivière Sturgeon, qui prend sa source dans le parc, s'élevait autrefois le fort Sturgeon que Pond aurait, croit-on, fondé en 1776. Situé sur la Saskatchewan Nord, à environ 6 km en amont de Prince-Albert, le fort a été abandonné en 1779.

En 1808, Alexander Henry notait dans son journal la présence de ruines de plusieurs anciens postes de traite près de l'embouchure de la rivière Sturgeon. De 1886 à 1892, la Compagnie de la baie d'Hudson a exploité un poste de traite au lac Red Deer (maintenant Waskesiu). Ce poste, dont Charles Garson avait la charge, avait été créé comme avant-poste du lac Montréal afin de faire concurrence à un commerçant indépendant, Stevenson, qui s'était établi sur la rive sud du lac en 1887.8 En 1888, le poste de la Compagnie au lac Red Deer était considéré comme un avant-poste de Prince-Albert; malgré son maigre succès financier, on jugeait préférable de le maintenir afin d'empêcher les Indiens d'aller vendre leurs fourrures plus au sud, à Prince-Albert, où des commerçants privés pouvaient les leur acheter. La colonisation de l'Ouest devait inévitablement amener la disparition de ces premiers postes dont le temps a effacé la trace.

Aménagement du parc

Peu après la création du parc en 1927, on s'est occupé de l'ouvrir au public. On avait nommé directeur un homme d'expérience, J.A. Wood, de Banff, et organisé un service de gardes. Le commissaire des parcs a lui-même visité le parc en compagnie du directeur. La route qui avait autrefois desservi la réserve forestière était à peine en meilleur état qu'un sentier de bûcherons; on a donc entrepris, à la fin de 1927, une étude pour déterminer l'emplacement d'une route qui relierait, tout au long de l'année, la limite méridionale du parc au lac Waskesiu. On a aménagé un terrain de camping, amélioré les sentiers existants et installé des bureaux temporaires pour l'administration. Le Service forestier fédéral avait entrepris, en 1925, l'arpentage d'un petit lotissement à la place Waskesiu et octroyé des permis de commerce et de résidence sur quelques lots. Afin de répondre à la demande prévue de terrains pour des commerces et des résidences d'été, on entreprend, au début de 1928, l'arpentage d'un nouveau lotissement urbain. On arpente la rive sud du lac Waskesiu en vue d'y construire une route panoramique jusqu'aux étranglements Waskesiu, et on bâtit une demeure pour le directeur ainsi que plusieurs immeubles administratifs. Le Comité du parc national de Prince-Albert se charge d'entretenir l'intérêt de la population locale pour le parc, dont l'inauguration officielle a lieu les 10 et 11 août 1928, bien que la nouvelle voie d'accès ne soit pas achevée et que le lotissement urbain ne soit pas encore aménagé. L'invité d'honneur est l'honorable W.L. Mackenzie King, premier ministre du Canada, auquel ses électeurs offrent une résidence d'été. Un programme de canotage, de pêche et de sports nautiques agrémente les deux jours de festivités et, même si les visiteurs éventuels ont été prévenus qu'ils ne pourraient passer la nuit qu'au terrain de camping, plus de 2 500 personnes font de l'inauguration du parc un succès marquant.9

À la fin de 1928, la nouvelle route qui traverse le parc est terminée et on peut louer les lots du lotissement à des fins commerciales et résidentielles. En 1929, l'aménagement du parc et du lotissement urbain de Waskesiu va bon train et se continue au cours des années qui suivent. En 1930, le directeur et le personnel du parc déménagent d'une cabane en rondins dans un nouvel immeuble administratif. L'année suivante, on procède à la construction d'une station génératrice d'énergie électrique alimentant les constructions tant gouvernementales que privées et en 1932, à l'installation d'une canalisation d'eau pour l'été. À la suite de travaux entrepris entre 1932 et 1935 pour réduire le chômage, de nombreux aménagements et immeubles prennent forme. On agrandit les terrains de camping, on construit un musée et un centre communautaire, on ouvre un terrain de golf avec pavillon bien équipé et on met la dernière main à un camp de travail pouvant accueillir une centaine hommes. Les réalisations de l'entreprise privée comprennent des magasins, des hôtels et des chalets d'été, des restaurants et une salle de patinage à roulettes.

Très tôt, l'administration du parc reconnaît les possibilités uniques qu'offre le parc pour les loisirs en plein air. En 1930, on construit un brise-lames de grande taille à la plage Waskesiu pour assurer un abri aux baigneurs, aux propriétaires d'embarcations et aux administrateurs d'entreprises de location de bateaux. Plus tard, on construira un quai sur la rive et on louera au public des hangars à bateaux. L'utilisation des cours d'eau du parc se trouvera facilitée par la construction de chemins de fer à voie étroite aux portages reliant le lac Waskesiu aux lacs Kingsmere et Hanging Heart. On encourage les excursions sur l'eau durant plus d'une journée en aménageant des terrains de camping à des endroits appropriés sur plusieurs des grands lacs. Pour les moins aventureux, on organise des excursions sur des bateaux de passagers qui remontent le lac Waskesiu.

Le parc s'agrandit

Pendant ce temps, le ministère se penche sur la question des futures dimensions du parc. Au milieu de l'été 1928, le ministre de l'Intérieur constate que les quelque 4662 km2 réservés pour l'expansion du parc se prêtent davantage à la colonisation. L'arrêté en conseil du 18 octobre 1928 annule donc ce projet de réserve.10 Après avoir étudié et évalué les terres du parc et ses environs, le directeur recommande d'agrandir le parc vers le nord et le nord-ouest pour y annexer plusieurs grands lacs, entre autres, le lac Lavallée, qui compte une des plus importantes colonies de cormorans et de pélicans blancs du Nord-Ouest canadien et les lacs Wasaw, Wassegam et Tibiska, qui contiennent plusieurs espèces pour la pêche. L'arrêté en conseil du 6 février 1929 autorise cet agrandissement et la superficie du parc est portée à 4841 km2.11

Huit ans avant la création du parc, la majeure partie de la section sud-ouest avait été détruite par un incendie de forêt. Même si le reboisement était satisfaisant, les autorités du parc considéraient qu'elles pouvaient se défaire d'une partie de ce secteur. Quant à la région à l'est du troisième méridien et qui entourait la réserve indienne du lac Montréal et l'extrémité sud du même lac, elle constituait une autre partie du parc dont l'aménagement et l'utilisation futures étaient incertains. Après avoir examiné les terres du parc, le directeur Wood avait recommandé de se départir de toute la région située à l'est du troisième méridien, puisque la majeure partie de cette région n'avait que peu d'intérêt pour les visiteurs. En effet, la réserve indienne englobait la rive du lac Montréal, et l'intérieur de la région était constitué de terres basses et de marécages; le paysage et les possibilités récréatives ne justifiaient donc pas des dépenses pour la protection du gibier et la prévention des incendies. Au cours de la session parlementaire de 1941, le ministre T.A. Crerar, après avoir consulté la Direction des affaires indiennes et la province de la Saskatchewan, propose une loi visant à modifier les limites du parc. Ce projet de loi, qui prévoit l'abandon des terres entourant la réserve indienne et de deux petites zones à la limite sud du parc, rencontre une opposition inattendue. Les membres de l'opposition, ayant à leur tête R.B. Hanson, se prononcent contre le retrait des terres boisées. John Diefenbaker, député de Lake Centre, affirme que certains groupes du nord-est de la Saskatchewan convoitent la forêt située dans le parc.12

Le ministre assure aux députés que la loi a pour but de retirer du parc des terres qui ne conviennent pas à un aménagement touristique. De fait, la région en question n'a jamais fait partie de l'ancienne réserve forestière : un tiers a été dévasté par le feu et le reste ne comporte que des terres basses. Mais l'opposition continue et le projet de loi est retiré du programme législatif.

Il n'y aura aucune autre tentative pour enlever des terres du parc pendant la guerre. Un amendement à la Loi sur les parcs nationaux réduira finalement la superficie du parc après qu'un ingénieur forestier du ministère eut étudié la région controversée. L'honorable C.D. Howe mènera les débats sur l'amendement à la Chambre des communes en 1947, après une opposition modérée de quelques-uns des députés.13 A la suite de cette mesure, le parc couvrira une superficie de 3875 km2.

La rivière Kingsmere
La rivière Kingsmere, parc national de Prince-Albert.

Les visitieurs visités
Les visiteurs visités, parc national de Prince-Albert, vers 1929.

Proposition visant à modifier les limites du parc

Lorsqu'un levé officiel redéfinit les limites nord et ouest du parc en 1963, la province de la Saskatchewan demande que les tracés de route le long de la limite occidentale en soient exclus. Cette mesure aurait dégagé l'administration du parc de l'obligation de construire des routes pour desservir les terres provinciales adjacentes. Bien que la loi prévoyant le retrait en question ait été préparée en 1970, elle sera retirée plus tard et on conservera la limite du levé officiel.

Lotissements résidentiels

Dès le jour de son inauguration officielle, le parc national de Prince-Albert reçoit un appui toujours grandissant de la population de la Saskatchewan. On y utilise au maximum les terrains de camping, les voies navigables et les aménagements récréatifs; on construit des résidences d'été dans les endroits prévus à cette fin et on loue des lots, dans le lotissement urbain, pour la construction des locaux commerciaux nécessaires pour assurer les services essentiels. En 1938, la zone résidentielle de Prospect Point est agrandie par l'arpentage du lotissement de Lakeview, où l'on autorise la construction de chalets à prix modique. Ce lotissement sera à nouveau agrandi en 1946 et en 1951. En 1933 et en 1950, l'arpentage du lotissement urbain de Waskesiu permettra l'agrandissement du secteur commercial. Les premières séries de chalets du parc s'élèvent en 1932 et 1933 et on construit aussi un pavillon et un hôtel. Un musée, bâti en 1933, et des courts de tennis apportent un intérêt supplémentaire pour les visiteurs.

Amélioration des routes

La construction de routes panoramiques permet l'accès aux principaux pôles d'attraction. En 1931, on termine la route qui longe la rive sud du lac Waskesiu jusqu'au premier étranglement et en 1937, on ouvre une route secondaire qui longe la rive sud du lac jusqu'aux lacs Hanging Heart. En 1961, on commence des travaux de prolongation de la route des lacs Hanging Heart, conçue comme un des tronçons de la route panoramique de Waskesiu, laquelle, une fois achevée, fera le tour du lac Waskesiu. En 1963, 19 km de la nouvelle route vers la rivière Kingsmere avaient été construits lorsque le travail fut temporairement interrompu. La principale voie publique du parc, terminée en 1928, avait été améliorée au cours des années. Célèbre pour ses courbes, la route sera sensiblement modifiée avant d'être reconstruite entre 1948 et 1952. Le projet comprenait le revêtement de toute la route.

Le ministère de la Voirie de la Saskatchewan participera, en 1968, à l'aménagement d'une nouvelle voie d'accès à l'administration centrale du parc et en 1969, à son revêtement. Pendant des années, la route du parc, qui forme un tronçon de la route provinciale 2, a été très utilisée par les personnes se rendant au nord-est du parc pour se livrer à la pêche, ainsi qu'à l'exploitation forestière et minière.

En 1965, le gouvernement de la Saskatchewan annonce son intention de construire, pour desservir les régions minières des environs du lac la Ronge, une nouvelle route qui contournerait le parc. Après des négociations entre le directeur du Service des parcs nationaux et le sous-ministre de la Voirie de la Saskatchewan, les autorités provinciales acceptent de construire la nouvelle route plus près du parc de façon à faciliter l'accès au lotissement urbain de Waskesiu. La province signe également une entente avec le gouvernement fédéral pour la construction d'une voie secondaire d'environ 11 km entre la nouvelle voie et le lotissement urbain de Waskesiu; tous les coûts incombent au gouvernement fédéral. La nouvelle route, terminée en 1968, raccourcit de 9, 5 km la distance qui sépare Prince-Albert du parc, permet au trafic lourd d'éviter les routes du parc et réduit considérablement les coûts d'entretien de la première route du parc.

Construction de quartiers d'hiver

Après sa création, le parc a été administré pendant plus de 30 ans depuis le lotissement urbain de Waskesiu au cours des mois d'été seulement. En hiver, le directeur et son personnel, à l'exception des gardes, s'installaient à Prince-Albert où se trouvaient un garage central et un atelier. L'utilisation accrue des routes du parc l'hiver et la surveillance de l'exécution des travaux d'hiver confirmaient la nécessité de centraliser l'administration. Pendant l'hiver 1957-1958, l'ingénieur du parc a résidé dans le parc et, après la construction en 1959 d'un nouveau garage central et de nouveaux logements pour le personnel, les opérations d'entretien ont été centralisées dans le parc. Le directeur et son personnel administratif continuent leur déménagement semestriel jusqu'en 1967, année de la construction d'un nouveau bureau à Waskesiu. Ce dernier changement dans l'administration du parc se trouve facilité par l'installation, au cours des années précédentes, de logements adéquats pour le personnel.

Au cours des ans, on a amélioré les services aux visiteurs. La réparation et la reconstruction, à la plage Waskesiu, d'un grand brise-lames abritant les bateaux de location et les bassins, consacrent la popularité du canotage. Par la suite, l'utilisation sans cesse croissante des embarcations se traduit par un encombrement qui fait ressortir le besoin de meilleures installations de mouillage, d'accostage et de contrôle. A la suite d'une étude menée par des conseillers, on entreprend, au cours de l'hiver 1961-62, la construction d'un port de plaisance à 5 km au nord-est de la plage Waskesiu, qui sera terminé en 1964. Le port, qu'abrite un grand brise-lames, comprend cinq jetées de desserte, un quai de mouillage, des rampes de chargement, ainsi qu'un bureau et un logement pour le concessionnaire qui exploite le port. On y trouve également des toilettes et un terrain de stationnement adéquat pour les clients et les visiteurs.

Agrandissement des terrains de camping

La popularité du premier terrain de camping à Waskesiu a nécessité son agrandissement presque continuel. En 1930, on ajoute 10 ha de terrain à l'emplacement initial et, au cours des quatre années qui suivent, on aménage des abris-cuisines, des toilettes et d'autres commodités. Les terrains de camping secondaires ouverts à l'étranglement Waskesiu, au lac Sandy et sur la rive de quelques-uns des principaux lacs, sont également très fréquentés. Le terrain de camping de Waskesiu assiste aux débuts de la maison-tente, communément appelée (« shack » tent, structure pliante que le propriétaire doit démonter et ranger à la fin de chaque saison de camping). Les campeurs réclament la permission de laisser leurs maisons-tentes sur le terrain toute l'année. Cette demande entraîne l'affectation, en 1951, d'une partie du terrain de camping à la construction de petits pavillons montés sur des patins, par la suite appelés « cabanes portatives ». L'utilisation croissante des remorques automobiles amènera l'aménagement d'un vaste terrain pour les remorques entre 1959 et 1964.

C'est pour répondre à la demande incessante d'emplacements de camping que l'on aménage, en 1962, un nouveau terrain, le Beaver Glen, sur la route des lacs Heart, au nord du terrain de Waskesiu. La première partie est ouverte en 1965, et celles qui seront ajoutées ensuite pourront accueillir plus de 200 tentes et comprendront des bâtiments de services et un amphithéâtre en plein air. Les maisons-tentes occupaient une des meilleurs parties du terrain de Waskesiu attenantes a la plage. Dans les premiers temps, alors que les visiteurs étaient moins nombreux, la présence des campeurs ne nuisait pas vraiment à l'utilisation de la plage pendant le jour par les visiteurs de passage. Cependant, à mesure que changeaient les habitudes et qu'apparaissait un genre plus perfectionné de matériel de camping, comme la tente-remorque, les parties réservées aux tentes et aux remorques devenaient surpeuplées.

Cette transformation des habitudes ainsi que le plan de nouvel aménagement du lotissement urbain de Waskesiu et de ses environs entraînent un changement dans la politique du ministère. Grâce aux nouvelles mesures, annoncées en 1967, on espère éliminer les maisons-tentes semi-fixes au profit d'un matériel plus mobile qui occupera les parties vacantes du terrain converties en emplacements réservés à l'installation de ce matériel. Les propriétaires de tentes-cabanes (cabin-tents) pourront toutefois continuer de camper à condition de renouveler leurs permis individuels chaque année.

Activités de « Grey Owl »

Le résumé de l'histoire du parc national de Prince-Albert serait incomplet si l'on passait sous silence le nom d'Archibald Belaney, que des milliers de personnes à travers le monde connaissent sous le pseudonyme de « Grey Owl » (hibou gris). Natif de Hasting dans le comté de Sussex, en Angleterre, Belaney arrive au Canada en 1905, encore adolescent; il vit à la mode des Indiens dans les régions de Temagami et de Biscotasing, en Ontario. Durant la première guerre mondiale, il sert outre-mer; plus tard, il deviendra trappeur dans les environs de Témiscouata, au Québec, pour assurer sa subsistance. Devenu un fervent de la conservation de la faune en 1929 environ, Belaney a écrit, sous le pseudonyme de « Grey Owl », de nombreux articles décrivant les cabrioles et les habitudes d'un couple de castors sauvages qu'il avait apprivoisés. La publication de ces articles en Angleterre et au Canada suscite de l'intérêt et on l'invite en 1931 à travailler pour le Service des parcs nationaux du Canada afin de sensibiliser le public aux méthodes de conservation. C'est sur un petit lac situé dans le parc du Mont-Riding qu'il est aperçu pour la première fois avec ses castors. On y tournera des films remarquables sur ses protégés. Lorsqu'il s'est avéré certain à la fin de l'automne que le lac gèlerait trop profondément cet hiver-là, le commissaire des parcs nationaux décide de transporter Grey Owl et ses castors au lac Ajawaan, dans le parc de Prince-Albert. Dans ce nouveau cadre, il continue d'écrire et il participe à la réalisation d'autres films sur la faune. Il prend congé pour entreprendre des tournées de conférences en Angleterre et aux États-Unis. Au retour d'un tel voyage au printemps de 1938, il contracte une pneumonie et meurt dans un hôpital de Prince-Albert. On l'enterre sur la rive de son cher lac Ajawaan où sa mémoire est perpétuée par la conservation d'une des cabanes qu'il a habitées au cours des sept années qu'il a passées dans le parc, et par l'entretien de sa tombe qui continue d'attirer de nombreux visiteurs. Ses castors apprivoisés, Jelly et Rawhide, ont été remis en liberté et on a découvert plus tard l'existence d'une importante colonie de castors aux abords du lac Ajawaan.


Références

1. Communiqué de la presse canadienne, Toronto Globe, 9 mai 1927.

2. Dossier P.A. 2, du Service des parcs nationaux, 29 juin 1921.

3. Ibid., 10 février 1926.

4. Ibid., note de service, 1er mai 1926.

5. Ibid., lettre, 10 novembre 1926.

6. Arrêté en conseil, C.P. 524, 24 mars 1927.

7. Williams M.B., Prince-Albert National Park, Imprimeur du roi, 1928.

8. Service des parcs nationaux, Notes historiques compilées par la Compagnie de la baie d'Hudson à l'intention du directeur du parc national de Prince Albert, 24 mars 1969.

9. Rapport annuel du ministère de l'Intérieur, 1929, Imprimeur du roi, Ottawa.

10. Arrêté en conseil, C.P. 1846, 28 octobre 1928.

11. Arrêté en conseil, C.P. 162, 6 février 1929.

12. Hansard, 31 mars 1941.

13. Statuts du Canada, II George VI, chapitre 66.

Grey Owl accueille des visiteurs chez-lui
Grey Owl accueille des visiteurs chez-lui, au lac Ajawaan, parc national de Prince-Albert, vers 1929.

Grey Owl nourissant un bébé castor
Grey Owl nourissant un bébé castor, parc national de Riding-Mountain, vers 1929.


Le parc national du Mont-Riding

La création du parc national du Mont-Riding en 1929 est un événement important car il s'agit du dernier parc national à être créé à partir de terres publiques non aliénées qu'administre le gouvernement fédéral. Le nouveau parc a également réservé au public une région favorable aux loisirs dans un coin unique du Manitoba; son choix comme maillon de la chaîne des parcs nationaux du Canada répondait aux souhaits d'un très grand nombre d'habitants de la province.

Premières propositions

Dès 1919, une proposition pour la création d'un parc national dans l'est du Manitoba, au sud de la rivière Winnipeg et à l'ouest de la frontière ontarienne, était à l'étude.1 Le secteur, drainé par la rivière Whiteshell, constituait une véritable région de lacs, au caractère relativement primitif et à travers laquelle on prévoyait la construction de la route transcanadienne. Cependant, pendant de nombreuses années, la proposition a été oubliée, en fait, jusqu'à ce que E.D.R. Bissett, député de Springfield, fasse renaître, en 1927, l'intérêt pour ce projet. Bissett demande l'appui du premier ministre manitobain, John Bracken, de l'honorable Charles Stewart, ministre de l'Intérieur, et de J.B. Harkin, commissaire des parcs nationaux à Ottawa. En avril 1927, Bissett recevait par écrit l'assurance que le Service des parcs nationaux était disposé, avec l'approbation du ministère, à recommander la création d'un parc dans l'Est du Manitoba, sous réserve de certaines conditions.2 Ces conditions assuraient la poursuite de la politique existante sur la question de la conservation des ressources du parc, également elles prévoyaient que la région serait desservie par une route interprovinciale, alors en construction, et que la province du Manitoba construirait la section de la route qui traverserait le parc. Les 19 membres de la Chambre des communes représentant le Manitoba adopteront la proposition et on décidera, en mai 1927, d'interdire toute colonisation ou tout autre usage des 2201 km2 de terrains inoccupés de la région. Plus tard, le premier ministre Bracken informera Stewart que le gouvernement provincial peut accepter cette proposition à condition que les régions minières exploitables soient exclues du parc. L'arrêté en conseil du 19 avril 1928 réserve officiellement la région en vue de la création d'un parc.3

La perspective de la création d'un parc national dans l'est sauvage du Manitoba n'enchantait cependant pas tout le monde. En juin 1927, l'honorable Charles Stewart recevait de nombreuses lettres des conseils municipaux et des secrétariats de localités rurales du centre de l'ouest du Manitoba, préconisant la création d'un parc national dans la réserve forestière du Mont-Riding. Les députés qui avaient appuyé le choix de la région de la rivière Whiteshell favorisaient maintenant celui du mont Riding. On retrouvait parmi eux J. Allison Glen, député de Russell, et J.T. Thorson, député de Winnipeg, centre-sud. En août 1927, Thorson informait le ministre qu'il avait changé d'avis après avoir reçu de nombreuses objections de la part de ses électeurs. Les arguments défavorables à la région de Whiteshell soulignaient son inaccessibilité, son éloignement et l'absence générale de gros gibier. Thorson, qui allait devenir plus tard président de la Cour de l'Echiquier du Canada, joignait à son envoi la lettre d'un notable de Dauphin, J.A. McFadden, qui considérait la réserve forestière du Mont-Riding comme l'endroit le plus propice à la création d'un parc national au Manitoba.4

La réserve forestière, créée en 1906, avait antérieurement été une des premières réserves fédérales du genre au Manitoba.5 Elle occupait une position de première importance dans le centre-est de la province, son versant est s'élevait de 305 m au-dessus des plaines environnantes. La réserve comptait plusieurs beaux lacs et abritait un des plus grands troupeaux de wapitis au Canada.

Le lac Clair comptait déjà une florissante colonie de villégiature d'été, connue sous le nom de Clear Lake Resort (station du lac Clair). Le Service forestier du ministère de l'Intérieur y avait arpenté des lots et les avait loués. Les attraits du mont Riding étaient donc mieux connus de centaines d'estivants que ceux de la région de Whiteshell.

McFadden, membre d'une étude d'avocats à Dauphin, met sur pied, en collaboration avec le maire, D.D. McDonald, un comité pour la création du parc du Mont-Riding qui représente de nombreuses municipalités de la province. Le comité publie une brochure sur les attraits de la région du mont Riding et ses membres mènent une énergique campagne pour appuyer leur cause.

Choix du mont Riding

En novembre 1927, la volumineuse correspondance que recevait le ministère de l'Intérieur et qui préconisait l'emplacement de l'Ouest, amenait le sous-ministre W. W. Cory à informer le commissaire des parcs nationaux que tout le portait à croire que l'opinion publique manitobaine appuyait la création d'un parc dans la réserve forestière du Mont-Riding plutôt que dans l'est du Manitoba.6 Dans son édition du 20 janvier 1928, le Winnipeg Tribune favorise l'emplacement de l'est et en recommande l'aménagement en parc national. Quant à la réserve du Mont-Riding, le journal considère que l'on pourrait y créer un parc provincial lorsque la province aurait obtenu le contrôle de ses ressources naturelles. Le 7 février 1928, l'assemblée législative du Manitoba adopte, par 23 voix contre 10, une résolution qui favorise les deux emplacements:

La Chambre croit que le gouvernement fédéral devrait créer un parc national au Manitoba tant dans les environs du mont Riding que dans l'est de la province.7

L'honorable Charles Stewart avait prévenu les députés manitobains qu'à son avis, il n'y aurait qu'un seul parc national au Manitoba et que c'était à eux d'indiquer leur choix. Le 11 août 1928, au cours d'une tournée dans l'Ouest canadien, Stewart va en pique-nique au lac Clair dans la réserve forestière du Mont-Riding et il prédit publiquement la transformation de la réserve en un « terrain de jeu national ».

Il ne s'agira pas nécessairement d'un parc national, mais vous en retrouverez tous les aménagements : un petit terrain de golf, la possibilité de construire des chalets et suffisamment d'espace pour un terrain de jeu et un terrain de camping. Votre comité devra ensuite se remettre à l'oeuvre pour faire construire une route à l'intention des gens qui viendront ici tous les jours.8

Étude de la région de Whiteshell

Pendant ce temps, le commissaire des parcs nationaux avait fait en sorte qu'un arpenteur fédéral d'expérience, R.W. Cautley, étudie les deux emplacements proposés pour le parc. En juillet 1928, Cautley, qui avait effectué beaucoup de levés de limites dans les parcs des Rocheuses, visite l'emplacement de Whiteshell.

Partant de Minaki en Ontario, Cautley descend en canot, accompagné de guides, la rivière Winnipeg et remonte la Whiteshell en empruntant le vaste réseau de lacs de la région. Le voyage couvre un itinéraire de plus de 322 km et comporte 33 portages. Il permet donc une juste évaluation de cette région sauvage. Cautley dira plus tard qu'à son avis, l'emplacement de l'est du Manitoba ne répond pas aux normes d'un parc national, car on n'y retrouve pas les plus beaux spécimens de lacs, de rivières et d'îles rocheuses au pays. Sur la loi de ce rapport, on annulera finalement la mise en réserve faite en 1928 en vue de l'aménagement d'un parc national.

Dans son rapport sur l'emplacement du mont Riding, Cautley se dit favorablement impressionné par le lac Clair et l'abondance du gros gibier, mais il préconise plutôt pour le reste de la région la formation d'une réserve forestière. Il recommande donc la création d'un centre récréatif d'été d'une superficie de 282 km2 autour du lac Clair.

Des exemplaires des rapports de Cautley sont remis à Bissett et McFadden, porte-parole des groupes qui appuient chacun des emplacements. Le ministère est une fois encore submergé de propositions des villes et municipalités qui rejettent l'aménagement d'un centre récréatif et désirent plutôt qu'on accorde le statut de parc national à toute la réserve forestière du Mont-Riding. Au nom du Comité pour le parc du Mont-Riding, McFadden exprime au ministre l'opinion que le gouvernement fédéral devrait retenir, administrer et aménager en parc toute la réserve forestière, sans quoi la réserve passerait à la province qui s'apprêtait à prendre en charge ses ressources naturelles.

La décision finale est remise jusqu'à la visite qu'effectuent à Ottawa, en décembre 1929, le premier ministre Bracken et deux membres de son cabinet pour négocier les termes d'une entente officielle relative à la cession au Manitoba de ses ressources naturelles. De retour à Winnipeg, le premier ministre annonce que la réserve forestière du Mont-Riding est retenue pour devenir un parc national. L'arrêté en conseil du 28 décembre 1929 autorise officiellement la création du nouveau parc national9 qui obtient son statut officiel lors de sa quatrième proclamation dans la Gazette du Canada le 8 février 1930.

On croit que l'escarpement du Mont-Riding résulte de l'érosion préglaciaire; à cette époque, la plus grande partie du Canada actuel reposait sous une grande étendue de glace. Au fur et à mesure que la glace se retirait, de grands lacs alimentés par les glaces fondantes se sont formés et les lacs Winnipeg, Winnipegosis, Manitoba et Dauphin en sont aujourd'hui les vestiges. Au cours de la période post-glaciaire, le mont Riding apparaissait probablement comme une île entourée de lacs et de rivières.

Premières explorations

Bien que située entre les routes fréquentées par les premiers explorateurs, le long de la rivière Churchill au nord et des rivières Rouge et Assiniboine au sud, la région du mont Riding avait été relativement peu touchée pendant des années. La grande plaine centrale du sud-est constituait l'ancien territoire des Assiniboines et des Cris qui étaient en bons termes avec les puissants Pieds-Noirs de l'ouest. Après l'acquisition d'armes à feu par les Indiens de l'ouest, de violents combats ont éclaté et les Cris et les Assiniboines se sont alliés pour attaquer les Pieds-Noirs et les Sarcis. À mesure que le bison, principale ressource des tribus de l'ouest, disparaissait, les Assiniboines se sont déplacés vers l'ouest et les Cris sont restés dans la région du mont Riding.

Henry Youle Hind, professeur de géologie et de chimie au Trinity Collège de Toronto, a été l'un des premiers Blancs à explorer la région. En 1857 et 1858, Hind dirige une expédition financée par le gouvernement canadien; il explore la région qui s'étend entre l'Assiniboine et la Saskatchewan Sud depuis la rivière Rouge, à l'ouest des environs de l'actuelle ville de Saskatoon. Dans son rapport « Assiniboine and Saskatchewan Exploring Expédition » (Expédition d'exploration de l'Assiniboine et de la Saskatchewan), Hind a fait un récit remarquable de ses voyages et de ses observations.10 C'est en octobre 1858 que Hind atteint la rive du lac Dauphin, d'où il repart en direction du mont Riding qu'il escalade. Il décrit ce qu'il peut apercevoir du sommet de la montagne : l'agencement des lacs, des rivières et des marécages qu'ont laissés les eaux en se retirant ainsi que le rivage d'une ancienne mer de l'époque post-glaciaire. Pendant son séjour au lac Dauphin, Hind rencontre un vieil Indien du nom de Ta-Wa-Pit qui vit avec ses deux fils et leur famille sur la rive ouest du lac. Le vieillard offre à Hind une pipe sculptée dans le schiste mou trouvé sur les versants du mont Riding et reçoit en échange un kilogramme de chevrotine. Ta-Wa-Pit parle aussi à Hind de l'apparence et des propriétés de quelques os gigantesques qui se trouvent sur la berge de la rivière de la Vallée près de l'endroit où elle coupe le bord de l'ancien lac. Hind raconte que Ta-Wa-Pit croit que ces os ont de grandes vertus curatives et que de temps à autre, il en réduit en poudre de petits fragments et les utilise comme remède. La description de l'Indien laisse croise à Hind qu'il s'agit d'os de mammouths; les esquisses des côtes et des dents que trace Ta-Wa-Pit dans le sable, correspondent, au point de vue des dimensions, avec ceux de ce gigantesque animal.11 Hind s'aperçoit aussi que les Indiens qu'il emploie hésitent à escalader le mont Riding parce qu'il serait hanté par des démons. Les Indiens viendront cependant plus tard habiter les terres qui se trouvent aujourd'hui à l'intérieur du parc qui au moment de sa création comportait une petite réserve à l'extrémité nord-ouest du lac Clair. Cette enclave, destinée à faciliter la pêche dans le lac pour la population autochtone, sera plus tard abolie.

Premiers travaux d'aménagement du parc

On commence à dresser des plans pour l'aménagement du nouveau parc au début de 1930, même si, pendant quelques mois, les agents du Service forestier continuent d'administrer l'ancienne réserve. Depuis quelques années déjà, le lac Clair, le plus grand et le plus beau du parc, était le principal centre d'intérêt des visiteurs. On choisit donc ses abords comme siège de l'administration locale et James Smart, agent expérimenté du Service forestier de Prince-Albert, est nommé directeur intérimaire. 11 entre en fonction en juin 1930.

Le directeur installe des locaux administratifs provisoires à Dauphin, puis plus tard à Neepawa. Il recrute d'abord son personnel administratif et de surveillance au sein du Service forestier dont il venait de sortir et fait d'importantes propositions d'aménagement : l'amélioration des routes à l'intérieur du parc, l'ouverture d'un terrain de camping adéquat au lac Clair, la construction d'une nouvelle route du lac Clair à la limite est du parc et l'aménagement d'un terrain de golf. En 1930, on commence la réfection de la route vers la limite nord du parc, à laquelle on ajoute une route qui passe par la rive nord du lac Clair et va vers le lac Audy, ainsi qu'une partie de la route Strathclair du lac Audy à la limite du parc. À la fin de 1931, les 40 km de route qui vont au lac Audy ont été réparés et le reste de la route est carrossable sur toute sa longueur en 1932. C'est également en 1932 que l'on termine la nouvelle route Norgate, de l'administration centrale du parc à la limite est du parc. On entreprend aussi entre le lac Clair et la limite nord du parc, la construction d'une route moderne permettant un raccourci vers Dauphin. On finit le déblaiement de la route en 1931, et pendant les quatre années qui suivent, on construit la route 10 qui sera terminée en 1935.

Les plans d'aménagement prévoyaient en priorité un nouvel arpentage du lotissement de la plage Clark, sur la rive sud du lac Clair, et son agrandissement. Le premier plan d'arpentage, effectué en 1916 et comprenant par la suite d'autres lots, ne respectait pas les règlements du parc qui demandaient que les lots soient distants d'au moins 30 m de la rive du lac. Le nouvel arpentage, effectué au cours de l'hiver 1931-1932, corrige les limites de plusieurs lots existants, agrandit le lotissement pour y inclure une section commerciale et prévoit suffisamment d'espace pour l'aménagement d'un grand terrain de camping et d'un terrain de pique-nique.

On aménage une partie des bords du lac en parc public et on choisit des emplacements dans le lotissement urbain pour y construire les immeubles administratifs et ceux du parc. On accorde aux propriétaires de chalets qui détiennent déjà des lots en vertu de permis, le droit de faire une demande de bail conformément aux règlements du parc sur les édifices. Le nouveau lotissement urbain est rebaptisé Wasagaming, mot cri signifiant « eau claire » choisi à la suite d'un concours organisé en mai 1932 parmi les écoliers du Manitoba.

On avait arpenté et ouvert au public un lotissement pour chalets sur la rive nord du lac Clair à l'époque de la réserve forestière. Après la création du parc du mont Riding, on ne peut plus disposer des lots de ce lotissement avant 1948, année où on accepte de nouveau des demandes de bail. Le droit de louer des lots dans ce lotissement prendra fin en 1957 et en 1958 on adoptera une mesure similaire pour les lots résidentiels du lotissement urbain de Wasagaming.

Le parc national du Mont-Riding a été fondé à la veille de la « grande crise » et, au début, ce sont les fonds destinés à réduire le chômage qui ont permis de commencer son aménagement. On y a ouvert quatre chantiers en centaines d'hommes ont travaillé à divers projets, dont la construction de routes, de ponts, de terrains de camping et d'immeubles. L'édifice administratif du parc, le musée, le pavillon de golf et la résidence du directeur, le tout construit en bois rond et en pierres pris sur place, donnent une idée des capacités artisanales des Scandinaves établis au sud du parc. Pendant les mois d'hiver, les camps de chômeurs accueillaient jusqu'à 1200 hommes. L'aménagement paysager artistique décorant plus tard les immeubles publics du lotissement urbain suscitera de nombreuses remarques favorables chez les visiteurs.

Aménagement d'installations pour les visiteurs

Pour la première fois en 1933 le parc est ouvert toute l'année. Le bureau est à Wasagaming. On encourage aussi, cette année-là, l'entreprise privée à offrir des services aux visiteurs à l'intérieur du lotissement urbain et en 1934, un hôtel estival moderne et des chalets ainsi que plusieurs restaurants, magasins et boutiques sont en service. La première auberge construite en 1925 en face du lac Clair, était un petit immeuble cumulant les rôles de magasin et d'hôtel. Après entente avec le propriétaire, l'immeuble avait été transporté de l'autre côté de la route, en 1933, et on avait construit à la place qu'il libérait un hôtel estival moderne, le Chalet, qui est demeuré ouvert jusqu'en 1959, année où il a été détruit par un incendie. Le premier ensemble de chalets, l'Idylwyld, existe depuis unités. Au fur et à mesure que le nombre de visiteurs augmente, de nouveaux édifices s'élèvent : ce sont des maisons de chambres, des chalets et des motels. Le lieutenant-gouverneur du Manitoba, l'honorable J.D. McGregor, accompagné de l'honorable Thomas C. Murphy, ministre de l'Intérieur, inaugure officiellement le parc le 26 juillet 1933.

Aux attraits naturels du parc viendront s'ajouter un certain nombre de lieux de loisirs : des courts de tennis asphaltés, un jeu de quilles et un terrain de jeu pour enfants. Le quai d'origine, sur la plage Wasagaming, est remplacé en 1934 par une jetée qui s'avance dans le lac sur presque 213 m.

La jetée a été conçue pour permettre l'accostage des embarcations de tourisme et des embarcations privées. En 1934, on porte à 18 trous le parcours du golf, d'abord prévu pour neuf trous; le terrain jouit depuis d'une remarquable popularité auprès des golfeurs manitobains.

Popularité des terrains de camping

La fréquentation assidue du premier terrain de camping du lac Clair montre bien la popularité du parc. Depuis la date de son ouverture en 1931, l'utilisation du terrain n'a cessé de croître au point qu'il était trop petit en 1959. La plus grande partie de l'espace servait aux campeurs saisonniers installés dans des tentes, des roulottes et des maisons-tentes. Afin de répondre aux besoins, on commence en 1959 le déblaiement d'un nouveau terrain de camping à l'intérieur des limites du lotissement urbain de Wasagaming. L'aménagement se poursuivra jusqu'en 1965. En juillet 1962, on pouvait ouvrir quelques sections du nouveau terrain de camping, ce qui permettait d'accueillir près de 450 tentes et 100 roulottes. Les campeurs disposaient d'abris-cuisines modernes, de foyers extérieurs et de toilettes. Les propriétaires de roulottes pouvaient profiter de raccordements aux services d'eau, d'égouts et d'électricité. Au début, on avait aménagé le long de la route de petits terrains de camping aux lac Audy, Moon et Katherine. En 1963, on a agrandi le terrain du lac Katherine, on l'a amélioré et on lui a adjoint un terrain pour les visiteurs d'un jour qui voudraient pique-niquer.

Pont enjambant le ruisseau Bogey
Pont enjambant le ruisseau Bogey, parc national de Riding-Mountain.

Sports d'hiver

Bien que l'on considère le mont Riding comme un parc estival et que l'usage des commerces et des résidences des lotissements urbains et autres soit limité à la période qui va de mai à octobre inclusivement, les visiteurs peuvent se divertir l'hiver grâce au ski. Au début des années 1950, l'absence de pistes de ski adéquates dans le voisinage de Winnipeg et des autres centres importants du Manitoba amène les associations de skieurs et les amateurs de ski à demander au gouvernement fédéral d'aménager une pente dans le parc. En 1953 et en 1957, des personnes compétentes du Service des parcs nationaux viennent examiner le terrain et choisissent une zone drainée par le ruisseau MacKinnon sur le versant est du mont Riding. En 1958, on commence à déblayer le terrain pour construire une route d'accès à partir de la route provinciale 5, et l'un des projets de l'hiver 1959-1960 consiste à défricher les pentes de ski. En 1961, on commence à utiliser les pentes de ski qui ont été égalisées et où l'on a semé de l'herbe.

En 1962, on accorde une concession par adjudication à une compagnie de Winnipeg pour l'exploitation des remonte-pentes et de services connexes. Plus tard, la compagnie installe un remonte-pente en T, deux remonte-pentes à câbles, puis un chalet. L'administration du parc termine en 1963 la route d'accès et construit en 1965 un immeuble qui sert à la fois pour la patrouille de ski et pour les toilettes. Des canalisations en acier régularisent le débit du ruisseau MacKinnon, qui coupe le bas des pistes.

Exploitation des ressources

Les règlements régissant l'administration des réserves forestières fédérales avaient autorisé la coupe du bois pour toute une gamme d'utilisations ainsi que la vente de grandes quantités de bois debout dans des concessions forestières. Les fermiers et les éleveurs des environs pouvaient obtenir le permis de laisser leurs troupeaux paître dans la réserve et d'y ramasser le foin comme fourrage. Lorsque la réserve forestière du Mont-Riding est devenue parc national, ses forêts avaient été une source de bois et de sous-produits du bois pour les colons des environs et plusieurs scieries mobiles fonctionnaient à l'intérieur du parc. On a respecté jusqu'en 1937 les arrangements courants selon lesquels des non-résidants pouvaient obtenir du bois; cette année-là, la dernière scierie est sortie du parc et on a instauré un plan de gestion forestière. En vertu de ce plan, qu'administre un forestier résidant, certaines régions sont choisies pour la gestion et on alloue des droits de coupe de façon à assurer une réserve perpétuelle de bois. Les deux dernières concessions forestières sont rendues en 1947. On a aussi prolongé pendant de nombreuses années la permission de laisser paître les animaux et de couper du foin sur les terres du parc.

Le maintien de ces concessions a amené les responsables de l'administration du parc à se rendre compte que non seulement ces pratiques allaient à l'encontre des principes des parcs nationaux, mais mettaient en péril la conservation en tant qu'héritage naturel d'exemplaires uniques de la flore indigène. La coupe ininterrompue du bois pendant plus de 50 ans dans la réserve forestière et dans le parc avait non seulement altéré l'apparence du paysage, mais également beaucoup réduit la quantité et la qualité du bois adulte dans les régions les plus accessibles. De plus, de nombreux incendies, probablement d'origine criminelle, réduisaient la superficie des zones boisées. Après l'adoption d'une politique des parcs nationaux en 1964, qui s'opposait au pâturage et à la récolte, qui portent préjudice à la valeur des terres du parc, on a réduit l'émission de permis. Plus tard, en 1966, l'honorable Arthur Laing, ministre des Affaires indiennes et du Nord, annonce qu'à la fin de 1970 il ne sera plus permis de laisser paître dans le parc ni d'y couper le foin. On a donc prévenu tous les détenteurs de permis de prendre d'autres arrangements à l'extérieur du parc.

Il semble que ceux qui demandaient des permis pour la coupe du bois aient été conscients de la situation, puisque les permis ont considérablement diminué au cours des années 1960. En 1969, il était évident que les plans de zonage du parc et l'aménagement dans le parc de secteurs représentatifs de la vie sauvage n'étaient pas compatibles avec une diminution continue de la forêt et que le parc ne pourrait plus fournir aux fermiers du bois en qualité et en quantité suffisantes. Le ministère a donc décidé en juin de cette année-là de n'émettre aucun permis de coupe après la fermeture de la saison de coupe 1971-1972.

Améliorations ultérieures

Au cours des années, les nombreuses améliorations apportées rendent le séjour des visiteurs plus agréable. La route 10, principale voie nord-sud du parc, a été asphaltée en 1952 et 1953 et des routes secondaires vers divers points d'intérêt ont été rénovées ou améliorées. En 1931, un petit troupeau de bisons, parqué dans un enclos de 133,5 ha près du lac Audy, attirait beaucoup de visiteurs. L'aménagement par l'entreprise privée de chalets et de motels contribuait à satisfaire un nombre accru de personnes. Au niveau de l'administration, pour répondre au besoin de meilleures installations, on a construit en 1956-1957 un nouvel immeuble à Wasagaming. En 1957, on installe le chantier de travail du parc à un nouvel emplacement à l'extérieur du lotissement urbain et l'on construit un groupe d'ateliers d'entretien. Sur l'emplacement ainsi libéré, on a construit en 1969 un centre communautaire que l'on utilise depuis 1970. L'inauguration en 1965 d'un service d'interprétation de la nature dirigé par un naturaliste du parc, a servi à faire mieux connaître aux visiteurs les attraits naturels, les caractéristiques et la faune et la flore sauvages du parc.

Acquisition de terres

Lorsqu'on a fondé la réserve forestière du Mont-Riding en 1906, l'espace comprenait une partie de la rive sud du lac Clair qui fait maintenant partie du lotissement urbain, de Wasagaming. En 1923, un amendement à la loi sur les réserves forestières et les parcs, vient ajouter à la réserve une bande de terrain qui longe la rive. Suite à cette mesure, cependant, la limite de la réserve se trouve à de nombreux endroits à quelques mètres seulement du lac.12 Après la création du parc du mont Riding, le commissaire des parcs désire empêcher un aménagement indésirable des abords du lotissement urbain. Il y parvient, en partie, grâce à l'acquisition de terrains couvrant une superficie de 129,5 ha et situés de chaque côté de la route. Cette acquisition repoussait la limite à 800 m au sud du lotissement urbain et assurait aux futurs visiteurs une entrée au parc que ne viendraient pas déparer des commerces qui offusquent la vue. La zone-tampon qui sépare le parc et les terres cultivées au sud a été agrandie par des achats de terres entre 1936 et 1955 qui ont amené la limite du parc à dessiner une ligne droite de près de 10 km à l'est de la route 10. Juste à l'ouest du lotissement urbain, le lac Clair n'était séparé des terres appartenant à des particuliers que par une étroite bande de terre. Entre 1965 et 1969, on a profité des chances qui s'offraient d'agrandir la zone-tampon en acquérant près de 526 ha de terres. Une bonne partie des propriétés achetées se trouvaient sur la rive du lac South, qui a près de 2 km de long et est séparé du lac Clair par une étroite bande de terre. En 1973, seule une parcelle de 24 ha sur la rive du lac South appartenait encore à des particuliers.

Depuis longtemps, le parc du Mont-Riding remplit sa vocation de région de loisirs d'été pour les Canadiens. Des installations permettent d'y pratiquer les sports d'hiver. Le parc continue d'être une vaste réserve naturelle où l'on retrouve un très important troupeau de wapitis. Maintenant qu'on entrevoit la fin de l'exploitation des ressources, il sera plus facile de faire de la planification, par exemple, utiliser davantage les régions éloignées, et une flore unique au pays pourra survivre en toute sécurité dans un cadre d'une sauvagerie authentique.


Références

1. Dossier U. 2-16-3, vol. 1, de la Direction des parcs nationaux.

2. Ibid., lettre du 7 avril 1927.

Arrêté en conseil C.P. 612, 19 avril 1928.

3. Dossier U. 2-16-3, de la Direction des parcs nationaux, 25 avril 1927.

4. Rapport annuel, Ministère de l'Intérieur, 1899, p. ix.

5. Dossier U. 2-16-3, Direction des parcs nationaux, 18 novembre 1927.

6. Dossier R.M. 2 (vol. l). Direction des parcs nationaux, 29 février 1928.

7. Dauphin Herald, 23 août 1928.

8. Arrêté en conseil C.P. 2510, 28 décembre 1929.

9. Hind, Henry Youle, A Preliminary and General Report of the Assiniboine and Saskatchewan Exploring Expédition (un rapport préliminaire et général sur l'expédition d'exploration de l'Assiniboine et de la Saskatchewan), John Lovell, Toronto, 1859.

10. Hind, Henry Youle, A Preliminary and General Report of the Assiniboine and Saskatchewan Exploring Expédition (un rapport préliminaire et général sur l'expédition d'exploration de l'Assiniboine et de la Saskatchewan), John Lovell, Toronto, 1859.

11. Ibid., p. 98.

12. Statuts du Canada, 13-14 George V, chapitre 13, 13 juin 1923.


Le parc national du Pacifique

En avril 1970, les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique parafaient un accord sur la création d'un parc national sur la côte ouest de l'île de Vancouver. On allait par la suite parler communément du parc national « Pacific Rim » qui signifie « de la région du Pacifique ».

Le parc allait être formé de trois parties : la zone connue sous le nom de Long Beach, étendue de quelque 26 km de brisants et de sable entre Tofino et Ucluelet, bordant en partie le lac Kennedy; un groupe d'îles de la baie de Barkley appelé le Broken Group et comprenant l'île Effingham; et l'historique piste de sauvetage Lifesaving Trail, étendue sauvage d'environ 64 km située entre Bamfield et Port Renfrew.

Les deux gouvernements convenaient de partager le coût d'acquisition des terrains dont la propriété serait transférée au gouvernement fédéral.

La région compte un certain nombre de réserves indiennes et est imprégnée d'histoire indienne. Le gouvernement fédéral s'engageait à tenir des discussions distinctes avec les Indiens au sujet de leurs terres.

Les trois secteurs du parc présentent les caractéristiques essentielles et les plus frappantes de la côte occidentale de l'île de Vancouver : une des plages les plus impressionnantes du monde, adossée à une forêt gigantesque et jonchée d'énormes bûches; les îles du large qui constituent l'un des derniers habitats de l'aigle à tête blanche au Canada; et le paysage vierge de l'ancienne Lifesaving Trail, jadis si importante pour les chasseurs de phoques et de baleines.


Le parc national des Prairies

Le 19 juin 1981, les gouvernements du Canada et de la Saskatchewan concluaient une entente en vue de la création du parc national des Prairies, dans la région de Val Marie-Killdeer, dans le Sud-Ouest de la Saskatchewan. Ils s'entendaient également pour permettre à la Saskatchewan d'explorer le territoire du parc pendant sept ans, à la recherche de pétrole et de gaz. Après quoi on fixerait les limites du parc et on l'aménagerait.

L'entente vise la protection à perpétuité d'une zone des prairies encore intacte qui inclut les « badlands » de Killdeer. Ces terres empreintes d'immensité, de beauté et de paix constituent une enclave jamais cultivée au milieu des ranchs.

La Saskatchewan a convenu d'identifier les 259 km2 qui formeront l'embryon du parc. Plutôt que d'exproprier, le gouvernement fédéral achètera les terres voisines lorsqu'elles seront à vendre, jusqu'à ce que la superficie du parc atteigne les 906,5 km2 prévus.



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